Par Guy Garand,
Directeur général du Conseil régional de l’environnement de Laval
Mots-clés : Année internationale de la biodiversité, protection, conservation, mise en valeur, milieux naturels, municipalités Québec. Le gouvernement du Québec connaît depuis longtemps la menace qui pèse sur les milieux naturels dans le Québec méridional (sud du Québec). Il reconnaît également l’importance de protéger ces milieux très riches en biodiversité. Tous les partis politiques qui se sont succédés à l’Assemblée Nationale du Québec ont adopté au fil des ans des lois et des règlements, ou encore ont modifié des législations existantes :
De plus, ces partis ont élaboré bon nombre de politiques et stratégies :
Le rôle des municipalités Les municipalités sont responsables de l’aménagement de leur territoire en vertu de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme et ils doivent élaborer un schéma d’aménagement et les règlements de contrôle intérimaire. Dernièrement, quelques municipalités ont élaboré une politique de conservation et de protection des milieux naturels pour leur territoire afin de pouvoir respecter leurs engagements en regard de la protection de la biodiversité et des écosystèmes. Avec l’existence de tous ces outils légaux, politiques, stratégies et plans d’action, les Québécois ont longtemps cru que leur patrimoine naturel collectif était bien gardé et que le gouvernement et les municipalités veillaient à sa protection, sa conservation et sa mise en valeur. Cependant, en analysant les différents bilans, et suite aux constatations des divers intervenants sur le terrain, rien n’est moins certain. Les milieux naturels du Québec méridional disparaissent à un rythme alarmant à cause des développements résidentiel, industriel, commercial et l’étalement urbain qui se poursuivent depuis plus de trois décennies avec plus ou moins de planification. De plus, les modèles de développement passés et actuel mettent sérieusement en danger l’héritage naturel que nous voulons léguer aux générations futures, une responsabilité qui nous incombe à tous dès maintenant. Comment peut-on expliquer l’absence d’action en matière de protection, de conservation et de mise en valeur des milieux naturels après l’adoption de plusieurs lois, règlements, stratégies et politiques? Le gouvernement et les municipalités peuvent-ils continuer d’improviser et de faire du cas par cas avec le capital naturel des Québécois? Comment le gouvernement du Québec et les municipalités peuvent-ils expliquer que les lois, les règlements, les politiques, les stratégies et les plans d’action aient été transgressés durant toutes ces années?
Travailler ensemble Ainsi, il est urgent que le gouvernement et les municipalités examinent sérieusement toutes les options pour assurer la protection, la conservation et la mise en valeur des milieux naturels en terres publiques et privées dans le sud du Québec. Un comité formé d’experts en la matière et le Commissaire au développement durable du Québec doivent faire toute la lumière sur les faiblesses de la législation environnementale et sur le laxisme dans leur application. On a qu’à penser au manque de fermeté et de vigilance vis-à-vis les promoteurs et les développeurs délinquants ,et aux responsabilités que le gouvernement délègue de plus en plus aux municipalités en matière d’environnement et de protection du milieu naturel sans que celles-ci aient toutes les compétences et l’expertise nécessaire. En raison des pertes majeures de milieux naturels déjà encourues, de leur fragilité et du faible pourcentage de milieux naturels résiduels dans le sud du Québec, il est urgent que le gouvernement du Québec, avec la participation des municipalités et des organismes environnementaux, élabore un plan stratégique (plan d’ensemble pour tout le Québec méridional) de protection, de conservation et de mise en valeur des milieux naturels et que celui-ci soit soumis à une consultation publique. Afin que le Québec et les municipalités s’épanouissent conformément avec le principe de développement durable, tel qu’ils le souhaitent, je suggère au ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs et aux municipalités d’accroître ses ressources (professionnelles et légales) et les outils nécessaires (banques de données et informations) à l’égard de la protection, de la conservation et de la mise en valeur des milieux naturels du Québec méridional. En cette Année internationale de la biodiversité, faut-il attendre que les milieux naturels soient déclarés menacés ou vulnérables pour que le gouvernement du Québec et les municipalités agissent en matière de protection et de conservation?
Par Guy Garand,
Directeur général du Conseil régional de l’environnement de Laval
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