Par Audrey Yank
Membre de la délégation de la Jeunesse canadienne à Cancun
Mots-clés : Via Campesina, Un millier de Cancun, CdP16, Cancun, justice environnementale, Accord des Peuples. « Le peuple uni ne sera jamais vaincu! » Aux slogans criés dans les rues de Cancun, mardi dernier, s’ajoutaient une marée de drapeaux, des bannières et surtout des milliers de personnes avançant « pour la vie et la justice sociale et environnementale ». Cette marche organisée par Via Campesina, un mouvement international de paysans, représentait l’aboutissement de la campagne Un millier de Cancun, et visait à reproduire de tels rassemblements partout dans le monde en solidarité avec les paysans réunis à Cancun. La marche coïncidait avec l’arrivée d’une quarantaine de ministres de l’environnement à la CdP16. Elle visait à rappeler aux dirigeants politiques des pays développés leur devoir de prendre des mesures non seulement pour diminuer leurs émissions de CO2, mais aussi pour supporter les pays en voie de développement qui sont victimes d’injustice climatique.
36 caravanes mexicaines La marche rassemblait des paysans du Mexique et de l’Amérique latine regroupés au sein de 36 caravanes et qui ont traversé 17 États du Mexique pour se retrouver à Cancun. Des autobus y déversaient aussi des supporteurs d’un peu partout au monde, dont 20 Canadiens. Tous se sont retrouvés au camp de base de Via Campesina, pour participer à un forum international, puisque la 16e session de la Conférence des parties ne permet qu’un accès limité à la population générale.
Un forum ouvert, sans influences Le forum de Via Campesina se veut ouvert, juste et vrai, et présentant des solutions discutées par les gens affectés directement par les perturbations climatiques. Les organisateurs estiment qu’ils ne sont pas influencés par des facteurs politiques et économiques. « Il est absolument lamentable que l’espace des Nations Unies pour le changement climatique se soit converti en une plateforme pour légitimer les stratégies des activités des transnationales», a déploré Alberto Gómez Flores, représentant de La Via Campesina pour l’Amérique du Nord.
Faire obstacle aux marchés du carbone Les paysans, autochtones et activistes avaient plusieurs messages à véhiculer. D’abord, ils réclament de faire échec aux marchés du carbone et au programme Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des Forêts (REDD). Selon Via Campesina et ses supporteurs, le programme REDD ne réduit pas significativement l’émission des gaz à effet de serre, et ouvre la porte à la privatisation des territoires, il récompense ceux qui polluent et il porte atteinte à la souveraineté nationale et à la survie des communautés autochtones. « Il faut qualifier d’irresponsable, sinon de criminelle, l’attitude de ceux qui sont à l’origine de ces schémas de privatisation et de commercialisation du monde, des forêts et de l’atmosphère, nous rapprochant chaque fois plus de l’abîme », a lancé Olegario Carrillo, directeur national de la National Union of Autonomous Regional Peasant Organizations (UNORCA) .
Justice climatique pour tous! Les protestataires revendiquent aussi pour une justice climatique et le respect des droits de la Terre mère. La justice climatique est un concept qui souligne le fait que ceux qui subissent le plus l’impact des changements climatiques sont les peuples déjà marginalisés et vulnérables. Injustice, parce que c’est nous, citoyens de pays développés, qui avons créé le problème et que c’est eux qui le subissent.
Les droits de la Mère-Terre Finalement, les paysans et les autochtones étaient aussi présents en grand nombre pour défendre les droits de la Terre mère. Cette idée est issue de l’Accord des Peuples, adopté à Cochabamba, en Bolivie, en avril 2010. Ce texte écrit et soutenu par plusieurs pays d’Amérique Latine et soutenu par les peuples autochtones vise directement la protection des ressources de la terre qui sont dégradées par l’impact des changements climatiques. Par contre, Via Campesina rappelle qu’il ne s’agit pas seulement des droits des peuples autochtones, mais aussi des droits de la terre elle-même. Selon l’Accord des Peuples, la terre a droit à un environnement sain, dont elle bénéficiait avant l’ère des énergies fossiles dans laquelle nous vivons.
L’assemblée du peuple La marche, qui s’est déroulée dans un esprit revendicatif et pacifique, s’est terminée par une assemblée du peuple. Ces assemblées se veulent un rassemblement pour discuter des vraies solutions aux changements climatiques. Plusieurs se tiennent également partout au Canada durant la CdP16. À Montréal, elle a eu lieu le 30 novembre dernier. Ces assemblées dénoncent l’incapacité des gouvernements de développer un accord international qui est légalement contraignant pour réduire les émissions globales. « Nous avons le même message : nous ne voulons pas des fausses solutions que va présenter la CdP16, nous ne voulons pas de la REDD, nous ne voulons pas qu’ils continuent à nous empoisonner avec leurs mensonges et avec leurs fausses solutions. Nous l’avons dit et nous l’avons entendu partout où se sont arrêtées les caravanes qui, tout au long du trajet parcouru dans le pays, ont pu constater la dévastation environnementale et sociale », a clamé Octavio Rosas Landa, de l’Assemblée nationale des Affectés environnementaux.
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Par Audrey Yank Née à Gatineau, Audrey est impliquée dans les causes environnementales depuis son jeune âge. Cette jeune fille qui adore les activités plein air termine actuellement sa quatrième année d'études en génie des bioressources à l'Université McGill à Montréal. Audrey a été témoin pour la première fois de l'impact des changements climatiques sur les populations locales des pays du Sud lors d'un stage de développement international au Niger. L'an dernier, Audrey a également eu la chance de réaliser un projet de recherche lié aux sources d'énergie alternatives au Bénin. Elle a développé grâce à ses diverses implications scolaires et communautaires un réel désir de faire une différence. Cette année, Audrey fait partie de la Délégation de la jeunesse canadienne qui participe à la CDP16 afin de représenter la voix et les opinions de la jeunesse canadienne lors de ces négociations internationales sur le climat. |