Le gouvernement Charest a annoncé en octobre dernier qu’il investirait 4 millions $ dans l’exploitation des gaz de schiste tout le long du Saint-Laurent, dont 1,1 million $ uniquement pour la recherche de gisements. Cette extraction de gaz naturel se fera vraisemblablement en zone habitée, ce que la loi permet bien que ça occasionne des nuisances sérieuses pour plusieurs citoyens.
Pour extraire ces gaz, il faut injecter de l’eau sous pression, du diesel ou d’autres produits chimiques dans cette formation rocheuse, ce qui menace la salubrité de l’eau souterraine. À ce sujet, Louis-Gilles Francoeur nous apprenait dans Le Devoir du 24 février dernier, que le Congrès américain étudie actuellement les impacts nocifs de ce type d’exploitation, les limites techniques imposées par l’Environmental Protection Agency, l’équivalent américain du Ministère de l’Environnement, n’ayant pas été respectées par plusieurs exploitants aux États-Unis.
Et que dire des mines d’uranium? Aucune n’a encore été creusée au Québec, mais nous sommes passés de 3 sites d’exploration en 2004 à 87 en 2009. La société Terra Ventures Inc. qui dirigeait les travaux d’exploration près de Sept-Îles, provient de Colombie-Britannique, une province qui a elle-même décrété un moratoire permanent sur les mines d’uranium. La Nouvelle-Écosse et le gouvernement inuit Nunatsiavut du Labrador ont également décrété un moratoire sur l’exploitation de l’uranium sur leur territoire. Si ce n’est pas bon pour eux, en quoi est-ce plus acceptable chez nous ?
De nombreux citoyens se sont joints à 24 médecins de Sept-Îles en décembre dernier pour exiger du gouvernement Charest un moratoire sur l’exploration et l’exploitation minières de l’uranium, un métal radioactif. Ces gens craignent les effets sur leur santé de cette industrie. Le risque est d’autant plus grand que les sites miniers en question se trouvent à moins de 20 km en amont de leur ville, tout près de leur principale source d’eau potable. Ce problème, apparemment local, dépasse largement Sept-Îles quand on prend en considération l’usage futur de cet uranium dans les réacteurs nucléaires.
Nous sommes peu exposés à l’uranium en temps normal car il est emprisonné sous terre. Les compagnies minières recherchent l’uranium 235, qui sert à fabriquer le combustible des réacteurs nucléaires. Or, l’uranium 235 constitue moins de 1 % de l’uranium naturel. On doit donc extraire des centaines de tonnes de minerai brut pour obtenir 1 tonne d’uranium utilisable, ce qui laisse sur place d’énormes quantités de stériles, des résidus rocheux sans valeur pour l’industrie. Ces stériles n’en demeurent pas moins nocifs pour les gens et l’ensemble des êtres vivants car ils contiennent d’autres types d’uranium, du radium, du polonium et d’autres substances radioactives, ainsi que des produits chimiques nocifs servant au traitement du minerai (chaux, acides nitrique et sulfurique). Laissées à l’air libre, ces particules radioactives voyagent avec le vent et la pluie, ce qui expose les populations des alentours qui respirent cet air et boivent cette eau.
Les mines d’uranium libèrent également du radon, un gaz radioactif qui constitue la deuxième cause de cancer du poumon après la cigarette. J’aimerais insister ici sur un point crucial: quand des gens affirment que c’est un moindre mal car la cigarette est plus dangereuse que le radon, il faut préciser qu’on peut choisir ou non de fumer. Il n’en va pas de même du radon lorsqu’il est relâché dans l’atmosphère.
Rappelez-vous ce que le vérificateur général du Québec, monsieur Renaud Lachance, révélait au printemps 2009 concernant les compagnies minières. Elles n’avaient payé que 259 millions $ en redevances sur les 17 milliards $ de métaux prélevés, soit un maigre 1,5 % bien en deçà des 12 % exigés par la loi québécoise. Et notre gouvernement leur a donné en plus 624 millions $ en crédits d’impôts, sans exiger aucun suivi environnemental rigoureux des énormes quantités de déchets qu’elles laissent sur place. Saviez-vous que la mine d’or Osisko, qui a déjà contraint de nombreuses personnes de Malartic à déménager, nécessitera en plus 12 millions $ en fonds publics pour l’aménagement d’un site de résidus miniers?
Le gouvernement Charest a déjà choisi de brader les ressources du Québec avec son Plan Nord, comme en témoigne le fait que 40 % des coûts d’exploration minière soient assumés par les fonds publics. Compte-t-il en plus compromettre la qualité de l’environnement et la santé des Québécois à long terme ?
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