Même si plusieurs les détestent, la neige et la pluie jouent un rôle important dans nos ressources hydriques. Et avec les changements climatiques, on observe une augmentation des extrêmes de précipitation. Mais, pensons-y un moment : des précipitations extrêmes, cela signifie aussi des ressources en eau perturbées. Notre production hydroélectrique, un moteur important de notre économie, risque-t-elle d’en pâtir? Quant à nos infrastructures, seront-elles en mesure de soutenir une intensification des pluies diluviennes? Ce sont quelques-unes des questions qui préoccupent le Groupe de recherche spécialisé en Développement et en recherche appliquée en modélisation de l’eau et de l’environnement (DRAME), de l’ÉTS.
Bien que les experts s’entendent pour dire que les changements climatiques iront en s’intensifiant au cours des 50 prochaines années, c’est maintenant qu’il faut s’en préoccuper, car les ingénieurs construisent actuellement des ouvrages qui seront utilisés pour les 100 prochaines années.
« On ne peut pas bâtir un pont ou une route sans tenir compte de l’hydrologie. Imaginez un ingénieur qui concevrait actuellement un pont sans tenir compte de la hausse possible du niveau d’un cours d’eau. Dans un horizon de 10, 20 ou 50 ans, ce pont risquerait éventuellement de se retrouver sous l’eau », illustre Michel Baraër, professeur au Département du génie de la construction de l’ÉTS et chercheur au DRAME. Il en va de même pour de nombreux autres ouvrages.
L’équipe du DRAME, qui est également composée des professeurs Annie Poulin et François Brissette, étudie donc les phénomènes hydrologiques pour mieux les comprendre et, par conséquent, en réduire les impacts ou même en tirer profit! Par exemple, une abondance de précipitations peut être une bonne nouvelle pour une entreprise qui produit de l’hydroélectricité; il faut cependant que ses infrastructures aient été conçues en conséquence. Et c’est là qu’entrent en jeu les connaissances de l’hydrologie et du génie.
Les chercheurs s’appuient sur l’imagerie satellitaire, la télédétection et l’observation. Ils créent des modèles climatiques et hydrologiques afin de prévoir les impacts des changements climatiques sur les ressources en eau.
Une expertise reconnue internationalement
L’expertise des chercheurs du DRAME est reconnue internationalement. Par exemple, le professeur Baraër a collaboré à une étude internationale traitant de l’amplitude des changements climatiques dans les régions montagneuses du globe. Les résultats, parus en avril dernier dans la revue Nature Climate Changes, sont inquiétants : les changements climatiques pourraient progresser jusqu’à 75 % plus rapidement en haute altitude (5 000 mètres) qu’à 2 000 mètres. Un diagnostic qui défie tous ceux qui ont été avancés jusqu’à maintenant et qui peut avoir d’importantes conséquences, notamment sur les ressources en eau de ces régions.
Le professeur Baraër sera également l’instigateur du premier bassin versant expérimental à vocation éducative du Québec. Ce bassin, qui sera mis sur pied grâce à la collaboration de cinq autres professeurs de l’ÉTS, sera fonctionnel à l’automne 2015. Il permettra aux étudiants et aux chercheurs de suivre en temps réel les variations hydrologiques et d’approfondir leurs connaissances de l’hydrologie et de ses impacts sur les bassins versants, c’est-à-dire sur les lieux de convergence de l’eau, tels que la nappe phréatique, les lacs, les océans, etc.
Au bout du compte, toutes ces connaissances aideront les collectivités à s’adapter aux changements qui découleront des sautes d’humeur du climat, que ce soit au Québec ou ailleurs.
Source: ÉTS