Photo de Guillaume Goyette – Flickr |
Les Conseils régionaux de l’environnement de Montréal et de Laval, Équiterre et la Fondation David Suzuki appellent les décideurs politiques à regarder la réalité en face dans le dossier du prolongement de l’autoroute 19 dans la région métropolitaine. Avec l’augmentation importante du nombre de voitures qui perdure depuis des années, avec la congestion qui y est associée, et avec le sous financement criant pour de nouveaux services de transports collectifs, poursuivre l’agrandissement des autoroutes urbaines ne fera qu'aggraver le problème.
Ce projet démontre qu’aucune leçon n’a été retenue des erreurs d’investissement et d’aménagement du territoire qui sont une des causes du déficit actuel. Nous n’avons même pas la capacité d’entretenir et de rénover le réseau actuel, et on voudrait construire de nouvelles autoroutes ? L’agrandissement de l’A-19 serait donc une dette de plus pour les générations futures et un pas de moins vers la mobilité durable. Le gouvernement ferait fausse route avec ledit projet qui constitue un véritable gaspillage d’argent public.
Plus de voitures, plus d’autoroutes : une très mauvaise association
Pour les organismes, défendre le prolongement de l’autoroute 19 n’a tout simplement aucun sens au 21e siècle. Les erreurs du 20e siècle sont assez éclairantes pour prendre parti du changement au niveau de la mobilité urbaine. Toutes les métropoles qui ont cru dans le passé que la fluidité des déplacements des personnes passait par les agrandissements et prolongements d’autoroutes métropolitaines l’ont payé cher, et continuent de le faire en termes de congestion, de pollution atmosphérique, d’étalement urbain. Tout cela sans compter les coûts financiers exorbitants pour la construction et l’entretien de l’asphalte, des rocades, des ponts…
Transports collectifs : la solution à la congestion aux heures de pointe
Si les organismes partagent la lecture concernant la congestion de cet axe aux heures de pointe, ils préconisent une toute autre voie pour véritablement solutionner cette problématique, soit celle d’un boulevard et de services de transports collectifs nettement améliorés. Ainsi, en canalisant une grande partie des navetteurs dans les transports collectifs, les voies routières du boulevard répondraient à la circulation résiduelle.
Les organismes tiennent à souligner que les avancées dans les transports collectifs à Laval et la Rive-Nord seraient très importantes si les investissements provinciaux étaient mis dans un boulevard et une offre attractive de transports collectifs. Les organismes insistent sur le volet «attractif», car des voies réservées avec très peu d’autobus ne représentent pas un service efficace, ni attrayant pour les personnes qui doivent aller travailler tous les matins. Il faut plus de voies réservées et bien plus d’autobus.
Bien investir l’argent de la population québécoise
Aucune métropole dans le monde n’a fait la démonstration qu’agrandir une autoroute pour palier le problème de congestion est une réussite, au contraire. En quelques années, soit bien avant la fin de la durée de vie utile des infrastructures, la congestion revient au grand galop et de façon décuplée. Les organismes ne peuvent pas croire que le gouvernement, dans sa logique d’austérité, viendrait acquiescer à pareil gaspillage d’argent public.
Ce projet d’autoroute est d’autant plus inacceptable qu’il en coûterait au moins 500 à 600 millions de dollars pour la construction, sans compter qu’il faudrait aussi en ajouter beaucoup d’autres pour l’entretien, avec des résultats négatifs à moyen terme.
Les organismes appellent le gouvernement à faire des choix éclairés non seulement pour demain, mais aussi pour les prochaines générations qui auront à vivre et à payer les choix d’aujourd’hui. Ces choix ne peuvent aller vers l’accroissement constant de l’offre d’autoroute mais devraient prendre le parti d’une mobilité durable et plus efficace.
Source: CRE Montréal