Un nouvel outil de mesure du réchauffement de la planète entre en piste: Venµs, premier satellite d’observation de la végétation dédié au changement climatique, prendra début août ses quartiers à 720 km au-dessus de la Terre.
«Venµs est dédié au suivi de la végétation et va permettre de mieux comprendre les cycles de la végétation, leurs dynamiques et surtout l’impact du changement climatique», explique jeudi à la presse Jean-Yves Le Gall, président du Centre français d’études spatiales (Cnes).
Les cultures au Mali, les forêts amazoniennes, les prairies d’Auvergne en France, les sols gelés de Sibérie, etc.: le micro-satellite photographiera tous les deux jours 110 sites sélectionnés répartis sur tout le globe et ce pendant deux ans et demi.
«On a cherché à échantillonner la plupart des écosystèmes terrestres», explique l’ingénieur du Cnes Gérard Dedieu. «On a des sites dans les tropiques, sur des zones agricoles, des zones de savanes, un site au delà du cercle polaire…»
Les photos, d’une résolution de 5,3 mètres (chaque pixel de l’image représente 5,3 mètres de terrain) et d’une largeur de 27 km, permettront de suivre l’évolution de la végétation, des cultures, de quantifier les stocks de carbone en fonction de la maturation de la végétation et les flux d’eau. Elles fourniront également des éléments sur les changements d’occupation des sols et de couverture neigeuse.
Le tout pour comprendre la croissance de la végétation mais aussi l’impact des évènements extrêmes et du changement climatique sur les écosystèmes naturels et sur l’agriculture.
«Une des composantes de l’évolution des stocks de carbone la moins bien connue concerne les sols. Or des flux énormes de carbone sont échangés chaque année entre la surface de la Terre et l’atmosphère», explique Gérard Dedieu.
Modèles climatiques
La végétation capte du carbone par la photosynthèse et l’incorpore dans les matières organiques. C’est ainsi que les forêts sont des «puits» de carbone qui, comme les océans, stockent une partie du dioxyde de carbone émis par les activités humaines (production et consommation d’énergies fossiles, pratiques agricoles, déforestation).
Mais la végétation en rejette aussi, directement en respirant et indirectement par la décomposition des feuilles, racines, débris au sol.
A partir des observations faites sur ces 110 sites, les chercheurs vont bâtir des modèles reproduisant ce qui se passe pour ensuite intégrer cette composante «végétation» dans des modèles climatiques plus globaux et affiner les projections climatiques. Venµs va également fournir des informations sur l’agriculture dans l’optique d’accroître la production, pour répondre à l’augmentation de la population.
Plus localement, il enverra également des données sur le transport de sédiments dans les estuaires, sur la biodiversité marine et terrestre ou sur l’enneigement et les glaciers. «Avec un passage tous les deux jours, Venµs va permettre de mesurer l’écoulement des glaciers», note Gérard Dedieu.
La mission Venµs pour «Végétation and Environment monitoring on a New MicroSatellite» est un programme conjoint du Centre national d’études spatiales (Cnes) et de l’Agence spatiale israélienne (ISA) dont le budget s’élève à un peu plus de 80 millions d’euros, également réparti entre les deux pays.
Venµs rejoint d’autres satellites dédiés à la surveillance du climat. Sur les 50 variables climatiques essentielles à la compréhension du climat, 26 sont observées depuis l’espace (niveau des océans, émissions des différents gaz…). Le satellite sera lancé depuis Kourou en Guyane par une fusée Vega le 1er août à 22H58 heure de Kourou (02H58 GMT, le 2 août) et les premières données sont attendues pour le 17 août.
Source : AFP