A quelques mois du prochain sommet de Rio, qui réunira en juin 2012 les chefs d’Etat du monde entier au chevet de la planète, le Programme des Nations-Unies pour le développement (PNUD) appelle à l’incorporation de l’équité dans le concept de développement durable.
D’après la définition de 1987, le développement durable désigne un mode de production et de consommation qui « répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs » Une définition très environnementale, qui met en valeur les seules solidarités intergénérationnelles, au détriment de l’impact sur les plus démunis que peuvent avoir nos choix de vie.
Le PNUD propose donc une nouvelle définition du développement durable, à la lumière des évolutions des vingt dernières années : « Le développement humain durable est l’accroissement des libertés essentielles des personnes vivant aujourd’hui, accompagné d’efforts raisonnables pour éviter le risque de compromettre sérieusement celles des générations futures. »
Mais, bien plus alarmant que de simples querelles sémantiques, il y a ce constat que si aucune mesure n’est prise, les progrès séculaires de l’indice de développement humain (IDH) pourraient se voir annihiler sous l’effet conjugué du changement climatique et de la montée des inégalités sociales : dans le cas d’un scénario moyennement alarmiste de changement climatique, l’IDH mondial pourrait diminuer de 8 %, et même de 15 % si le scénario catastrophe vient à se réaliser.
En effet, comme le souligne le PNUD dans son rapport paru la semaine dernière, les dégradations de l’environnement touchent en premier lieu les populations les plus démunies alors même qu’elles ont une responsabilité bien moindre dans les causes de ces phénomènes. D’autant qu’elles sont bien souvent beaucoup plus vulnérables devant les effets du changement climatique qui les affecte directement au travers de leurs revenus et indirectement par leur impact sur la santé ou encore l’éducation. Exemple type : l’absence d’accès à l’eau potable ou encore la pollution, deux sujets brûlants qui occasionnent la mort de 3 millions d’enfants chaque année. Ou encore les pénuries d’électricité qui compliquent l’accès au savoir.
Face à ces interactions multiples, une seule solution, un développement « qui intègre la durabilité environnementale et l’équité tout en favorisant le développement humain. »
Pour concilier développement humain et protection de l’environnement, les pays en voie de développement devront se garder d’imiter leurs prédécesseurs dans une croissance à l’énergie fossile, favoriser l’accès aux soins et à la contraception, et encourager l’émergence d’une conscience environnementale chez les parties prenantes en promouvant la transparence et l’indépendance.
Tout un programme pour lequel le PNUD préconise la création d’une taxe Tobin sur les opérations de change ou les transactions financières. Un taux de 0,005 % sur les opérations de change dégagerait ainsi quelques 40 milliards de dollars par an pour financer la lutte contre le changement climatique et l’extrême pauvreté.
Le refrain est connu depuis que certains économistes y voient le remède idéal pour moraliser le système financier. Reste à savoir si les dirigeants du monde entier le reprendront en chœur à l’occasion du G20 et à plus long terme, du Sommet de Rio en juin 2012.