Mots clés : Tourisme, développement durable, communauté, The Natural Step, Whistler Quelles sont les meilleures stratégies pour intégrer le développement durable dans tous les secteurs de l’industrie touristique? À l’occasion de la deuxième journée du Symposium international sur le développement durable du tourisme qui se tient actuellement au Centre des congrès de Québec, divers témoignages ont démontré que les actions portent fruit lorsque la communauté y participe avec passion et engagement. Valoriser ses particularités Homme de terrain expérimenté, Robert Sauvé, sous-ministre associé, Affaires régionales et municipales, du Ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire a rappelé l’importance du rôle du tourisme pour les économies en déclin. « Le tourisme profite aux habitants des communautés d’accueil en maintenant les services de proximité en plus de diversifier l’économie, car il entraîne souvent l’ouverture de nouveaux commerces et la création d’emplois », a-t-il précisé. Le tourisme aurait également un impact sur la fierté des populations qui prendraient conscience de la valeur de leur culture, de leur histoire et de leur patrimoine. Selon Monsieur Sauvé, les attraits se trouvent dans la culture locale, qui englobe tout ce qui la différencie des autres, comme l’histoire, le patrimoine bâti, les paysages, le terroir. Afin de les transformer en produit ou service touristique, il faut innover, souvent sous l’influence d’un leader qui s’active pour soutenir les projets. L’un des exemples les plus touchants — et des plus éloquents — est venu durant la période de questions de la part d’une « survivante » de Murdochville, ville laissée pour morte après la fermeture de la mine de cuivre par la multinationale Noranda. Un groupe de citoyens a décidé de se prendre en main et a choisi de garder la ville vivante. Les irréductibles ont misé sur le patrimoine industriel de la ville, qu’ils ont érigée en produit touristique. Car pour réussir en tourisme, il faut miser sur qui l’on est, ce que l’on a. Il faut aussi s’assurer de l’adhésion de la population, avoir un porteur de projet visionnaire, un soutien financier et de l’accompagnement. Des modèles inspirants Le tourisme durable est une façon de voyager et non pas une destination en soi. En amont de toute stratégie, tous les experts s’entendent pour dire qu’il faut une vision. Il faut également savoir d’où l’on part, connaître ses besoins, ses forces et ses faiblesses, pour prendre les bonnes décisions afin de mener le projet à bon port : la durabilité. Ce sont les bases de la stratégie The Natural Step, une approche rigoureusement scientifique, développée par le docteur suédois Karl Henrik Robèrt, en 1989. En plus d’une vision, la participation et la concertation semblent être les clés de la réussite dans un projet d’intégration du développement durable, en entreprise comme dans une municipalité. « Il s’agit d’une stratégie de changement des comportements », explique Torbjörn Lahti, qui a présidé à l’élaboration d’une stratégie à Övertorneå, sa ville natale, au nord de la Suède. Selon lui, l’ingrédient nécessaire à l’acceptation d’un tel projet est la présence d’une « fire soul », que l’on peut traduire par « passionné », « engagé ». Ce leader doit également bien connaître la communauté et, idéalement, en être issu. L’expérience de Lahti a mené à l’élaboration d’une stratégie baptisée Eco-municipalities, qui définit les actions menant au développement durable. Aujourd’hui, plus de 76 éco-municipalités sont regroupées en association, dans le pays nordique où le concept a pris racine. Les grandes lignes de cette stratégie ont servi de base à la rédaction du chapitre 28 de l’Agenda 21, un plan d’actions adopté lors du Sommet de la terre de Rio de Janeiro en 1992. Le site Internet offre plus de détails sur cette intéressante stratégie. L’expérience de Whistler-Blackcomb Arthur DeJong, responsable de la planification et de la gestion des ressources environnementales de la station de ski Whistler-Blackcomb, en Colombie-Britannique est aussi un « passionné ». Engagé dans la gestion environnementale de la station depuis plus de 25 ans, Arthur DeJong est membre de l’un des 17 comités mis en place dans la région pour assurer que le développement durable se réalise selon le plan d’actions de la communauté. Ces comités sont constitués d’experts (en énergie, dans le comité énergie) et d’élus, de citoyens, de groupes militants. Selon lui, la concertation est essentielle, mais le nerf de la guerre, comme son expérience personnelle le lui a appris, c’est la transparence. « Il faut dire la vérité, communiquer avec les opposants aux projets proposés et accepter les critiques et les commentaires », explique-t-il. Lui-même utilise les critiques et les commentaires pour bonifier ses projets. Et ça fonctionne! Les opposants sont souvent les premiers à évaluer et approuver les projets, une fois qu’ils sont réalisés. En conclusion, les experts sont d’accord sur un point : il n’y a pas de recette magique pour « faire du développement durable ». « Il s’agit d’une bataille, conclut Arthur DeJong, à laquelle tous doivent prendre part ». |
Vision, concertation et participation, les clés du développement durable
0Par Sylvie Rivard
Partager.