Le Regroupement des organismes de bassins versants du Québec (ROBVQ) appuie les propositions faites hier par le Parti Québécois (PQ) en matière de prévention et de gestion des risques d’inondation.
Le PQ croit que la coordination des risques d’inondation doit passer par l’application de la gestion intégrée par bassin versant. Aussi, le ROBVQ demande que les organismes de bassins versants du Québec (OBV) se voient attribuer ce mandat.
Prévenir plutôt que guérir
Les inondations que subissent quelque 170 municipalités au Québec ont révélé d’importantes lacunes en matière de prévention. « Alors que le Québec est passé maître dans l’art de mettre en place des mesures d’urgence, il accuse malheureusement un retard important en matière de prévention, » soutient Jean-Paul Raîche, premier vice-président du ROBVQ.
« Dans un contexte où les changements climatiques pourraient augmenter la fréquence, la durée et l’intensité des épisodes d’inondation, il faut que les évènements de ce printemps servent d’apprentissage et que des plans d’action pour la prévention des inondations soient mis en place rapidement, » poursuit monsieur Raîche. Les 40 organismes de bassins versants du Québec se proposent d’agir comme coordonnateurs pour l’élaboration de tels plans d’action.
Une gouvernance concertée par bassin versant
Jean-Paul Raîche le rappelle : « l’eau ne respecte pas les limites municipales. La pluie et la neige qui tombent au sol s’écoulent un jour ou l’autre vers un cours d’eau. Ce territoire naturel d’écoulement, c’est le bassin versant et où que nous soyons, nous nous trouvons dans un bassin versant ! ».
Pour assurer une gestion adéquate des risques d’inondation, il importe donc de travailler à cette échelle et en collaboration avec tous les acteurs. Monsieur Raîche précise à titre d’exemple que « les eaux de la rivière des Outaouais ayant inondé la région de Gatineau prennent leur source aussi loin qu’au Témiscamingue ! » Les solutions à mettre en place pour prévenir les inondations pourraient devoir être implantées beaucoup plus en amont sur le bassin versant et nécessiter une collaboration bien au-delà des limites administratives conventionnelles.
Des solutions basées sur les écosystèmes
Afin de prévenir les inondations, les meilleures stratégies consistent à retenir l’eau de pluie et de fonte des neiges le plus longtemps possible sur le territoire et à faciliter son infiltration. « Il faut mettre un terme aux vieilles façons de faire qui visent à canaliser l’eau et à tout envoyer en aval au plus vite, » estime Jean-Paul Raîche. « Il se crée un effet d’entonnoir et le cours d’eau n’a d’autre choix que de sortir de son lit, » poursuit-il.
Des exemples de solutions à mettre en place comprennent la restauration de milieux humides — qui peuvent agir comme bassins de rétention —; la délimitation d’un espace de liberté pour les cours d’eau où l’établissement résidentiel serait interdit; la délimitation d’espaces naturels non urbanisés où il serait possible de diriger les crues; la réalisation de jardins de pluie en milieu urbain.
Rappelons également que les inondations de ce printemps surviennent au moment où le gouvernement du Québec analyse le projet de loi 132 sur la conservation des milieux humides et hydriques.
Pour monsieur Raîche, « il s’agit d’une occasion unique de renforcer le mandat des organismes de bassins versants pour qu’ils puissent jouer un rôle de conservation des milieux naturels et de prévention des inondations ». Depuis 2002, les OBV travaillent en concertation avec les acteurs de l’eau pour élaborer et mettre en œuvre des plans directeurs de l’eau. Or, il est temps de franchir une nouvelle étape et de confier des mandats précis aux OBV, en matière de conservation des milieux humides et de prévention des inondations, notamment. « Ce n’est malheureusement pas ce qui est actuellement prévu au projet de loi, » déplore monsieur Raîche.
Des lacunes sur le plan des connaissances
Les inondations qui ont affecté le Québec ont mis en relief le besoin de revoir la cartographie des zones inondables. À ce sujet, Jean-Paul Raîche explique que « les cartographies de zones inondables sont difficilement accessibles, parfois incomplètes et qu’elles datent dans certains cas des années 1970 ».
Qui plus est, aucun système centralisé de documentation des inondations et de leurs impacts n’existe actuellement au Québec. « C’est toutefois une situation que nous tentons de corriger, et ce en collaboration avec le ministère de la Sécurité publique et l’Université Laval, » indique monsieur Raîche en faisant référence à un nouveau projet du ROBVQ.
Le ROBVQ appuie ainsi les propositions du parti québécois visant à compléter les connaissances sur les zones inondables et à les rendre complètement publiques. À l’époque du gouvernement ouvert, chaque citoyen doit avoir facilement accès aux informations lui permettant de savoir s’il est à risque.
Les plans de prévention des inondations que les OBV du Québec proposent d’élaborer devraient par ailleurs comprendre une analyse et une cartographie des sensibilités des populations, des infrastructures et des écosystèmes face aux inondations. Il s’agit d’une façon de faire bien connue à travers le monde et plusieurs pays réalisent déjà de telles analyses. C’est par exemple le cas de la France qui assure le développement et la mise en œuvre de plans d’action pour la prévention des inondations (PAPI).
Source : Regroupement des organismes de bassins versants du Québec