En cette époque de grands bouleversements écologiques, la préservation de l’environnement revêt une importance capitale et la création d’aires naturelles protégées en est une composante de premier plan. La nécessité de la création d’une ceinture verte dans le Grand Montréal est confirmée : considérant que la moitié des espèces fauniques et floristiques menacées ou vulnérables habitent cette région et que la pression exercée sur celles-ci par le développement est énorme, il est primordial de développer un réseau dynamique de milieux naturels et agricoles protégés afin d’en assurer la fonctionnalité écologique, la pérennité et l’accessibilité à la population.
Le Mouvement Ceinture Verte est d’avis qu’il est beaucoup plus efficace de protéger les milieux existants que de miser sur l’aménagement d’espaces à proximité des milieux détruits, comme le font actuellement promoteurs et administrations. Il convient d’abord de dire que cette technique demeure expérimentale et ses résultats, incertains. Qui plus est, son emploi témoigne d’un important problème de fond : la croyance selon laquelle les derniers écosystèmes permettant le maintien de la vie sont facilement remplaçables. Or, tant que leur destruction sera acceptée, tous les espaces naturels seront menacés, les derniers espaces intouchés comme les milieux nouvellement créés.
Une question de santé publique
Outre l’obtention d’un statut de protection permanent, le développement de ce réseau passe par un entretien et par une bonification du couvert forestier. En effet, celui-ci procure aux citoyens de nombreux bénéfices, dont plusieurs d’ordre psychologique. Dans un document réalisé dans le cadre du Plan d’action 2006-2012 sur les changements climatiques du gouvernement du Québec, l’Institut national de santé publique se penche sur les bénéfices associés à la présence de milieux naturels en ville. Elle cite notamment des études réalisées en Hollande, au Japon et au Danemark dans lesquelles les chercheurs concluent qu’une plus grande proximité à des espaces verts urbains est associée à un plus faible taux de détresse psychologique chez les populations avoisinantes.
La mise en place de ce réseau doit également constituer une lutte à la monoculture, une plus grande variété végétale empêchant les décimations de masse par des parasites ravageurs comme l’agrile du frêne, qui s’épuisent alors à chercher les spécimens plutôt que de les enfiler rapidement. De plus, les pratiques actuelles qui consistent à ne planter que des espèces mâles, les administrations étant peu enclines à ramasser les fruits des espèces femelles, peuvent engendrer divers problèmes publics. Parmi ceux-ci, une accentuation des symptômes d’allergies au pollen des espèces mâles.
Interdépendance
L’affirmation de la nécessité d’une ceinture verte dans le Grand Montréal s’appuie également sur l’idée qu’il n’existe pas de séparation fondamentale entre civilisation et nature. La figure d’exemple qui illustre le plus franchement l’étroitesse de cette relation est probablement le cas des abeilles, d’importantes pollinisatrices dont dépend le tiers de notre production alimentaire, actuellement victimes du phénomène mondial d’effondrement des colonies.
Or, pour un mieux-vivre collectif, nous devons nous réapproprier et redéfinir cette relation. Le concept de ceinture verte repose à la fois sur l’idée d’un rapprochement de la nature et d’une prise de distance respectueuse par rapport à celle-ci. La professeure Pascale Biron, de l’Université Concordia, parle par exemple de l’importance de respecter «l’espace de liberté appartenant aux rivières». L’étranglement des cours d’eau par la construction de résidences situées trop près des berges favoriserait les inondations telles que celles survenues en Montérégie en 2011.
Comment participer à la création de la Ceinture Verte du Grand Montréal
- Transformer sa cour ou son terrain en espace de biodiversité, planter des fleurs mellifères indigènes et des arbres qui pourront servir d’abris à différentes espèces d’oiseaux.
- Pour ceux qui possèdent des terres comprenant des milieux naturels, songer à les protéger. La Fondation David Suzuki a d’ailleurs créé une carte interactive des boisés d’intérêt à protéger dans la région du Grand Montréal.
- Repérer et apprendre à connaître les milieux naturels situés dans sa municipalité. Ceux-ci n’étant pas toujours répertoriés dans leur globalité sur les cartes des Villes, Google Earth peut être un bon outil.
- Appeler son conseiller municipal et/ou prendre la parole aux conseils municipaux pour demander la protection de ces territoires. Demander des rencontres avec les élus pour faire valoir la valeur écologique de ces milieux.
Sophie Arbour
Militante écologiste, Sophie Arbour est également férue de rédaction. Elle rédige depuis décembre 2013 des billets pour le Huffington post Qc, dont certains portent sur des questions environnementales. Sa préoccupation pour le maintien et la restauration des milieux naturels l'a amenée à s'impliquer auprès du Mouvement Ceinture Verte à titre de responsable des communications Web et écrites.
Source : Covivia