Une fois de plus, je vais vous ennuyer avec des statistiques environnementales. Voyez-vous, c’est que mardi le 19 août, nous avons collectivement atteint le jour du dépassement (aussi connue comme le Earth overshoot day). Cette journée établit le moment dans l’année où l’humanité a épuisé son crédit annuel de ressources naturelles renouvelables. Cela veut donc dire qu’en 2014, selon toute vraisemblance, il faut plus de 1,5 année à la Terre pour générer les ressources naturelles utilisées par les êtres humains en un an. Cet indicateur est fourni par le Global Footprint Network qui calcule l’empreinte écologique de la Terre. On peut voir une explication du concept ici.
Alors qu’en 1961 l’humanité consommait près de 75 % des ressources naturelles générées annuellement par la planète pour l’alimentation, le textile, le bois et l’absorption des gaz à effet de serre, etc., aujourd’hui, ce ratio a plus que doublé. De plus, le Global Footprint Network estime que d’ici le milieu du siècle, il faudra l’équivalent de deux planètes Terre pour fournir l’humanité en ressources.
Pour compenser cet écart entre sa capacité annuelle et la surconsommation de l’activité humaine, la planète doit puiser dans les réserves passées, ce qui crée une dette écologique qui ne saurait être systématiquement répétée. Concrètement, cela veut dire une incapacité pour la planète de fournir les ressources nécessaires à l’humain à moyen ou long terme. Bien malheureusement, à long terme ce système d’endettement n’est pas viable et nous ne pourrons pas systématiquement utiliser la planète comme créancier.
Notons que le Québec n’est pas en reste, il a pour 2013 une dette du carbone de près de 11 millions de tonnes de gaz carbonique.
Vous conviendrez avec moi que cette statistique est un brin inquiétante. Si on veut améliorer la situation, retourner à un mode d’existence qui correspond aux capacités de la planète, cela implique de changer drastiquement nos modes de vie et de consommation.
Bien sûr comme tous les indicateurs, il faut regarder un portrait plus large et on ne peut se concentrer que sur cette statistique. Cependant, les autres données en environnement ne sont pas plus réjouissantes. Selon le plus récent rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le climat pourrait connaître une hausse de température allant jusqu’à 5,5 degrés Celsius si rien n’est fait, causant des températures extrêmes qui auront des effets importants sur la fréquence des catastrophes naturelles.
On peut comparer les problèmes environnementaux aux effets de la cigarette sur la santé. Dans l’album photo familial, les images provenant des années 60 sont remplies de fumée et il semblait de bon ton de passer 1 à 2 paquets de cigarettes par jour. Pourquoi s’en priver? Les gens appréciaient ce plaisir et rien n’indiquait qu’il était mauvais pour la santé. Or, 25 ans plus tard, il devenait de plus en plus évident que la cigarette causait des torts irréparables. Ma grand-mère a eu des problèmes cardiaques liés à sa consommation et a dû changer son mode de vie comme des milliers de personnes au Québec. Aujourd’hui, elle est en bonne santé grâce à ce changement dans ses habitudes de vie.
Comme pour les fumeurs, il est beaucoup plus facile aujourd’hui d’évaluer les dangers liés à l’environnement que ce fût le cas dans les années 60. Nous savons que nous devons transformer nos politiques publiques et notre manière d’envisager l’économie pour diminuer notre surconsommation. Pourquoi attendre l’infarctus avant de prendre des mesures concrètes ?
Source: par Bertrand Schepper, IRIS