Par Mariève Paradis,
Journaliste indépendante
Mots clés : Émissions de gaz à effet de serre (GES), Barack Obama, emplois verts, technologies renouvelables. Les Américains ont cru au discours environnemental de Barack Obama en 2008; tellement qu’ils ont posé des actions concrètes. Ces gens n’attendent qu’une chose : que le président des États-Unis signe un nouveau traité international de réduction des gaz à effet de serre (GES). Des collèges du pays offrant des programmes de formation en techniques de l’énergie et technologies vertes ont vu leur taux d’admission augmenter considérablement depuis l’élection d’Obama. La récession a mis des milliers de travailleurs au chômage et plusieurs d’entre eux en profitent pour retourner sur les bancs d’école, dans des programmes « d’avenir », menant à des emplois verts. Par exemple, en Floride, le Palm Beach Community College accueillait deux cents étudiants cet automne dans un programme portant sur les sources d’énergie renouvelable. En 2008, le programme comptait vingt inscriptions. En Californie, certains collèges ont des listes d’attente pour les programmes en technologies vertes où les étudiants apprennent à installer des panneaux solaires, à réparer des éoliennes, à comprendre le processus de fabrication du biocarburant et à exécuter d’autres tâches en demande dans les industries spécialisées en énergie renouvelable. Ces étudiants espèrent beaucoup des promesses environnementales de Barack Obama. Mais si le pas politique n’est pas mis de l’avant rapidement, les écoles se retrouveront avec un surplus de main-d’œuvre qualifiée. Pour Apollo Alliance, l’inquiétude vient moins d’une saturation de la main-d’œuvre dans le marché des emplois en environnement que de leur délocalisation. Au printemps dernier, cette coalition nationale pour une révolution énergétique verte s’inquiétait que les milliers d’emplois verts promis par Barack Obama ne soient créés ailleurs sur la planète si les États-Unis ne sont pas prêts à cette révolution. Selon un rapport de l’American Solar Energy Society, les industries de l’énergie renouvelable et de l’efficacité énergétique pourraient à elles seules créer 4,5 millions de nouveaux emplois d’ici 2030, partout aux États-Unis et dans tous les secteurs d’activités.
Quand des entreprises tournent au vert De nombreuses initiatives vertes, venant des États ou d’entreprises, ont vu le jour aux États-Unis, et cette tendance s’accentue depuis l’arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche. Ces jeunes compagnies espèrent une action concrète du président démocrate à Copenhague. L’Oregon, un État de la côte ouest, a déjà à son actif la loi The Oregon Carbon Dioxide Standard, visant à diminuer les émissions de GES des centrales électriques alimentées par l’énergie fossile. Selon la loi, les nouveaux projets de centrales électriques doivent contrôler leurs émissions selon trois options : investir dans des technologies propres sur leur site industriel, développer et financer des projets de captage des GES, comme faire du reboisement ou, donner du financement basé sur un taux à la tonne à un organisme responsable de créer des projets de neutralisation des gaz émis. Depuis la mise en vigueur de cette loi en 1997, tous les nouveaux projets de centrales électriques ont opté pour la troisième option et confié le mandat de gérer leur pollution atmosphérique à The Climate Trust, un organisme à but non lucratif, créé par l’État. Un site internet, Five Millions Green Jobs a été créé alors qu’un vent de changement soufflait sur l’Amérique. Il s’est donné la mission de répondre à la demande des entreprises qui veulent développer des emplois liées aux technologies. « Nous avons symboliquement inauguré notre site la journée de l’assermentation de Barack Obama, le 20 janvier 2009. Avant le président actuel, il n’y avait pas d’espoir de voir émerger une industrie verte nationale », affirme Jean William, fondateur du site. « Je suis très confiant que les États-Unis embarqueront dans l’effort international cette année. Les prochaines semaines seront cruciales. Les Américains sont prêts à cette nouvelle économie. Il ne reste qu’à adopter les politiques pour que cela fonctionne enfin », ajoute-t-il. Le site Internet a dû récemment se doter d’un nouveau serveur pour répondre au flot d’internautes qui le visitent à chaque jour. En moins d’un an, 5millionsgreenjobs.org, un endroit virtuel pour réseauter, obtenir de la formation et consulter les emplois verts disponibles aux États-Unis, a enregistré des milliers de curriculum vitae et encore plus d’abonnés.
Les initiatives de la Silicon Valley Difficile de parler de technologies vertes sans mentionner Silicon Valley. La Silicon Valley Clean Tech Alliance met en contact des étudiants qui ont des idées novatrices avec des investisseurs désirant travailler dans les technologies vertes. Dans cette vallée qui a mis au monde l’industrie électronique il y a 30 ans, plusieurs entreprises se recyclent. Celles qui ont cru à Internet – alors que l’ordinateur remplissait une pièce à lui seul – croient maintenant à l’or vert. Les chefs de ces entreprises sont jeunes, talentueux et ont fait fortune à développer des technologies électroniques. Maintenant, ils utilisent leur expertise pour développer des technologies vertes qu’ils planifient commercialiser à grande échelle : panneaux solaires, voitures électriques, etc. Le meilleur exemple de ce vent de changement dans Silicon Valley s’appelle Shai Agassi. En 2007, il était président du groupe des produits et des technologies chez SAP AG, multinationale dans le développement de logiciels à Silicon Valley. M. Agassi démissionne alors pour fonder la firme Better Place. Cette compagnie veut développer un réseau de transport vert dont les voitures électriques seraient le pilier central. Les ambitions du PDG de Better Place, âgé de 41 ans, sont grandioses : d’ici quelques années, il souhaite affaiblir deux géants de l’économie américaine : le marché automobile et le marché de l’essence à la pompe. Les Américains croient qu’ils ont la créativité requise pour remettre l’économie américaine sur ses rails en s’attachant à la locomotive des énergies propres et des technologies vertes. Une main-d’œuvre qualifiée attend les emplois liés aux défis du réchauffement climatique. Des entreprises novatrices souhaitent aussi monter à bord. Pour mener le convoi à destination, il ne manque que le chef de train, le président américain Barack Obama.
Par Mariève Paradis, Journaliste, chroniqueuse, blogueuse et globe-trotter, Mariève Paradis s’est rapidement intéressée au journalisme scientifique. En 2008, elle remporte la bourse Fernand-Seguin, un prix de journalisme de vulgarisation scientifique pour un article sur la santé des travailleurs dans un dépotoir électronique du sud de la Chine. Elle cumule les expériences sur plusieurs plateformes médiatiques. Mariève habite maintenant à Los Angeles d’où elle couvre l’actualité américaine. En savoir plus. |