Les biens et services écosystémiques : panacée ou menace pour la protection de la biodiversité? Réflexions sur l’humain et la nature

0
Par Julie Larocque
Étudiante à la maîtrise, Institut des sciences de l’environnement, UQAM


 

Mots-clés : Acfas , Institut EDS, Centre de la science de la biodiversité du Québec, biodiversité.
Dans le cadre du 78e congrès de l’Acfas (Association francophone pour le savoir) qui se tenait du 10 au 14 mai derniers, l’environnement dominait comme thématique principale dans une multitude de colloques et de communications libres. Un de ces colloques, celui portant sur « Les biens et services écosystémiques : panacée ou menace pour la protection de la biodiversité? », a suscité notre curiosité. Ce colloque était organisé par l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société (Institut EDS) de l’Université Laval et le Centre de la science de la biodiversité du Québec (CSBQ).
2010 étant déclarée par les Nations unies l’année internationale de la biodiversité, ce questionnement tombe à point. Dans une société capitaliste où la valeur est évaluée en termes pécuniaires, quelle est la place de la biodiversité et comment peut-on justifier sa préservation?

Définir biens et services écosystémiques

Tout d’abord, précisons ce que nous entendons par « biens et services écosystémiques ». On considère habituellement un bien ou un service écosystémique tout ce qu’un écosystème produit et qui est utile à l’humain, par exemple la filtration de l’eau par les tourbières. L’intérêt de penser les fonctions des écosystèmes en termes de biens et services ayant une valeur marchande semble aujourd’hui de mise si l’on souhaite préserver ce qu’il nous reste de biodiversité. Le fait d’user d’arguments économiques en plaidant, par exemple, que la préservation d’une tourbière engendrera des coûts moindres qu’en la détruisant ou l’altérant au profit d’une usine de filtration d’eau semble être devenu incontournable.
Prenons l’exemple du Costa Rica, cité lors du colloque : c’est un cas spécial où les « paiements pour services environnementaux » sont intégrés dans la législation du pays. On y distingue quatre services environnementaux : captation de carbone, filtration de l’eau, biodiversité et beauté scénique. D’autres pays auraient peut-être intérêt à suivre l’exemple du Costa Rica, ne serait-ce que pour attirer plus de touristes. Cela reste un argument économique de taille.


Panacée ou menace à la biodiversité?

Les conférenciers du colloque se sont mis d’accord : les biens et services écosystémiques ne sont pas une menace pour la protection de la biodiversité. Alors, peut-on dire qu’ils sont une panacée? Non, mais ils avancent qu’ils seraient peut-être une partie de la réponse en ce qui a trait à la protection et à la préservation de notre biodiversité. Il ne faut donc pas arrêter notre effort et notre réflexion ici. Nous devons pousser notre questionnement plus loin et revoir tant la vision qu’a l’humain de la nature que la place qu’il occupe en son sein.

Est-il vraiment possible de marier économie et environnement? Le capitalisme comme on le connaît aujourd’hui arrête sa vision de la nature à une notion de ressources matérielles exploitables presque uniquement. Mais, dans un monde caractérisé par une finitude des ressources disponibles, faudrait-il revoir notre relation non seulement avec la nature, mais aussi avec l’argent et ce qu’il nous procure? La valeur monétaire est-elle supérieure aux valeurs culturelles et spirituelles?
Les biens et services des écosystèmes ne sont peut-être ni une panacée ni une menace, mais ils ont au moins l’avantage de pousser notre réflexion au-delà du simple aspect économique, qui paraît dominer nos vies au quotidien.

Site Internet de l’Institut EDS

 

 


 

Par Julie Larocque
Étudiante à la maîtrise, Institut des sciences de l’environnement, UQAM

Julie Larocque est étudiante à la maîtrise en sciences de l’environnement à l’UQAM. Titulaire d’un B.A. en relations internationales et droit international ainsi que d’un certificat en action communautaire, son projet de mémoire a pour sujet les migrants environnementaux dans la région sahélienne. Julie Larocque s’intéresse surtout aux questions de justice environnementale et de respect des droits humains. En plus de ses expériences sur le terrain au Bénin et au Mali, elle donne aussi du temps à sa communauté. Par exemple, elle s’implique à titre de bénévole pour certains organismes dont Équiterre et le Club 2/3. Ajoutant à ses études à temps plein, Julie travaille actuellement pour la Chaire d’études sur les écosystèmes urbains de l’UQAM.

 
Partager.

Répondre