À l’approche du 5e anniversaire du désastre de Fukushima, plus d’une dizaine de groupes environnementaux demandent au premier ministre Trudeau de renforcer la loi sur la sûreté nucléaire au Canada, en vue d’exposer les failles ayant mené à cette tragédie et les préoccupations d’intérêt public quant à l’indépendance de la Commission canadienne de sûreté nucléaire (CCSN).
« Alors que d’autres pays ont accru l’indépendance et la transparence de leur organisme de réglementation nucléaire dans le sillage de Fukushima, le Canada, sous Harper, est allé dans le sens contraire. Il est temps que le Canada se ravise et affermisse sa législation en matière de sûreté nucléaire », déclara Shawn-Patrick Stensil, analyste principal des questions énergétiques chez Greenpeace Canada.
Dans une lettre ouverte au premier ministre Trudeau, 14 organismes ont exigé un examen parlementaire de la Loi sur la sûreté et la réglementation nucléaires. La missive a pour but de rappeler au premier ministre que les enquêtes sur l’accident nucléaire de Fukushima conclurent qu’il s’agit d’une catastrophe de cause humaine, attribuable à une réglementation déficiente de la part des instances gouvernementales qui ont ignoré le potentiel connu pour des séismes et tsunamis dans la région.
Les groupes ajoutent que le renvoi de l’ex-présidente de la CCSN, Linda Keen, par le gouvernement Harper a ébranlé la confiance du public dans l’organisme, et a exposé les conflits dans le mandat de la présidente. Depuis, l’impartialité de la CCSN est publiquement contestée. À titre d’exemple, les groupes citent la critique de l’actuel président de la CCSN, Michael Binder, à l’endroit du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) l’an dernier lorsque celui-ci s’est prononcé contre l’exploitation minière de l’uranium.
« Nous sommes préoccupés que la CCSN soit devenue la meneuse de claque pour l’industrie qu’elle est censée baliser. À la lumière des leçons de Fukushima, nous exhortons le premier ministre à restaurer l’indépendance nécessaire à la CCSN afin qu’elle regagne la confiance publique », affirma Theresa McClenaghan de l’Association canadienne du droit de l’environnement (ACDE).
Au-delà de renforcer l’indépendance et la transparence de la Commission et d’augmenter la participation du public, les groupes environnementaux ont identifié cinq dossiers cruciaux auxquels la législation devrait s’attaquer: la mise à niveau de l’approche législative de la CCSN vis-à-vis des évaluations environnementales; le soutien à l’engagement des communautés autochtones; l’éclaircissement du rôle de la CCSN en cas de situation d’urgence nucléaire; la fixation des limites de terme des permis; et l’affectation de la Commission à un ministère sans mandat de promouvoir l’énergie nucléaire.
« En considération des négociations en cours avec la CCSN et des leçons tirées de Fukushima, il y a besoin urgent de moderniser la loi canadienne sur la sûreté nucléaire », conclut Mark Mattson de Lake Ontario Waterkeeper.
Les signataires de la lettre sont : l’Association canadienne du droit de l’environnement (ACDE), la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine, Ecojustice Canada, le Regroupement pour la surveillance du nucléaire, Greenpeace, Lake Ontario Waterkeeper, Nature Québec, Mines Alerte Canada, Northwatch, Inter-Church Uranium Committee, Coalition for a Green Clean Saskatchewan, le Conseil de la conservation du Nouveau-Brunswick et New Clear Free Solutions.
Lisez la lettre ouverte : http://www.greenpeace.org/canada/Global/canada/pr/2016/03/LETTRE-TRUDEAU.pdf
Source : Greenpeace