Hydrocarbures : de nombreux groupes déplorent la précipitation et le manque de vision du gouvernement du Québec et exigent un véritable débat de société sur la transition énergétique

0

Alors que des consultations publiques liées aux évaluations environnementales stratégiques (ÉES) portant sur la filière des hydrocarbures débutent aujourd’hui à Montréal, de nombreux groupes environnementaux et citoyens ainsi que plusieurs scientifiques indépendants unissent leurs voix pour déplorer le caractère précipité et peu rigoureux du processus entamé par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN). À deux semaines de la conférence de Paris, le regroupement croit que le gouvernement du Québec joue sa crédibilité sur la question du climat et devrait plutôt miser sur une véritable transition énergétique. Les groupes demandent un véritable débat public sur la transition énergétique, et ce, avant l’adoption de toute nouvelle stratégie ou politique énergétique au Québec.

Les groupes reprochent notamment au gouvernement d’avoir un préjugé favorable envers l’exploitation et le transport des hydrocarbures en sol québécois, en plus de précipiter le processus d’ÉES en imposant de très courts délais pour les consultations publiques, alors qu’il n’y a aucune urgence. En effet, plus de 4000 pages de documents synthèses et d’études servant de matière de base à cette consultation ont été rendues accessibles il y a à peine un peu plus de deux semaines, et plusieurs études seront rendues publiques… après la consultation.

Pour Christian Simard, directeur général de Nature Québec, « l’échéancier de travail imposé par le gouvernement, ainsi que le caractère bâclé et inachevé de certaines études, ne permettent pas aux groupes et aux citoyens de contribuer positivement à un processus qui sera déterminant pour l’avenir énergétique du Québec. Rien ne justifie une telle urgence, sauf peut-être le programme de compagnies junior d’exploration ».

 « En voulant aller à la vitesse grand V, le gouvernement ne rend pas justice aux dizaines de chercheurs qui ont contribué aux études publiées et à celles à venir, et encore moins aux groupes et citoyens qui ne pourront participer en toute connaissance de cause et de façon éclairée au débat », d’ajouter Jean-Patrick Toussaint, chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki.

« Nous avons vraiment l’impression que les avis exprimés ne seront pas pris en compte et que les dés sont pipés dès le départ », explique Jacques Tétreault du Regroupement vigilance hydrocarbures Québec. « La future politique énergétique du Québec et la loi sur les hydrocarbures promises pour le printemps prochain nous semblent déjà écrites », ajoute-t-il.

Le responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace, Patrick Bonin mentionne que « l’ÉES ne servira qu’à cautionner le fait que le gouvernement du Québec veut se lancer dans l’exploitation et le transport du pétrole et du gaz alors que tous ses efforts devraient plutôt viser à nous libérer complètement des hydrocarbures d’ici 2050. Aussi, cette ÉES, n’est pas guidée par les meilleurs principes de transparence, de participation du public et d’indépendance et ne peut se substituer à des évaluations environnementales spécifiques pour des projets comme Anticosti ou Gaspé, ou encore le transport d’hydrocarbures par trains vers Belledune ».

Les groupes ont par ailleurs souligné que les documents de synthèse présentés par le gouvernement sont incomplets et parfois même erronés, ce qui peut induire le public en erreur. De surcroit, il leur apparaît essentiel d’avoir un meilleur encadrement et des directives claires pour tous les processus d’évaluation stratégique (ÉES) au Québec.

« La consultation porte uniquement sur la production et le transport de pétrole et non sur la réduction de sa consommation. À deux semaines de la conférence de Paris, alors qu’il se positionne en leader de la lutte contre les changements climatiques, le Québec propose d’accélérer l’exploitation de combustibles fossiles sur son territoire – un non-sens et un double discours qui se doit d’être dénoncé », affirme Alain Brunel, directeur climat énergie à l’AQLPA.

Réunis lors d’une conférence de presse tout juste avant le début des consultations publiques, les groupes ont exigé une garantie que le gouvernement mènera au cours des prochains mois une consultation publique élargie en vue de développer un véritable plan de transition énergétique afin de s’affranchir des hydrocarbures. Cette consultation devra être menée au terme de l’ÉES et avant toute décision gouvernementale d’aller de l’avant avec l’aventure pétrolière et gazière au Québec. De surcroît, cette consultation devra être réalisée avant que la nouvelle stratégie énergétique ne soit adoptée. Pour les signataires, le Québec doit amorcer une véritable transition énergétique pour se libérer rapidement des hydrocarbures et respecter l’engagement gouvernemental de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 80 à 95% d’ici 2050.

 

Groupes signataires :

Action environnement Basses Laurentides

Alerte Pétrole Rive-Sud

Association madelinienne pour la sécurité énergétique et environnementale (AMSÉE)

Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA)

Attention FragÎles

Collectif Moratoire Alternatives Vigilance Intervention (CMAVI)

Coalition Saint-Laurent

Collectif scientifique sur la question du gaz de schiste au Québec

Convoi-citoyen

Eau Secours! La coalition québécoise pour une gestion responsable de l'eau

Enjeux énergies et environnement

Environnement Jeunesse (ENJEU)

Greenpeace Québec

Fondation David Suzuki

Ligue des droits et libertés

Nature Québec

Projet ÉCOSPHÈRE

Regroupement vigilance hydrocarbures Québec

Société pour la nature et les parcs – Québec

Tache d’huile

Partager.

Répondre