RÉACTION: Le déplacement in extremis de la harde de caribous de Val-d-Or vers un zoo montre l’ampleur de la crise dans les forêts du Québec

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Caribou des boisLes groupes environnementaux, dont Greenpeace, l’Action boréale et la Fondation David Suzuki, sont stupéfaits de la décision du gouvernement du Québec de déplacer les derniers caribous forestiers de la région de Val-d’Or vers un zoo à plus de 400 kilomètres.

Un précédent dangereux pour les espèces menacées

Cette décision constitue un précédent dangereux pour toutes les espèces menacées au Québec et au Canada. Lorsque les animaux en voie de disparition demeurent dans leur habitat, le gouvernement du Québec et le gouvernement fédéral ont des obligations légales pour les protéger – en vertu de la Loi fédérale sur les espèces en péril (LEP) et du plan d’action gouvernemental pour l’aménagement de l’habitat du caribou forestier. Bien que le gouvernement puisse considérer le transfert au zoo comme une solution extrême mais nécessaire, il semble plutôt abandonner sa responsabilité de protéger cette espèce à l’état sauvage et faire de la place au développement forestier et industriel dans la région.

En tant que groupes environnementaux représentant la voix des Québécois et Québécoises concernés, les signataires exigent que le gouvernement envisage toutes les mesures possibles pour renforcer la protection des animaux et de leurs habitats – ainsi que de la biodiversité de la forêt boréale dans son ensemble – dans le cadre de sa stratégie de rétablissement du caribou.

Un signal d’alarme politique

Le sort désastreux de cette harde et la disparition d’une espèce clé qui vit depuis des millénaires dans ces forêts doivent servir de signal d’alarme politique. Les circonstances à Val-d’Or mettent en évidence le danger de retarder l’action pour protéger les habitats restants du caribou. Une fois que l’habitat est détruit et qu’il n’y a de moins en moins d’animaux, il est de plus en plus difficile d’assurer la survie de la harde.

Bien que le gouvernement canadien ait publié la stratégie de rétablissement du caribou de la forêt boréale dans le cadre de la Loi sur les espèces en péril (LEP) en 2012, il y a eu très peu d’actions concrètes. La stratégie développée implique un seuil de risque pour la gestion du caribou et établit des lignes directrices pour maintenir ou restaurer chaque aire protégée. Ces stratégies scientifiques, associées aux connaissances des peuples autochtones, doivent être appliquées d’urgence comme, par exemple, dans les Montagnes Blanches et dans la vallée de la Broadback, de sorte que la disparition de cette harde ne se répète pas ailleurs.

Signataires: Greenpeace Canada, la Fondation David Suzuki, l’Action boréale

Faits additionnels:

  • Le caribou forestier est un indicateur clé de la santé de la forêt boréale dans son ensemble. La protection de la forêt boréale conserve des sources vitales d’eau douce, d’énormes quantités de carbone et des habitats pour une gamme d’autres espèces.
  • Le gouvernement du Québec estime qu’entre 6 000 et 9 000 caribous forestiers vivent toujours dans des hardes dispersées à travers la province, mais il ne reste qu’une quinzaine d’individus dans la région de Val-d’Or.
  • Selon le gouvernement du Québec, un minimum de 50 caribous est nécessaire pour assurer la stabilité d’une harde. Celle de Val-d’Or est bien en deçà, et il y a peu d’espoir d’augmenter ce nombre à l’état sauvage.
  • Le caribou forestier fait face à de nombreuses menaces, y compris la maladie et le changement climatique, mais les perturbations causées par les humains, principalement les activités d’exploitation forestière, ont été identifiées comme la cause la plus importante du déclin du caribou.
  • Le caribou forestier est classé comme « menacé » en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada et de la Loi sur les espèces en voie de disparition de l’Ontario. Il est classé comme « vulnérable » en vertu de la Loi québécoise sur les espèces menacées et vulnérables. À l’échelle mondiale, l’espèce est considérée comme « vulnérable » par la Liste rouge de l’UICN, ce qui signifie qu’elle est « considérée comme faisant face à un risque élevé d’extinction dans la nature ».
  • Située au nord de la ville de Québec, près du Lac Saint-Jean, le zoo de Saint-Félicien est un complexe de 485 hectares où les grands mammifères nord-américains vivent en liberté. Cependant, Environnement Canada déclare dans sa Stratégie de rétablissement pour le caribou forestier que l’aire protégée d’une harde de caribous est établie à 50 000 hectares.
  •  Le caribou forestier a besoin de vastes étendues de forêts non aménagées et matures pour survivre, mais, chaque année, l’impact cumulatif des perturbations industrielles sur la forêt menace son habitat.

Source: Greenpeace Canada  .

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