Un pesticide néonicotinoïde en voie d’être interdit au Canada

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Vous savez peut-être que les populations d’abeilles à travers l’Amérique du Nord subissent un déclin catastrophique. Ce problème est en grande partie causé par un groupe d’insecticides connus sous le nom de néonicotinoïdes (le diminutif « néonics » est également parfois employé). Heureusement, les autorités règlementaires gouvernementales ont décidé d’agir : l’Ontario a entrepris de règlementer plus sévèrement l’usage des néonicotinoïdes, alors qu’au palier fédéral, Santé Canada a émis un avis récent sur le sujet. Santé Canada a en effet évalué que l’imidaclopride, soit l’un des néonicotinoïdes les plus répandus, laisse planer un risque inacceptable sur la faune aquatique. En conséquence, son utilisation sera interdite sur nos fermes et dans nos champs. Examinons ce dossier d’un peu plus près.

Qu’est-ce que l’imidaclopride?

À l’instar de tous les néonicotinoïdes, l’imidaclopride est un insecticide qui tue les insectes nuisibles en s’attaquant à leur système nerveux. Il s’agit d’un insecticide systémique, ce qui signifie qu’il se propage dans l’ensemble des tissus d’une plante, même s’il est initialement appliqué sur une seule de ses parties, ses semences ou ses feuilles, par exemple. Premier néonicotinoïde à avoir été découvert, l’imidaclopride, qui a été introduit au Canada dans les années 1990, se voulait une solution de rechange efficace aux précédentes générations d’insecticides nocifs. Au Québec, l’imidaclopride est utilisé notamment dans la culture de la pomme de terre et du canola, ainsi que sur les gazons pour lutter contre le vers blanc.

Une fausse promesse

Pendant plusieurs années, des experts et des chercheurs ont mis en lumière les dangers potentiels que l’imidaclopride et les autres néonicotinoïdes laissent planer sur les insectes bénéfiques comme les abeilles, et ont conséquemment demandé de restreindre leur usage en agriculture. Une récente recherche a démontré que les néonicotinoïdes nuisent aux capacités d’apprentissage, à la mémoire, à la communication, à la santé reproductive et au comportement butineur des abeilles et des autres pollinisateurs. Il s’agit là d’un grave problème puisque les pollinisateurs assurent la pollinisation de la grande majorité de nos cultures alimentaires.

L’imidaclopride persiste longtemps dans l’environnement, est hydrosoluble, et peut avoir un effet sur les cultures en champ pendant plusieurs saisons de croissance consécutives. Une fois introduit dans l’environnement, cet insecticide peut migrer dans les sols ou dans l’eau, et ainsi contaminer les eaux de surface et la faune qui y vit.

Des données collectées par le gouvernement et des équipes universitaires montrent que les eaux douces de surface dans le sud de l’Ontario, les rivières de zones agricoles du Québec et les milieux humides à proximité des zones agricoles en Saskatchewan sont fortement contaminés à l’imidaclopride. Or, dans plusieurs cas, les concentrations mesurées excèdent les normes fédérales.

Malgré l’accumulation de données scientifiques mettant en lumière les effets adverses des néonicotinoïdes, Santé Canada a publié en 2016 les conclusions d’une évaluation affirmant que les néonicotinoïdes ne constituent pas une menace importante pour les abeilles. Or, cette affirmation est diamétralement opposée à ce que suggère un ensemble de plus en plus substantiel de recherches scientifiques provenant de partout à travers le monde. Certains gouvernements provinciaux, comme celui de l’Ontario, et certaines municipalités, comme Montréal, ont néanmoins décidé de promulguer des restrictions sur l’usage des néonicotinoïdes afin de protéger les pollinisateurs.

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Source : Équiterre

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