L’AQLPA profite de la publication de l’inventaire canadien des émissions de GES pour féliciter M. Peter Kent pour sa nomination aujourd’hui à titre de nouveau ministre de l’environnement du Canada. À lumière du bilan désastreux des émissions de GES du Canada, l’AQLPA invite M. Kent à viser plus haut en collaborant avec les parties d’opposition et les groupes environnementaux canadiens pour s’attaquer d’urgence aux changements climatiques.
Le Canada : pire parmi les pires
Avec un niveau d’émissions à 17% au-dessus du niveau de 1990, le Canada se trouve à des années-lumière de ses engagements pris dans le cadre du Protocole de Kyoto (-6% par rapport à 1990 et ce, pour la moyenne de 2008 à 2012). Ainsi, malgré une baisse des émissions attribuables en grande partie au ralentissement de l’économie mondiale en 2009, le bilan canadien reste encore parmi les pires, sinon le pire des pays développés. « Alors que le Canada se dit « résolu à s’attaquer aux changements climatiques en prenant des mesures durables », il est contradictoire et carrément inacceptable que ses interventions lors des derniers sommets internationaux sur le climat visaient à miner les ententes. Le fait que la crise économique mondiale ait fait plus pour réduire les GES en deux ans que le gouvernement canadien en 6 ans, est assez révélateur » souligne André Bélisle, président de l’AQLPA.
Les combustibles fossiles grands responsables
C’est sans grande surprise que le secteur de l’énergie a produit la majeure partie des émissions de GES au Canada, soit 82 % ou 566 méga tonnes (Mt). De ces 566 Mt, 73 % sont d’ailleurs attribuables à la combustion de combustibles fossiles et 9 % à des sources fugitives de ces mêmes combustibles. L’AQLPA note que les émissions en provenance du secteur des transports, de la production de combustibles fossiles, du raffinage de pétrole ainsi que celles liées à l’exploitation minière et à l’extraction de pétrole et du gaz sont en forte hausse depuis 1990. « Avec les subventions et les dégrèvements d’impôts aux pétrolières et gazières on doit conclure que c’est avec l’aide du gouvernement canadien qu’on a réussi cet exploit puisque le Canada est champion dans l’augmentation des GES», estime André Bélisle. « Au moment où l’Est du Canada subit des inondations majeures à répétions et où l’Ouest brûle par manque d’eau jugé historique, plusieurs croient que le Canada est puni par où il a péché », soutient Patrick Bonin, coordonnateur climat-énergie à l’AQLPA.
Des actions urgentes à mettre en place
Alors que l’Angleterre vient d’annoncer son audacieux plan visant à réduire ses émissions de GES de moitié d’ici 2025, le Canada n’a toujours pas de véritable plan d’actions cohérant pour prendre le virage mondial vers l’économie verte et limiter les impacts catastrophiques des changements climatiques. Le Canada devra à court terme s’inspirer de la volonté du Québec et de la Colombie-Britannique et mettre en place un système de plafonnement et d’échange, attribuant ainsi un prix aux émissions. Le gouvernement Harper devra également retirer toutes les subventions destinées aux pétrolières et gazières tout en renforçant les mesures en matière d’efficacité énergétique. Il devra également soutenir les énergies renouvelables et favoriser un virage vers les transports durables.
Performance moyenne du Québec en 2009
Pour sa part, le Québec a connu une faible diminution des émissions de GES de 0,9% entre 2008 et 2009 alors que la baisse au Canada est estimée à environ 6%. Cette différence est attribuable en partie à un ralentissement économique moindre au Québec comparativement au Canada. En 2009, les émissions du Québec se situaient donc à -1,9% sous le niveau des émissions de 1990, ce qui le situe loin de l’objectif de Kyoto qui était de -6% par rapport à 1990, et ce, pour la moyenne des années 2008 à 2012. Pour Patrick Bonin, « il n’est pas rassurant de constater qu’en plus de ne pas atteindre l’objectif de Kyoto, le gouvernement du Québec risque de ne pas atteindre son propre objectif de -6% en 2012, s’il n’accélère pas le rythme de ses réductions d’émissions. Pire encore, le Québec pourrait même augmenter ses émissions s’il suivait l’exemple du Canada en favorisant l’exploitation pétrolière et gazière comme il semble vouloir le faire ».
Les transports : 44% des émissions au Québec
Encore une fois, la part du lion des émissions revient au secteur des transports qui augmentent même légèrement son poids relatif étant désormais responsable de près de 44% (43,6%) des émissions au Québec. Le Québec devra donc en faire davantage dans le domaine des transports, par exemple en visant l’efficacité énergétique et le transfert modal vers les transports collectifs tout en implantant un programme convaincant de bonus-malus favorisant l’achat de véhicules éco-énergétiques. Le Québec conserve toutefois le meilleur taux d’émissions par capita au Canada avec une moyenne de 10,4 tonnes/habitant.
L’inventaire canadien des émissions est disponible ici