Le Dr. John Molot, un pionnier canadien de la médecine environnementale donnera une conférence intitulée « Exposition toxique : ses effets sur la santé humaine » à midi le samedi, 28 mai à l'Université Concordia. Cette conférence est présentée par l'Association pour la santé environnementale du Québec (ASEQ) puisque le mois de mai est reconnu internationalement comme le mois des hypersensibilités environnementales. Suivra une marche en faveur de la reconnaissance par le gouvernement du Québec de cette condition médicale – ou à tout le moins comme une préoccupation de santé publique – nécessitant l'éducation du public ainsi que des soins médicaux et des services sociaux appropriés.
L'hypersensibilité environnementale est une condition chronique affectant plusieurs systèmes du corps de façon récurrente à la suite de faibles expositions à des produits chimiques différents. Les symptômes, qui vont des problèmes neurologiques à des troubles digestifs, s'améliorent ou disparaissent quand cesse l'exposition aux irritants impliqués (pesticides, solvants, gaz de combustion, produits parfumés, etc.). Cette douloureuse condition affecte des personnes de tout âge. Depuis des années, les personnes atteintes souffrent en silence à cause du manque de reconnaissance de leur affection (seuls l'Allemagne, l'Autriche et le Japon reconnaissent officiellement ce syndrome). D'après Statistiques Canada (2007), 3% des Canadiens rapportent avoir reçu un diagnostic médical d'hypersensibilité environnementale ou chimique multiple.
Le Dr. Molot est médecin attitré de la Clinique de santé environnementale de l'hôpital Women's College de Toronto, membre du comité sur la santé environnementale du Ontario College of Family Physicians et chargé de cours du Département de médecine familiale de l'Université d'Ottawa. Il a aussi enseigné aux Universités de Toronto et Lakehead. Il a développé et présenté des ateliers pour les Collèges de médecins de famille de l'Ontario et du Canada sur les procédures de documentation des expositions environnementales et d'évaluation fonctionnelle des patients souffrant d'hypersensibilités environnementales ou chimiques multiples.
La marche se terminera par une allocution du Dr Amir Khadir au 2001, avenue McGill Collège. Dr. Amir Khadir est un médecin se spécialisant en microbiologie infectieuse. Il pratique à l'hôpital Pierre-Le-Gardeur de Lachenaie. Il est l'un des membres fondateurs de la Coalition des Médecins pour la Justice Sociale. Il est très actif dans ce domaine localement et à l'étranger.
Nous demandons aux personnes en bonne santé de marcher avec nous le 28 mai, pour prendre la place de celles et ceux qui ne peuvent y être à cause de leur incapacité. Donnez une voix à ces personnes qui souffrent en silence.
Les hypersensibilités environnementales sont causées soit par des expositions répétées à faible dose, ou par une seule exposition à dose élevée aux produits chimiques présents dans les produits usuels. La Commission canadienne des droits de la personne reconnait cette condition médicale comme une invalidité et a émis un protocole (http://www.chrc-ccdp.ca/legislation_policies/policy_environ_politique-fra.aspx) qui accorde une protection selon la Charte canadienne des droits et libertés, qui elle-même interdit la discrimination basée sur l'invalidité.
En 2005, l'enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) de Statistiques Canada a démontré que plus de 170 000 personnes ont déclaré souffrir d'hypersensibilité environnementale à la question sur les conditions médicales ayant duré ou censé durer six mois ou plus et diagnostiquées par un professionnel de la santé. Pourtant, la plupart des ces personnes ne sont pas traitées par manque de reconnaissance de leur condition par le public ou le système de santé, les lacunes de la formation des médecins et l'inexistence de centres de soins spécialisés. Il n'existe pas au Québec de tel centre pour les personnes atteintes. Plusieurs médecins généralistes n'ont jamais reçu de formation pour reconnaître les hypersensibilités. De façon générale, les hôpitaux ne sont pas équipés pour accommoder ces patients, bien que les soins de santé soient reconnus comme un droit universel.
D'autre part, des milliers de patients sont traités à la Clinique "Environmental Health » d'Halifax en Nouvelle-Écosse. L'Association médicale canadienne nous informe que « plusieurs médecins sont au courant des problèmes de sensibilité environnementale … ont des connaissances de la condition et répondent aux besoins de ces patients… » Le « College of Family Physicians » de l'Ontario forme les médecins à reconnaitre et à traiter les hypersensibilités environnementales. À Ottawa, plusieurs médecins traitent des milliers de personnes atteintes. Plusieurs Québécois doivent s'y rendre à leur frais pour obtenir consultations et traitements.
L'ASEQ est un organisme caritatif à but non lucratif fondée en 2004 qui compte plus de 1 200 membres. Notre mission inclut le support (éducation, ressources, centre d'appel offrant information et confort), les réunions de support, le logement salubre, un guide d'aide, une publication, etc.) pour les personnes souffrant d'hypersensibilité environnementale. Nous faisons aussi de la prévention par l'éducation sur l'utilisation de stratégies écologiques afin de maintenir un environnement sain. L'ASEQ tente de sensibiliser les communautés, les entreprises, les gouvernements, les institutions d'éducation et de soins de santé, ainsi que le public en général, afin de prévenir la croissance de la condition. Pour atteindre notre but, nous travaillons avec les médecins, les scientistes, les groupes et les individus intéressés à travers le Canada et créons des liens avec des organismes similaires à travers l'Amérique du nord et le monde.
Écoutez Jean-Yves Dionne parle des hypersensibilités environnementales à Radio-Canada, L'après-midi porte conseil, 18 mai 2011, 13h42.