Par Maude Dufour-Gauthier
Mots clés : Groupe de travail sur l’agriculture urbaine GTAU, agriculture urbaine, l’Office de consultation publique de Montréal OPCM, Ville de Montréal, Conseil régional de l’environnement à Montréal.
25 082 Montréalais ont pris les deux minutes nécessaire pour signer la pétition réclamant que les élus discutent d’agriculture urbaine à Montréal. Lancée par le Groupe de travail sur l’agriculture urbaine (GTAU) le 11 août 2011, le Groupe dévoilait aujourd’hui, à l’hôtel de ville, le nombre de signatures recueillies, qui dépasse largement les 15 000 nécessaires pour réclamer une consultation publique.
Le droit d’initiative: un succès sans précédent!
L’aventure du GTAU a débuté il y a plus d’un an. «Nous envoyions des lettres et même des paniers de légumes qu’on avait cultivés à Montréal, pour faire comprendre à la Ville que c’est possible», a raconté Marie-Ève Chaume, porte-parole du GTAU et responsable du dossier au Conseil régional de l’environnement à Montréal. C’est à ce moment que l’idée de la pétition est mise sur la table. Au début du mois d’août, le groupe débute la campagne de signatures en se fixant le défi est alors d’amasser 15 000 signatures en 90 jours.
Au total, c’est une cinquantaine d’organismes qui ont mis la main à la pâte, en diffusant la pétition dans leurs réseaux respectifs. Cette campagne de signatures en était également une de sensibilisation et d’information sur l’importance d’une ouverture envers l’agriculture urbaine, pour Montréal. Le GTAU demeure le premier groupe à faire entendre sa voix grâce au droit d’initiative. Car si le dossier est en ordre, la Ville de Montréal se retrouvera dans l’obligation de mettre sur pied une consultation publique.
Des consultations publiques organisées par l’OCPM, s’il-vous-plaît!
Marie-Ève Chaume insiste sur l’intérêt des Montréalais face à cet enjeu. «Sur la rue, quand on mentionnait que ( la pétition ) c’était pour l’agriculture urbaine, ils faisaient demi-tour pour venir nous parler et signer!» Cette dernière espère évidemment, que cet engouement sera pris en compte dans l’organisation des consultations publiques, car la Ville de Montréal aura le dernier mot sur sa mise en oeuvre. Elle aura le choix de mandater sa propre consultation, ou de mandater l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM).
Ce dernier, selon Marie- Ève Chaume, «est le seul capable de mener une consultation publique de cette ampleur, fidèle à l’engouement de la population face à cet enjeu.» L’OCPM pourrait donc organiser une multitude de consultations, dans divers arrondissements de la ville, afin de rejoindre un maximum de personnes interpelées par l’agriculture urbaine. De plus cet organisme demeure totalement indépendant de la Ville de Montréal, puisqu’aucun des ses membres n’est ni un élu, ni in employé municipal.
L’agriculture urbaine sous pression
Jusqu’à présent, la ville de Montréal compte plus de 75 jardins collectifs et 98 jardins communautaires. «Plus de 51% des ménages montréalais ont une personne à la maison, qui jardine», ajoute Marie-Ève Chaume. «Donc le petit pot de fines herbes sur le bord du balcon est important! Il fait le lien entre l’homme et la nature, il permet d’avoir une nourriture locale et un environnement plus vert.»
Pour Carl Boileau, conseiller d'arrondissement de De Lorimier, dans le Plateau-Mont-Royal, «l'agriculture est une pratique déjà bien implantée à Montréal et qui a beaucoup de potentiel, que ce soit en matière de verdissement, d'accès à des aliments frais et sains, ou d'éducation. C'est donc dans l'intérêt de tous que l'on se donne les moyens pour que l'agriculture urbaine soit exploitée à son plein potentiel à Montréal ».
Marie-Ève Chaume a également souligné la pression faite sur l’agriculture urbaine, face à sa valeur foncière, à la disponibilité des sols, qui sont parfois contaminés et au besoin de conserver les acquis en terme de développement. L’agriculture urbaine souffre aussi à un manque criant de financement des initiatives et de l’absence totale d’une stratégie de développement. C’est pourquoi la consultation publique est plus que nécessaire selon le GTAU.
«Les consultations serviront à établir ce dont les Montréalais auront besoin en terme d’agriculture urbaine et de quelle manière ils voudront la développer», a souligné Marie-Ève Chaume. Par exemple, ils pourront s’exprimer sur les thèmes de l’élevage en ville et de la collaboration avec les fermes avoisinantes. Pour l’instant, il n’y a pas de modèle parfait, car les arrondissements font face à des réalités différentes. «Certaines ont des terres agricoles, comme le Bois de la roche, certaines sont plus densément peuplées que d’autres. C’est pour ça que l’OCPM serait requis», a ajouté la porte-parole du GTAU.
«Tout ce qu’on espère c’est d’avoir une consultation publique à la hauteur.»
Photo Pascoal Gomes. Tous droits réservés