Arrivé à mi-chemin de la COP18, où en sommes nous? Les observations de la société civile

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Par Mahdiah El-Jed


Kelly Dent, porte-parole et directrice de la délégation d'Oxfam.
Photo de Oxfam International – Flickr

Mots-clés: CdP18, Climate Action Network — International, Oxfam, Greenpeace Chine, protocole de Kyoto, changement climatique

 

À quelques jours de la fin de la 18e Conférence des parties, les trois dossiers majeurs n’avancent pas. Puisqu’ils sont interreliés, l’échec de l’un risque de faire effet domino et entraîner un dérapage total de la conférence de Doha.

C’est l’analyse qu’en ont fait mardi des représentants de trois importantes organisations militantes, lors d’une conférence de presse. Enrique Konstantinidis de Climate Action Network International et Amérique Latine, Kelly Dent, porte-parole et directrice de la délégation d'Oxfam et Li Yan de Greenpeace Chine ont partagé leurs perspectives.

Selon ces représentants de la société civile, les enjeux les plus pressants à l'agenda de Doha sont les trois tracks : une conclusion du groupe de travail ad hoc en matière d'action coopérative, la mise en place de la seconde phase du protocole de Kyoto et l'avancement d'un plan de travail sur le post-2020.

Kelly Dent insiste sur le fait que les trois dossiers dépendent l'un de l'autre, et que l'échec de l'un risque d’affecter les autres enjeux clés de Doha.

Les questions du financement, de l'adaptation et du transfert de technologies sont, d'après elle, d'importance vitale, et elles sont discutées par le groupe de travail ad hoc sur l’action coopérative à long terme. En effet, selon Dent, l'attention a surtout été portée sur l'atténuation du changement climatique, tandis que les questions de financement, d'adaptation et de transfert de technologies demeurent négligées.

Selon Oxfam, ces enjeux ont été abordés de manière vague et les pays riches ont, jusqu'à présent, toujours trouvé le moyen d'éviter de s'engager à effectuer un transfert de fonds et de technologies auprès de pays en développement. 

Pourtant, il s'agit de questions qui sont essentielles pour les pays en développement, d'autant plus que la résolution de ces questions permettrait à la prochaine et très importante phase des négociations de prendre forme.

Deux enjeux risquent d'entraîner l'échec de la COP18 s’ils sont non résolus : il s’agit du financement et ce qui est dorénavant appelé « le surplus d’air chaud ».

 

Financement
 : il y a urgence

Selon Oxfam, Greenpeace Chine et Climate Action Network Amérique latine, il y a une intensification du sentiment d'urgence par rapport au financement de l'action coopérative à long terme. Les pays développés doivent s’engager envers ceux dits en développement. Il n’y a en effet rien pour l'instant dans le texte concernant le financement. 

« Nous faisons face à une faillite climatique massive », dénonce Kelly Dent. Elle ajoute que les pays en développement font, de plus, face à une montagne d'incertitudes. « À l'aube d'une nouvelle année, ils devront affronter d'immenses défis en matière d'adaptation au changement climatique et de réduction d'émissions. »

Les organisations militantes exigent l'augmentation du financement, ainsi que des cibles chiffrées pour le mi-terme. Elles jugent également l'élaboration d'une trajectoire et d'un sentier vers 2020 primordial.

 

Le surplus d'air chaud

Le deuxième enjeu qui risque d'entraîner l'échec de Doha est la question du surplus d'air chaud. Avec la fin du premier engagement du protocole de Kyoto en janvier 2013, plusieurs pays aimeraient transférer leurs quotas de carbone inutilisés. L'Union Européenne reste divisée sur cette question. Le temps passe et la position de l'UE concernant le surplus d'air chaud doit être déposée jeudi avant midi. 

D'après Konstantinidis de Climate Action Network, l'Union européenne doit trouver un moyen d'embarquer la Pologne dans la décision d’annulation du surplus d'air chaud. Si cela n'est pas fait, c'est le protocole de Kyoto au complet qui est en danger. Aussi, Greenpeace réclame qu'une deuxième période d'engagement soit adoptée à Doha et qu'elle ne prévoie pas des quotas d'émission — ou allocation « d'air chaud » — qui permettraient aux gouvernements d'éviter de prendre des mesures concrètes contre le changement climatique.
Toujours selon Greenpeace, le surplus d'air chaud est estimé à un total de 13 milliards de tonnes de gaz carbonique, équivalant à deux fois et demie les émissions annuelles de l'Europe.


Le problème s'aggrave. Au cours des cinq dernières années, l'augmentation de l'utilisation du charbon — ce que la Pologne est grande productrice — a causé plus de deux tiers de l'accroissement des émissions mondiales de CO2 plaçant les émissions de GES à un niveau record.

 

Tous concernés 

Enfin, il y a une réelle soif d'une plus grande ambition en matière de réduction des émissions. Aussi, les pays qui n'ont toujours pas joint le protocole de Kyoto doivent le faire. Les panélistes rappellent que nous avons été témoins des conséquences de l'augmentation du prix de la nourriture ces dernières années. Ils ont rappelé que c’est la hausse du prix du pain qui a, parmi d'autres choses, attisé le printemps arabe. 

« Si les pays en développement se retrouvent seuls devant les impacts du changement climatique, nous témoignerons de la perte des terres agricoles et des moyens de subsistance de millions d'êtres humains. Il s'agit ici d'une question de justice, mais aussi un investissement pour un futur collectif plus clément », ont plaidé les écologistes.

 

Scepticisme et inquiétude

On peut définitivement sentir un fort vent de scepticisme et d'inquiétudes de la part de la société civile. Avec raison. 

D'un autre côté, et presque simultanément, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-Moon se veut rassurant et confiant. « Ayons l'espoir que cela est possible », a-t-il dit délégués et aux journalistes.

 

 

Mahdiah El-Jed participe à la conférence COH18 de Doha grâce au soutien financier et technique de l'AQLPA.

 

Source: GaïaPresse

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