Par Fabien Durif (Ph.D)
Directeur de l’Observatoire de la Consommation Responsable
Les citoyens sont actuellement mieux informés, plus exigeants et de plus en plus conscients des répercussions sociales et environnementales de leur consommation. La plupart des études statistiques dans le domaine démontre cette tendance de consommation responsable. Le Baromètre 2010 de la consommation responsable diffusé dans le magazine Protégez-Vous a clairement relevé un engouement important des Québécois(es), en particulier pour la consommation de biens réduisant les impacts négatifs sur l’environnement. Mais qu’est-ce que consommer responsablement? Le concept est véhiculé par de nombreuses organisations et médias, mais souvent à tord et à travers!
Consommer de manière responsable englobe trois types de comportements : 1. des comportements d’achats basés sur des critères sociaux et environnementaux; 2. des comportements de non achat, c’est-à-dire de boycott, en fonction de ces critères sociaux et environnementaux; 3. des comportements post-achat tels le recyclage, la réutilisation, le don, le compostage, etc. La consommation responsable repose sur le pouvoir d’influence que détiennent les consommateurs. Via les choix de consommation, chacun peut contribuer à influencer positivement la société ou l’environnement qui les entoure. Le slogan «Acheter, c’est voter» semble d’ailleurs de plus en plus populaire au Québec. Ainsi, le phénomène de la consommation responsable est susceptible de devenir un véritable mode de vie et pourrait s’imposer comme une norme dans les sociétés industrielles.
Si l’enthousiasme et les intentions d’achat sont élevés, la consommation actuelle de produits/services responsables est encore limitée et des problématiques académiques et professionnelles persistent. La difficulté majeure dans l’évaluation de ce phénomène est le biais de désirablité sociale. Alors que des études montrent que les consommateurs ont des attitudes favorables envers les produits/services responsables et qu’ils sont prêts à payer une prime pour leur achat, il semble y avoir un écart significatif entre l’importance déclarée des problématiques éthiques liées à la consommation et le comportement observé. Quelles en sont les causes : La méconnaissance de ce marché par les consommateurs? L’existence de freins élevés quant au prix, à la qualité et au manque d’informations concernant ces biens? La méfiance des consommateurs envers les vériables attributs environnementaux et sociaux de ces biens? L’utilisation abusive de l’argument vert («greenwashing») ou équitable («fairwashing») par de nombreuses marques? La présence en bien trop grand nombre de certifications environnementales et équitables?
Le manque d'informations valides et de congruence dans la recherche actuelle sur la consommation responsable ainsi que sa faible diffusion ont des effets négatifs sur la capacité d'adaptation et d'innovation des organisations aussi bien publiques que privées. En outre, la pénurie d'information et de recherche limite la capacité des organismes publics et privés à prendre des décisions éclairées dans leurs stratégies de mise en marché de produits et services dits « responsables ».
Le colloque/atelier «1ère Journée de Réflexion sur la Consommation Responsable», co-organisé notamment par les créateurs du Baromètre de la Consommation Responsable, l’Observatoire de la Consommation Responsable et la Chaire Desjardins en gestion du développement durable de l’Université de Sherbrooke, avec comme partenaires Protégez-Vous, Équiterre et Infopresse, sera donc une occasion pertinente de mettre en commun les visions des chercheurs et des praticiens pour couvrir des thèmes de gestion majeurs dans notre société. Il aura lieu le 13 mai 2011 lors du 79ème congrès de l’ACFAS (Association Canadienne Francophone pour le Savoir) au Centre Culturel de l’Université de Sherbrooke de 8h15 à 17h (Foyer Mont-Bellevue).
La «1ère Journée de Réflexion sur la Consommation Responsable» comprendra :
– Trois ateliers académiques dans lesquels des chercheurs réputés du Québec, de France et du Maroc feront des conférences: 1. La consommation responsable : évaluation et diversité du phénomène; 2. Le commerce équitable, une tendance passée de mode?; 3. Pratiques et dérives de la communication responsable;
– Deux tables rondes : 1. « Commerce équitable ou commerce de l’équitable? » avec Geneviève Aude-Puskas (Équiterre, auteure du Guide des certifications en commerce équitable), Thierry De Greef (Nonante, Président), Marie-France Turcotte (Chaire de responsabilité sociale et de développement durable, UQÀM, Titulaire adjointe) et Maxime Simard (Université de Montréal); 2. « État des lieux de la normalisation entourant le développement durable et la responsabilité sociale dans le domaine de la francophonie – Normes BNQ 2100 et ISO 26 000» avec Jacques Blanchet (Bureau de la Normalisation du Québec, Éco-conseiller), Francine Craig (Neuvaction, Directrice), Lorraine Simard (Cbleue, Présidente; Responsable du Conseil Québécois de la Communication pour le Développement Durable); Luc Valiquette (Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation);
– Une conférence de marque sur l’heure du lunch par le Chef du Développment Durable de Loto-Québec, Simon Robert
– Le dévoilement du Rapport sur les stratégies de positionnement vert dans le secteur des produits d’entretien ménager
Pour voir le programme ou vous inscrire, consulter le site web www.consommationresponsable.ca ou écrire à Fabien.Durif@USherbrooke.ca.