La terre Miner, un trésor à ne miner sous aucun prétexte!

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Par Anny Schneider
Auteure, Herboriste et écologiste locale

 
La terre Miner est un havre de paix exceptionnel. Située près de Granby, une ville en expansion, il était indispensable de prendre la décision de l’acquérir pour la préserver, au nom des résidants et de leurs descendants.
 
En tant qu’herboriste fouineuse, toujours en recherche de plantes spéciales et aussi comme poétesse, toujours mieux inspirée dans un cadre bucolique, j’ai évidemment souvent foulé les sentiers de ce boisé magnifique. À l’entrée sud-est, près du cimetière anglais, on est frappé par l’immensité des grand pins blancs, dans les rares spécimens matures de la région qui en regorgeait, avant qu’arrivent les bûcherons, les tanneries, l’usine de caoutchouc, agriculteurs et pire, les promoteurs immobiliers.
 
Plus loin en tournant vers la gauche, on entre dans une forêt très diversifiée, typique des érablières mixtes de la Haute-Yamaska : grands érables matures, frênes majestueux, ormes survivants, bouleaux jaunes centenaires, cerisiers tardifs, hêtres magnifiques, tilleuls séculaires et même des chênes rouges se côtoient là, accompagnés d’arbustes non moins intéressants tout près des lisières. À mes yeux d’herboriste, les arbustes : amélanchiers, nerprun cathartique, érables de Pennsylvanie ou encore les sureaux rouges, ceux-ci bordant les chemins et les lisières, mais n’en sont pas moins importants. Dans les grandes éclaircies et prairies ce sont les petites herbacées naturalisées qui prennent le dessus et qui se succèdent en une joyeuse symphonie colorée et parfumée du printemps à l’automne : centaurée jacée, fraisiers, gaillet, trèfle rouge, millepertuis et potentilles, enchantent les sens et nourrissent le sol autant que les rares herbivores qui y vivent encore. Toutefois, la partie la plus impressionnante, fait confirmé par le Professeur Jean-Marc Lalonde, enseignant à l’Université de Sherbrooke en visite ici, c’est la forêt ancienne sud qui abrite une grande prucheraie presque intacte. Avec ses peuplements de vieilles pruches-mères et de grands bouleaux jaunes, ainsi que les plantes indigènes rares c’est un vestige unique des vieilles forêts québécoises humides. En ce lieu se côtoient en parfaite harmonie divers types d’hépatiques, de fougères rares, de lycopodes, les savoyanes, médéoles et polypodes de Virginie, sphaignes et petits- ginsengs, typiques des baissières inondées. Il n’y a guère dans le parc Miner que deux zones sans intérêt botanique, soit au centre sud des prairies, un petit peuplement de repousses fait de bouleaux et de
nerpruns (shittingbark, le bien nommé) et de mûres, secteur sans doute rasé il y a à peine une vingtaine d’années pour son bois et  bien sûr le terrain de golf. Cet endroit, à part quelques beaux arbres rajoutés pour l’esthétique n’est un gazon composé de graminées hybrides, et  ce terrain n’est d’aucun intérêt écologique ni médicinal, son sol est sûrement saturé d’herbicides et exigera d’y faire  des analyses.

Sauvée des scies mécaniques

Quelles que soient vos visées récréatives et immobilières, l’essentiel de la terre Miner, et surtout l’espace occupé par les grands boisés, autant l’érablière mixte que la prucherie humide du sud, méritent absolument d’être épargnés par les scies mécaniques, à part une sage coupe d’éclaircissement supervisée par un ingénieur compétent. En Europe, chaque commune possède sa forêt domaniale où tout le monde a accès à cet havre de paix, lieu de cueillette et réserve de bois au besoin. Là-bas aussi les communes font parfois des développements pour les nouveaux habitants toujours dans le respect et dans le style du pays. Pourquoi une municipalité comme Granby ne pourrait-elle le faire aussi et faire profiter des bénéfices toute la collectivité? Quoi qu’il en soit, nos administrateurs en sont autant capables que les privés après tout, mais cette fois-ci en se mettant au service du bien commun.
 
La préoccupation de préservation de David Lépine et du millier d’individus qui ont signé sa pétition, jeunes et moins jeunes individus qu’il représente, est plus que louable et demandera d’être prise en compte dans les projets d’aménagement et de rentabilisation future. Ne perdons pas de vue la fonction capitale d’épuration de l’air et de l’eau de cet unique et dernier boisé local, à une époque où nos lacs et notre rivières sont loin d’être des sujets des préoccupationsmineurs.Ce parc est aussi une oasis de silence et de beauté, si difficiles à retrouver en milieu urbain de nos jours (inmemoriam Parc Terry Fox).
 
Monsieur le Maire Goulet, messieurs les conseillers de la Ville de Granby élargie, nous saluons votre courage et la volonté de préserver cet espace si précieux pour la collectivité en croissance, mais par la présente et la pétition qui l’accompagne, nous vous exhortons à la plus grande vigilance dans vos interventions futures dans le parc Miner, future fierté de la collectivité Granbyenne! 


 

Par Anny Schneider
Auteure, Herboriste et écologiste locale  
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