Les communautés religieuses pourraient s’avérer être un allié inattendu dans la lutte contre les changements climatiques. En effet, l’un des membres fondateurs du CIAC est le Conseil mondial des Églises (WWC). La branche canadienne du regroupement religieux met la main à la pâte pour sauver la planète.
La présence du plus large regroupement d’églises chrétiennes œcuméniques au milieu des environnementalistes ne surprend pas Bernard Ménard, père Oblats de Marie Immaculée et auteur de Ce monde immense et beau (1), un guide destiné aux communautés religieuses qui souhaitent s’engager dans les causes environnementales. « Une prise de conscience s’est faite dès les années 1990. Nous reconnaissons dans le cri de la Terre une dimension spirituelle. Nous devons nous détacher de la vision anthropocentrique de la Terre et voir l’ensemble du projet créateur. »
La dimension sociale associée aux changements climatiques touche beaucoup les communautés religieuses, explique le théologue et environnementaliste André Beauchamp. « Ce sont les plus pauvres qui sont les plus affectés par les changements climatiques. Les gens comprennent qu’aujourd’hui, la justice sociale passe par le développement de l’environnement », dit ce prêtre qui parcourt depuis 15 ans les communautés religieuses à travers le Canada pour enseigner l’essentiel de la crise écologique. André Beauchamp a aussi présidé plusieurs audiences publiques du BAPE, dont celles portant sur l’eau et l’industrie porcine au Québec.
Une implication peu connue
Les religieux et religieuses québécois ont pris position à plusieurs reprises dans les grandes causes environnementales, rappelle André Beauchamp. « Au Québec, les communautés religieuses ont été de toutes les grandes causes. Ce sont les Sœurs Grises qui ont alerté l’opinion publique à propos du Suroît. » Selon celui qui conjugue spiritualité et environnement au quotidien, les communautés religieuses sont beaucoup plus éveillées et impliquées dans les causes environnementales que les communautés chrétiennes d’envergure, qui tardent à se prononcer.
Rappelons qu’en juin 2008, la Conférence religieuse canadienne, qui rassemble près de 22 000 soeurs, frères et prêtres religieux catholiques, a pris position sur les changements climatiques dans une lettre adressée au premier ministre Stephen Harper. « Pour nous, les changements climatiques représentent un défi inédit pour l’humanité (…). Le discours des scientifiques est aujourd’hui sans équivoque : en tenant compte de tous les facteurs climatiques et astronomiques connus et susceptibles de causer un changement climatique à l’échelle du globe, la seule manière d’expliquer la récente hausse des températures mondiales est bel et bien l’augmentation spectaculaire des concentrations de gaz à effet de serre depuis l’aube de la révolution industrielle », souligne André Beauchamp.
En outre, les communautés religieuses exigent du gouvernement fédéral qu’il respecte le protocole de Kyoto, développe une politique de transport en commun et finance une campagne publicitaire pour faire la promotion d’achat local.
À l’instar du gouvernement québécois, le financement d’organismes environnementaux est à l’agenda des communautés religieuses. « Plusieurs de nos 230 communautés font des dons à divers organismes, notamment au Regroupement québécois des groupes écologistes, à Eau Secours ou encore à Nature Québec », indique Bernard Vaudrin, père Jésuite et membre de la Conférence religieuse canadienne, sans toutefois chiffrer la contribution des communautés.
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Sources :
(1) Guide d’engagement pour l’intégrité de la Création, Comité Justice et Intégrité de la Création, Missionnaires Oblats de Marie-Immaculée, 2008). Voir aussi ce document.
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