La collusion entre les gouvernements et les entreprises dans le secteur des combustibles fossiles atteint des sommets au pays. Les citoyens qui ont à cœur la protection de l’eau potable, de l’air, des sols et du climat assistent à la mise en place de règlementations aberrantes taillées sur mesure pour l’industrie au détriment de la protection de l’environnement et de la santé publique.
Le Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection, adopté en août 2014[1] par le gouvernement du Québec, s’inscrit dans cette logique antidémocratique de détournement du rôle de l’État au profit des intérêts privés. Ce règlement vient en effet réduire les normes de protection des puits et des sources d’eau potable pour la population et les élevages afin d’avantager les industries extractives, notamment les pétrolières qui pratiquent la fracturation hydraulique[2].
Il est bien connu que les techniques de fracturation hydraulique, comme celles qu’on veut utiliser à Anticosti et en Gaspésie, provoquent des fuites de produits toxiques et radioactifs qui contaminent l’eau, l’air et les sols bien au-delà des distances séparatrices des sources d’eau potable jugées acceptables par le gouvernement libéral[3]. Même si l’industrie et le gouvernement font l’éloge d’un développement « bien fait » des hydrocarbures au Québec, c’est à une contamination annoncée de nos aquifères que nous sommes conviés, avec en bout de ligne un gouffre financier pour les contribuables.
Face à l’irresponsabilité de nos gouvernements et aux pressions d’un lobby pétrolier tout puissant, des municipalités et des citoyens de partout au Québec ont choisi de faire valoir leur droit à un environnement sain. Le 11 juin 2015, les mairesses et maires de Saint-Edmond-de-Grantham, de Ristigouche Sud-Est, de Sorel-Tracy et de Mercier se sont fait les porte-parole de 165 municipalités qui ont déposé une requête commune au ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques afin qu’une dérogation leur soit octroyée pour qu’elles puissent imposer des normes plus sévères que celles qui prévalent actuellement pour la protection de leurs sources d’eau potable[4]. Appuyés par un groupe d’experts indépendants, les élu-e-s ont déposé un document d’analyse très critique envers les normes réglementaires actuelles.
Alors que le gouvernement de Philippe Couillard élabore des scénarios permettant de forer jusqu’à 6 500 puits de fracturation hydraulique à Anticosti[5] et se montre favorable au transport du pétrole provenant de l’Ouest canadien au Québec[6] en dépit du contexte de crise climatique, la question de l’eau apparaît désormais au cœur de la lutte des citoyens qui veulent assurer la protection du territoire pour les générations à venir.
[1]Règlement sur le prélèvement des eaux et leur protection. Ministère du développement durable de l’environnement et de la lutte contre les changements climatiques. http://www.mddelcc.gouv.qc.ca/eau/prelevements/reglement-prelevement-protection/index.htm
[2]Marc Durand, Gisements non conventionnels d'hydrocarbures. Mémoire pour l’ÉES Anticosti. Rochemere.blogspot.
[3]Marc Durand, op.cit.
[4]Règlement sur le prélèvement des eaux : 165 municipalités exigent une meilleure protection de leur source d’eau potable. Eau secours, 11 juin 2015. http://goo.gl/AKu3lq
[5] Alexandre Shields. Jusqu’à 6 500 puits de pétrole à Anticosti. Le Devoir. 21 mai 2015.
[6] Alexandre Shields. Transport pétrolier vers Belledune. La motion du PQ est rejetée. Le Devoir. 11 juin 2015.
Source: Louise Morand, comité Vigilance hydrocarbures de L’Assomption