Par Catherine Gauthier
Mots-clés: 17e Conférence des Parties, Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), Durban, Afrique du Sud, Canada, fossiles, pétrole, sables bitumineux, lobby
Des compagnies pétrolières canadienne à Durban
Le Secrétariat des Nations Unies a rendu publique la liste des délégués accrédités à la conférence de Durban. Si on regarde de plus près, on retrouve un bon nombre de compagnies canadiennes à Durban : des représentants de TransCanada, Shell, BP, Chevron, Total, ENI, ExxonMobil et de CAPP. On relève que parmi celles-ci plusieurs sont canadiennes. Toutes ces entreprises ont des intérêts financiers importants dans les domaines du pétrole, du gaz naturel et autres industries pétrochimiques.
La présence de ces entreprises comme organisations non gouvernementales représentant les milieux commerciaux et industriels illustre l’influence de ces entreprises pétrolières et gazières sur les négociations climatiques. En effet, le lobbying poussé à l’extrême par ces compagnies qui s’ingèrent dans la sphère politique internationale favorise l’expansion de l’industrie pétrolière canadienne en plus d’accroître les investissements étrangers dans les sables bitumineux.
Rejet du Protocole de Kyoto
Cette présence industrielle permet de comprendre qu’en tout début de la conférence de Durban sur les changements climatiques, des rumeurs circulent à l’effet que le Canada pourrait se retirer du Protocole de Kyoto. Le gouvernement en ferait l’annonce le 23 décembre prochain à 17h, question que la nouvelle passe inaperçue durant le temps des fêtes ou du moins que son impact en soit amoindri.
Depuis l’annonce de cette rumeur et plusieurs articles de journaux, le Canada n’a pas été en mesure de démentir, faisant craindre le pire pour le futur. Cette nouvelle a d’ailleurs provoqué l’indignation de plusieurs groupes de la société civile présents à Durban. Le Réseau action climat au Canada a condamné vivement l’attitude canadienne.
L’hypocrisie du gouvernement canadien
Refusant de clarifier sa position, le gouvernement actuel fait preuve de mauvaise foi et d’hypocrisie. En fait, seuls les États parties ont un droit de négocier sous la voie du Protocole de Kyoto. Si le Canada a véritablement l’intention de procéder à son retrait deux semaines après la fin des négociations, il profiterait de la conférence de Durban pour bloquer les négociations sans motif justifiable. À l’heure actuelle, le Canada est partie au Protocole de Kyoto (à titre de membre de l’Annexe 1) et cette position le rend en mesure de saboter les pourparlers. Une procédure légale de retrait du Protocole de Kyoto est prévue à son article 27(2). Selon ce même article, le retrait ne serait effectif qu’à compter de l’année suivante, permettant ainsi au Canada de jouer un rôle potentiellement dévastateur aux négociations de Qatar prévues à la fin de l’année 2012.
Conséquences sur le plan international
Sur la scène internationale, le Canada défend une position dangereuse et immorale. Le manque d’engagement de la part du gouvernement actuel détruit la réputation internationale du Canada en plus d’aller à l’encontre des principes de justice les plus fondamentaux. La communauté internationale ne doit pas tolérer une telle hypocrisie de lapart du gouvernement canadien.