Par Marina Tymofieva
Mots-clés : Ressources naturelles, Plan Nord, gouvernance, communautés autochtones
Qui est le plus légitime pour gérer les ressources naturelles du Nord ? Pour tenter d’y répondre, c’est à la société civile que la deuxième journée du Forum Ne perdons pas le Nord a donné la parole. Les participants ont fourni, ensemble, quelques éléments de réponse concernant les zones d’ombre du Plan Nord. L’une d’entre elles, les enjeux de la gouvernance.
L’identité culturelle en dangerSelon Ashley Iserhoff, vice grand chef du Grand conseil des Cris, il est difficile pour les communautés autochtones de se positionner socialement lorsque la « Terre-Mère », source de leur identité culturelle, est gérée par d’autres. « Que dirions-nous si les Américains nous disaient comment protéger nos ressources ? », ajoute le professeur Thibault Martin. Ce titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la gouvernance autochtone du territoire soutient fermement que tous les Québécois ne peuvent prétendre aux terres du Nord, qui appartiennent en réalité seulement à ceux qui y vivent et s’y nourrissent. Le Plan NunavikL’une des idées fortes du Forum est le sentiment des autochtones d’être laissés pour compte dans les projets du Plan Nord. Les Inuits du Nunavik, par exemple, affirment depuis longtemps être restreints dans leur capacité à développer la région. Nunavik est riche en potentiel hydro-électrique. Elle reste cependant dépendante du diesel. Il s’agit d'une des rares régions du Québec où l’électricité est produite par des générateurs diesel car les communautés ne sont pas connectées au réseau électrique. Pour autant, les autochtones ne sont pas contre le développement, aussi longtemps qu’il respecte leurs droits. Pour les revendiquer et gagner en autonomie, les Inuits ont rédigé le Plan Nunavik. Il contient des conditions majeures sans lesquelles les Inuits du Nunavik n’accepteront pas le Plan Nord. « Sans nous, il n’y a pas de Canada », déclare Pita Aatami, ancien président de la société Makivik. Et maintenant, que faire ?Soulevée à plusieurs reprises, l’appel aux actions concrètes après le Forum est apparu comme une nécessité. Les conférenciers et le public ont réfléchi aux différentes démarches à entreprendre pour provoquer un changement du Plan Nord. Répandre les connaissances acquises et les témoignages reste une priorité. Le mouvement est déjà lancé, avec notamment la notion de « planification écologique », introduite par le Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, dans un nouveau projet de loi déposé. La plus facile des actions pour les Québécois du sud, est de promouvoir les droits des autochtones en diffusant leur voix qui n’est pas entendue.
Source: GaïaPresse |