Matières compostables : la région de Québec en transformation

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Par François René de Cotret


 

Mots-clés : Matières organiques résiduelles, matières compostables, compost, compostage, Ville de Québec, Régis Labeaume, Place Laurier, Université Laval, Pub universitaire, Château Frontenac, Centre de congrès de Québec, MEC.

Emboîtant le pas à quelques établissements tels que le Centre des congrès de Québec et le Château Frontenac, plusieurs institutions de la région de la Capitale s’apprêtent à passer au vert… foncé. La Ville de Québec, l’Université Laval (UL) et Place Laurier organisent la collecte des matières organiques résiduelles à grande échelle.

 

Implantation générale à la Ville de Québec

En juin 2009 débutait le projet pilote de collecte à trois voies à l’Hôtel de ville de Québec, c’est-à-dire la collecte des ordures et des matières recyclables et organiques. « La Ville planifie maintenant d’implanter ce concept novateur aux autres bâtiments municipaux, probablement dès septembre », indique la relationniste Marjorie Potvin, spécialisée en matières résiduelles au sein de l’administration municipale.

Présentement, seuls quatre arrondissements participent à la collecte des matières compostables : La Cité-Limoilou, Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge, Beauport et Des Rivières. Sans compter les résidents participants, ce sont plus de cent entreprises qui s’y adonnent déjà. Le conseiller en gestion des matières résiduelles au Conseil régional de l’environnement de la Capitale-Nationale, Mathieu Pinchaud, est enthousiaste face à cette participation. Chargé de sensibiliser les entreprises de la région à la cause, il explique que « ce nombre devrait doubler d’ici la fin de l’année! »

Jusqu’à très récemment, les matières putrescibles étaient transportées au centre de traitement Enviroval de Portneuf. Pour l’année 2009, la Ville y a fait traiter près de 10 000 tonnes de matières. Toutefois, les installations n’étant plus capables d’accueillir le volume grandissant de matières compostables collectées par la Ville, le contrat a été donné à GSI Environnement de Saint-Henri. Le président d’Enviroval, Sylvain Trépannier, se dit déçu, d’autant plus qu’ « Enviroval utilise une nouvelle technologie permettant une production de compost beaucoup plus rapide, de six mois maximum, et de meilleure qualité. »

 

Après six mois, la matière organique traitée devient un riche compost. Entreprise de compostage Enviroval.
Photo : François René de Cotret

 

En janvier 2010, les gouvernements fédéral (18 M $) et provincial (17 M $) annonçaient des subventions de 35 M $ pour le plan de biométhanisation et la construction d’un centre de compostage à Québec. La Ville a inscrit ces projets dans son Plan triennal 2010-2012. Pourtant, Mathieu Painchaud trouve que « le projet du centre de compostage n’avance que trop lentement. » Selon lui, la Ville est « frileuse » à l’idée d’annoncer l’emplacement du futur site. « D’ailleurs, a-t-il ajouté, il faudrait qu’il y ait une consultation publique à cet égard. »

Le Pub universitaire adhère

Bien que l’UL recueille les matières compostables depuis 2006 dans ses nombreux pavillons, les commerces comme le Pub et les services alimentaires Laliberté n’utilisaient pas ce service jusqu’à maintenant. Des installations plus imposantes et une étude de faisabilité étaient nécessaires pour permettre une collecte de volume supérieur. 

GaïaPresse a appris que le Pub planifie l’arrivée du compostage entre ses murs, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et l’UL. Le directeur du Pub, Patrice Michel, confirme que « le plan est de commencer le compostage dès cet automne. » Il poursuit en disant que « ce sont les commerces du pavillon Desjardins/Pollack qui bénéficieront les premiers des nouvelles installations. » Et tous les autres commerces de l’université s’y ajouteront graduellement.

M. Michel se fait rassurant. « Les restes de table recueillis ne resteront pas dans le restaurant.  Ils seront amenés dans les cuisines par les serveurs et entreposés quotidiennement dans les installations prévues à cet effet, à l’abri des nez sensibles. »

Bien que le recyclage des matières résiduelles devient de plus en plus populaire, le compostage est encore fortement associé à un désagrément dû à l’odeur. Or, bien encadrée, cette pratique ne gêne pas. La responsable du recyclage de l’UL, Guylaine Bernard, est formelle : « en 1995, les gens apprenaient à recycler. Et c’est devenu une habitude. Maintenant, les gens doivent apprivoiser le compostage. »

 

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Université Laval : un modèle

 

« Le recyclage du papier se fait depuis plus de 30 ans sur le campus! En 1995, écoutant les étudiants de la Faculté de sciences et de génie revendiquer l’expansion du recyclage, l’UL a fait un pas en avant. En s’inspirant des mesures environnementales du Collège de Rosemont, l’université a créé près de 700 îlots multimatières afin de recueillir autant le papier que le carton, le plastique et le verre. Elle aura été la première institution universitaire au Québec à structurer le recyclage de la sorte. En 2006, l’université a fait un pas de plus en ajoutant à certains îlots stratégiques un compartiment pour les matières organiques résiduelles. Il faut préciser que la Ville de Québec apporte son soutien en collectant les matières compostables deux fois par semaine », raconte avec fierté Guylaine Bertrand, responsable du recyclage à l’UL.

« Tant qu’à rincer la vaisselle jetable pour ensuite la mettre au recyclage, pourquoi ne pas laver une vaisselle réutilisable? De fait, des lave-vaisselles commencent à apparaître sur le campus. Les étudiants du pavillon Vandry ont accès depuis plus d’un an à de la vaisselle réutilisable qui est ensuite lavée aux cuisines. Le café du pavillon Alexandre-Vachon entend lui aussi se porter acquéreur d’un lave-vaisselle sous peu », complète-t-elle.

Avant-gardiste, l’UL a inspiré la signalisation des matières recyclables et compostables au Québec en proposant ses dessins comme standard. Ils se retrouvent entre autres à l’Université Sherbrooke, à la Société des établissements de plein air du Québec, à l’Université du Québec à Montréal, au Vieux-Port de Montréal et dans les édifices administratifs de la Ville de Montréal.

 

Projet pilote à Place Laurier

Pierre Léveillé, le directeur de Place Laurier, est fier d’annoncer que d’ici la fin de l’année, un projet pilote de collecte de matières compostables sera mis sur pied dans le plus grand centre commercial de l’est du Canada. « La proportion de matières qui n’est pas jetée aux ordures devrait atteindre 60 % d’ici le milieu de l’année 2011 », prévoit-il. La première phase d’implantation visera les 22 restaurants de la Halte Bouffe. Par la suite, « la clientèle sera mise à contribution. » Chaque chose en son temps. « Lorsqu’on parle de compostage, c’est certain qu’il y a une éducation à faire », reconnaît le gestionnaire.

 

Le recyclage occupe déjà une place importante à Place Laurier.
Photo : François René de Cotret

 

Ce type d’éducation est tout à fait réalisable. Par exemple, en Colombie-Britannique, des politiques réglementent la quantité maximale de matières qu’un foyer peut jeter à la poubelle. Les résidants sont ainsi poussés à recycler et à composter… et tout simplement à moins consommer. Mathieu Painchaud croit que cette réduction serait la solution, surtout pour « les Québécois qui sont dans les plus gros producteurs de déchets au monde. » Il est catégorique : « le recyclage n’a jamais été bon pour l’environnement, mais c’est moins pire. »

 

Recyclage à Québec : en dessous de la moyenne nationale

 

L’an passé, la Ville de Québec a collecté 274 000 tonnes d’ordures et 62 000 tonnes de matières recyclables dont 10 000 tonnes de matières putrescibles. Alors que la quantité de déchets collectée est relativement stable depuis 2005, la quantité de matières recyclables recueillies a doublé pour la même période. Cette forte progression permet à la Capitale de rattraper petit à petit la moyenne nationale.

En 2008, la Ville de Québec obtenait un taux de récupération d’à peine 20 %. À pareille date au Québec, ce sont 57 % des 13 millions de tonnes de matières résiduelles générées qui ont été récupérées. Est-ce suffisant? À titre comparatif, la coopérative d’articles de plein air Mountain Equipment Co-op de Québec récupère déjà 95 % de ses matières résiduelles.

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