Par Amelie Kemouo
Ils génèrent de plus en plus de hits sur la toile, de questions et de commentaires dans les Foires Aux Questions et les moteurs de recherche : « Le Grand Soir », « Amelatine », « Les mots ont un sens », « Alternative channel », « InfoNucléaire », « Notre planète », « Ecoloinfo », « Gaïapresse », « Mediaterre », « Buzzecolo », « Bastamag » , « Adéquations », « Presse-toi à gauche » et bien d'autres sont produits et diffusés pour proposer de l'information autrement et faire entendre d'autres sons de cloches dans un contexte dominé par les médias institutionnels et ou commerciaux.
Les titres de la presse alternative sont ceux d'une presse qui se veut militante, écologiste, associative, syndicale et décalé. Certains sont très marqués politiquement comme c'est le cas pour « Presse-toi à gauche » qui a récemment remporté un franc succès avec sa campagne de financement au Québec auprès des personnes qui soutiennent la gauche avec près de 6000$ récoltés au mois de mars 2011. D'autres sont spécialisés sur une thématique précise et propose dans une périodicité donnée des dossiers, des focus, des analyses et des décryptages sur des sujets variés liés au développement durable: biodiversité, énergies, nucléaire, etc. Les agences d'information organisées autour de collectifs, d'associations, de syndicats ou d'ONG et les agences conseil en développement durable sont plus présentes sur la toile.
Les nouveaux médias
Toute société a les médias qu'elle mérite; les médias alternatifs seraient donc une réponse aux défaillances des médias traditionnels, mais en réalité ils s'inspirent de ses contenus et se servent des leurs audiences pour répandre plus rapidement et de manière plus efficaces leurs messages à travers des campagnes de marketing viral innovantes sur le web (buzz, bouche à orielle « écrit » via les blogs). Le financement de l'accès au contenu par la publicité remis en question, il reste une solution intéressante pour l'autonomie des portails et des sites webs alors qu'on assiste déjà à une prolifération des messages sur les nouveaux écrans.
Internet
C'est le média alternatif par excellence. Les internautes ont pris l'habitude de la gratuité des services sur la toile, notamment grâe au téléchargement gratuit. La gratuité d'Internet fait partie de l'économie numérique et les utilisateurs sont encore résistants à l'idée de payer face à l'exhaustivité des connaissances et des ressources disponibles. La notion de bien commun dans le domaine du développement durable prend tout son sens avec Internet, et les opérateurs l'ont bien compris et proposent depuis quelques années des contenus qualitatifs, sécurisés, applicables aux technologies du mobile. Les prix devront davantage être raisonnables et les abonnements peu limités pour convaincre les jeunes générations à passer le cap de la gratuité.
Autonomie financière
Les moyens financiers proviennent des fondations privées, des conseils régionaux et des collectivités territoriales, des dons des lecteurs et des cotisations adhérents ou membres. Entre publicités, subventions, cotisations, l'objectivité et l'indépendance des médias alternatifs est sérieusement remise en cause par la société civile, les populations et certaines obédiences plus radicales. C'est pourquoi nombreux sont ces médias qui multiplient des coopérations tous azimuts pour toucher plus de public et avoir plus d'impact, notamment sur les réseaux sociaux et les espaces collaboratifs sur Internet. Dans une quête d'authenticité, on peut se demander ce qu'il en reste dans le fond? Sont-ils fâchés avec tout le monde ou presque ? Le rêve d'un monde meilleur, l'engagement citoyen de la presse verte s'affirme avec difficulté et doit faire face au réalisme monétaire. Il faut bien faire fonctionner l'organisation : location de bureau, frais postaux, factures, remunération du personnel, paiement des cotisations sociales, achat du matériel informatique et audiovisuel et, par conséquent, se vouer à l'obsolescence, couvrir les frais de reportages et d'enquêtes (transports, télécoms, restauration…). La réflexion est désormais tournée vers de nouveaux modèles économiques de financement de ces systèmes d'information dont la condition d'existence s'appuie sur l'une des notions clés du développement durable, celle du bien commun qui désigne les biens qui sont à la disposition de tous les peuples de la terre.
Parmi ces biens, l'information, la connaissance et le savoir mis à la disposition du plus grand nombre.
Amélie Kemouo. CIRIDD/MEDIATERRE