Par Marina Tymofieva
Mots-clés : Foire environnementale du Projet Écosphère, Soirée des sages, crise environnementale
Dans le cadre d’un Plan de développement de Montréal, qui sera en consultation publique dès le mois de juin, les citoyens auront l’occasion d’exprimer leur vision d’un Montréal futur. Afin de prendre des décisions éclairées, les Montréalais doivent avoir des idées concrètes quant à l’état des lieux de la situation environnementale actuelle. C’est dans ce contexte que vendredi dernier, la 2e édition de la Soirée des sages, organisée par le Projet Écosphère, a accueilli des porte-parole de renom, impliqués dans différents domaines environnementaux pour discuter de la crise à laquelle nous faisons face.
La crise globale de l’eau
C’est Maude Barlow qui a ouvert la soirée. Encore trop peu connue au Québec, elle est une figure canadienne emblématique dans les questions reliées à l’environnement et à la justice, notamment dans le domaine de l’eau. La récipiendaire du prix Nobel alternatif en 2005 a déclaré « Nous pratiquons une mauvaise gestion de l’eau, notamment en la déplaçant. Les gens pensent souvent que la principale cause de l’augmentation du niveau des mers est le réchauffement climatique, or, il s’agit en fait du déplacement des eaux usées provenant des villes vers les océans ». Au Québec, nous avons la chance de pouvoir générer essentiellement de l’énergie dite « propre ». La façon dont nous générons cette énergie, en revanche, fait controverse. « D’ici 2035, la quantité d’eau utilisée pour fabriquer cette énergie va doubler, d’où proviendra-t-elle? », a questionné Mme Barlow. Pour la militante, la crise globale de l’eau est la crise la plus importante de notre époque.
Où sont passées nos ressources naturelles?Serge Bouchard a appuyé les propos de Mme Marlow : « Le territoire québécois est immense, il renferme l’un des plus grands
enjeux du monde, l’eau ». Il a également souligné l’importance de la conscience collective dans les débats sur les biens publics. Cette conscience, selon lui, dépend en grande partie de la mémoire de l’histoire québécoise. L’anthropologue et animateur radio a rappelé les différents modèles de mise en valeur des ressources naturelles à travers les siècles. Le problème, selon lui, est que ces modèles ont toujours été basés sur la gestion des territoires par des dominances étrangères, en échange d’emplois pour la population québécoise. « Cette prospérité économique a amené avec elle la pollution », a déclaré M Bouchard.
Depuis, plusieurs Plans Nord se sont enchainés avec l’arrivée de nouveaux gouvernements. Qu’avons-nous appris de l’histoire? Selon l’anthropologue, les acteurs oubliés, mais essentiels, de l’exploitation de nos ressources naturelles sont les premières nations. Pour Serge Bouchard, l’ignorance du gouvernement quant à leurs conditions de vie est inacceptable. « Il y a des choses qui n’ont pas de prix : des pays, des paysages… C’est les connaissances d’un territoire qui vont nous enrichir collectivement », conclut-il. Connaissances, dont seuls les peuples des premières nations disposent.
Source: GaïaPresse |