À moins d’un mois du dépôt de l’avant projet définitif de réfection du complexe Turcot, le Comité de Vigilance Turcot lance un appel d’urgence au ministre des Transports du Québec, M. Sam Hamad : il n’en dépend que de sa volonté pour s’assurer que le futur complexe réponde aux objectifs de son propre gouvernement et de la Ville de Montréal, à savoir de contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre, la pollution atmosphérique, la congestion au centre-ville et d’optimiser l’aménagement urbain. Après avoir effectué plus d’une dizaine de rencontres avec les intervenants impliqués dans le dossier – dont quatre avec le ministère des Transports du Québec (MTQ)- et constatant que, malgré tout, le projet n’a pas évolué depuis son dévoilement en novembre dernier et qu’aucun plan de mitigation n’est encore sur la table, le Comité presse aujourd’hui le ministre d’adopter un ensemble de mesures qui favorisent l’utilisation des transports collectifs pour rendre le projet acceptable. Le Comité sollicite à cet effet une rencontre d’urgence avec ce dernier pour en discuter.
Optimiser le déplacement des personnes et des marchandises : une décision politique pour des mesures concrètes
Le Comité de Vigilance, qui examine le dossier en profondeur depuis six mois, recommande au ministre :
- L’implantation des mesures de mitigation de transport collectif [1] un an avant le début des travaux
- L’autorisation immédiate des investissements des mesures de transport collectif plus structurantes [2]
- L’élimination des bretelles entre l’autoroute Ville-Marie, la rue Saint-Jacques et le futur boulevard Pullman ou de les dédier entièrement au transport collectif
- La réduction du nombre de voies sur l’autoroute Ville-Marie à deux voies de circulation dans chaque direction
« D’après nos évaluations, nous estimons que le projet développé par le MTQ ne règlera en rien les problèmes de congestion autoroutière et au centre-ville puisqu’il n’offre aucune alternative de transport aux automobilistes qui circulent sur un réseau déjà saturé », explique Pierre Gauthier, professeur d’urbanisme. « Avec ces mesures minimales, qui encouragent l’utilisation des transports collectifs, le gouvernement aurait un projet beaucoup plus performant en matière de développement durable et de circulation des personnes et des marchandises. »
Le Comité déplore que deux ans après les audiences du BAPE, aucun scénario fondé sur le principe du transfert modal en vue de réduire le nombre de voitures et ainsi désengorger le réseau autoroutier et le centre-ville n’ait été produit par le MTQ.
« Au-delà des structures de béton, il y a les gens. Turcot, qui est situé en plein cœur de la métropole, n’est pas un gros projet routier mais un grand projet de mobilité et de développement urbain. Cette vision, il n’y a que le ministre Hamad qui peut la porter » affirme pour sa part Coralie Deny, directrice générale du Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal).
Une vision intégrée : le défi du MTQ
Alors que plusieurs projets majeurs sont prévus dans les prochaines années, le Comité de Vigilance Turcot invite le MTQ à développer, en amont des projets, une structure de concertation impliquant des membres de la société civile afin de s’assurer que les choix de transport routier et transport collectif soient examinés ensemble et qu’ils s’intègrent dans l’aménagement urbain.
« L’expérience de Turcot devrait servir d’exemple à tous les intervenants impliqués » conclut Florence Junca-Adenot, directrice du Forum Urba 2015, département d’études urbaines UQAM. « Le ministre des Transports a maintenant le choix d’adopter une approche intégrée en entamant les démarches pour que les nombreux projets à venir reflètent les priorités de la société civile, de la Ville, de la région métropolitaine et du gouvernement du Québec et permettent un jour que Montréal devienne une métropole exemplaire en matière d’aménagement et de mobilité durable. »
Pour consulter les lettres adressées au ministre, les communiqués et le compte-rendu des rencontres : www.vigilanceturcot.org