Dans son rapport annuel sur les parcs publié ce matin, la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) réprimande le Canada pour être à la traîne de la plupart des pays en ce qui concerne la protection de la nature. IntituléProtéger le Canada : est-ce dans notre nature?, le rapport de la SNAP évalue les progrès des juridictions canadiennes dans l'atteinte de l'objectif 11 d'Aichi. Ce dernier, adopté en 2011 sous l'égide de la Convention sur la Diversité Biologique à Nagoya (Japon), vise à protéger au moins 17 % des zones terrestres et des eaux intérieures d’ici 2020, ainsi qu’à améliorer la qualité de nos aires protégées.
Le Canada derrière la Bolivie, la République du Congo et la Tanzanie
« Fort d’un territoire qui abrite 20 % des forêts intactes et 24 % des milieux humides de la planète, le Canada est l’un des derniers pays du monde à avoir la possibilité de protéger de grandes zones naturelles. Pourtant, il n'en protège qu’un peu plus de 10 %. En fait, l’objectif de protéger au moins 17 % des zones terrestres a déjà été dépassé par la moitié des autres pays signataires de la CDB, notamment par certains pays moins riches et plus densément peuplés que le Canada, comme la Bolivie, la République du Congo et la Tanzanie», constate Alison Woodley, directrice nationale du programme sur les parcs de la SNAP.
« Nous sommes très inquiets du fait que le Canada ne se soit toujours pas doté d’un plan pour respecter l’engagement en matière d’aires protégées d’ici 2020. L’an dernier, le gouvernement fédéral a publié son Plan de conservation national; toutefois, ce plan ne tient pas compte des objectifs de protection des Nations Unies. De même, les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, qui ont annoncé plus tôt cette année leur objectif commun de 17 % concernant les aires protégées, n’ont aucun plan à cet égard non plus », ajoute Éric Hébert-Daly, directeur exécutif national de la SNAP.
D’après les estimations de la SNAP, si le Canada mettait en œuvre tous les projets d'aires protégées à l'échelle du pays, la cible de 17 % d’ici 2020 serait atteinte.
Des signes encourageants au Québec
Le rapport révèle que le Québec a ajouté seulement 0,4% d'aires protégées à son territoire depuis l'adoption des cibles d'Aichi en 2011.
« À ce rythme, il faudra 20 ans, et non pas 5, pour atteindre l'objectif de 17% » commente Alice de Swarte, chargée de projets en conservation à la SNAP Québec.
Ceci dit, les récentes annonces faites dans le cadre du Plan Nord concernant la création d'une aire protégée pour la rivière Kovik ainsi que la création du Parc Ulittaniujalik, sont des signes encourageants que le Québec est prêt à renverser la tendance.
« Le gouvernement québécois doit maintenant proposer un plan d'action au-delà de 2015 afin de mettre en œuvre nos engagements en matière d'aires protégées, tant sur le plan de la quantité, que de la qualité » conclut Alice de Swarte.
La protection de la nature – un investissement qui rapporte
À l'heure où de nombreux Canadiens s'apprêtent à visiter les parcs pour les vacances, il est important de rappeler que la protection de la nature est un investissement payant.
« En effet, une toute nouvelle étude révèle que les aires protégées accueillent huit milliards de visiteurs par année à l’échelle mondiale; ces visiteurs dépensent plus de 600 milliards de dollars américains. L’étude nous apprend également que moins de 10 milliards de dollars américains sont consacrés à la création et à la gestion des aires protégées. C’est donc un investissement très profitable », fait valoir Alison Woodley.
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Source: SNAP