Par Denis Plante
Le Forum Social Mondial 2016, dont les assises se tiennent à Montréal, demeure une manifestation populaire regroupant des dizaines de milliers de participants de 120 pays afin de partager des idées, des pratiques et des projets pour apporter des changements majeurs à la société actuelle. Parmi les 1300 activités, la plupart autogérées (ateliers), un grand nombre porte sur la réflexion, l’information et la conscientisation visant à stimuler des initiatives et à créer des mouvements citoyens.
L’éducation à l’environnement et les actions citoyennes s’y apparentant se présentent comme des clés permettant d’ouvrir la voie à des changements sociaux et politiques. Dans ce sens, Gaïa Presse s’est intéressé à deux ses activités : la grande conférence Écocitoyenneté et éducation à l’environnement : l’art de vivre ensemble et à l’atelier Protéger l’environnement dans les milieux de travail et les écoles : action, implication et perspectives.
L’Écocitoyenneté : l’être humain et sa responsabilité citoyenne
La grande conférence Écocitoyenneté et éducation à l’environnement : l’art de vivre ensemble, animé par des experts et praticiens avertis, visait non pas à aborder les pratiques et les moyens voués à l’apprentissage et au développement de compétences, mais bien à définir ce que doit signifier les termes de l’écocitoyenneté et de l’éducation à l’environnement dans la société actuelle, en lien avec les changements profonds en cours et à venir.
Lucie Sauvé, professeure à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Riccardo Patrella de l’Université de Florence et du Pacte mondial de l’eau, Patrick Viveret, philosophe français et essayiste altermondialiste et Robert Litzler, président de l’Association québécoise pour la promotion de l’éducation relative à l’environnement(AQPERE) nous ont entretenu de leur vision et de leurs intérêts sur ce thème.
Lucie Sauvé, animatrice de la rencontre, nous expose d’abord que le défi actuel de la société civile demeure le développement de compétences politiques afin de mobiliser les citoyens. Seul un argumentaire portant sur une démocratie élargie et participative pourra provoquer des changements importants, soit une écocitoyenneté porteuse de sens.
Riccardo Petralla nous rappelle que l’être humain, toute espèce pensante qu’elle soit, n’est qu’une partie de la Terre et que sa présence et son développement sur la planète doit s’appuyer sur une réflexion constante, dans les faits une éducation permanente sur la valeur de la vie. Dans cette société dite technologique qui vise la marchandisation de la nature et du matériel génétique, il y a lieu d’affirmer de façon catégorique que le respect de toutes les espèces s’impose et qu’il faut investir le pouvoir politique pour y parvenir. Telle est la véritable substance à donner à l’écocitoyenneté, dit-il. Il conclut en affirmant que la véritable écocitoyenneté est de considérer le système actuel hors-la-loi car les inégalités, toutes catégories confondues, constituent un frein à l’atteinte d’une pleine responsabilité.
Patrick Viveret, présent au premier forum social mondial de Porto Alegre en 2001, nous fait part que l’enjeu éducatif à l’environnement et de la prise en charge de sa citoyenneté doit passer par une transformation individuelle (changement de valeurs) tout autant que structurelle (nature de la société). À la gouvernance mondiale actuelle, et l’ONU ne l’incarne pas, il faut opposer une société civile mondiale qui préservera le bien commun.
Finalement, Robert Litzler nous informe que Montréal accueillera, en 2017, le 6e Forum Planet’ERE, organisation internationale créée en 1992 et vouée à l’éducation relative à l’environnement. Des activités régionales se dérouleront au Québec et des actions de nature durable (plantation d’arbres) seront planifiées. Il nous invite à y participer de façon active car cet engagement représentera une manifestation de l’écocitoyenneté. On doit rappeler que M.Litzler est le président de l’AQPERE, mise sur pied il y a 25 ans, dont la mission est de faire reconnaître l’éducation à l’environnement comme l’une des principales voies conduisant à un comportement éco-responsable. L’organisation, entre autres, de colloques, d’écoles vertes et de campus durables par l’organisme en témoigne.
Le mouvement citoyen Héros : une prise de conscience poussant à l’action dans les écoles
Le mouvement citoyen Héros, créé par la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), rassemble des enseignantes et enseignants qui adhérent aux valeurs de l’humanité, de l’écocitoyenneté, du respect et de la solidarité et qui souhaitent les promouvoir. Le mouvement établit que l’augmentation incessante de la production et de la consommation et l’exploitation continue de nos richesses naturelles menacent le bien-être de l’humanité. Il faut donc agir auprès de la jeunesse et lui faire prendre conscience de cette situation afin qu’elle pose des actions exemplaires dans leurs écoles.
Les héros organisent des activités qui témoignent de ces valeurs et qui demeurent une source de valorisation pour leurs collègues et élèves. A chaque année, des gestes sont reconnus, récompensés et certifiés. En misant sur le soutien de matériel pédagogique mis à leur disposition, les enseignantes et enseignants conçoivent et développent des projets individuels, de groupe, de classe ou de commission scolaire.
Parmi les projets primés en 2014-2015 sous le thème Bien dans ton assiette pour sauver la planète, on peut retenir ceux-ci : confection de collations santé, cafétéria verte, jardin Lucien-Pagé (serre), Cuisto Coco (page Facebook –recettes) et Dis-moi ce que tu manges (projet de recherche).
Finalement, le mouvement participe activement à des activités citoyennes telles que le Jour de la Terre, la marche Action Climat et les colloques de l’Association québécoise pour la promotion de l’éducation relative à l’environnement (AQPERE).
Source : GaïaPresse
Crédit photo : Danjocross, Creative Commons et Heros-mouvement.ca