Les régions : de l’âge de pierre à l’ère de la mondialisation*

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*L’emploi du masculin englobe le féminin et n’est utilisée que pour alléger le texte.

Par Pierre Racicot
Auteur


 

L’engagement de l’Action démocratique du Québec (ADQ) de constituer un fonds d’autonomie régional et de transformer les régions administratives en régions politiques, introduit, par la grande porte, le développement régional dans la campagne électorale. Ces mesures répondent aux revendications cent fois exprimées depuis la tournée des régions de la Commission Bélanger-Campeau portant sur l’Avenir du Québec mais laissent en plan deux questions :

  • Qui parlera au nom des régions ?
  • Est-ce que le découpage de toutes les régions administratives est adapté à la mondialisation ?


Qui parle au nom des régions ?

Le programme de l’ADQ prévoit qu’une entente gouvernement-région rendra les conférences régionales des élus (CRE) responsables de la gestion du fonds d’autonomie régional. C’est la consécration du fait que le développement régional n’est pas seulement une affaire d’argent et d’administration mais aussi une réalité politique qui repose sur des élus.

Cependant, les élus municipaux sont élus pour administrer les municipalités et non les régions. Le fait que le gouvernement reconnaisse la CRE, comme responsable de la  gestion du fonds d’autonomie régional, n’accorde pas aux élus locaux la légitimité que donnerait une élection régionale au suffrage universel direct.

Que faire ?

Réponse du Parti Vert

En fondant son programme sur la responsabilité de chaque citoyen, préoccupé d’environnement et d’équité, à participer à la construction de sa ville, de sa région, de son pays …et ajoutons de son village et de son quartier, le Parti Vert s’engage à démocratiser l’administration de l’État du Québec. Ce faisant, il donne aux citoyens le pouvoir d’élaborer et de mettre en œuvre une société plus apte à concilier l’environnement et l’économie.


Le Parti Vert fait lui aussi des régions administratives des régions politiques. À la différence de l’ADQ, il s’engage à ce que les représentants des régions soient élus au suffrage universel direct. Mais on ne trouve pas une telle reconnaissance dans les programmes des Partis  québécois et libéral.


Révolution des régions

En fait, les engagements de l’ADQ et du Parti Vert sont interdépendants. Comment mettre en œuvre ces programmes politiques en y ajoutant, notamment, quelques mesures complémentaires ?
Au lendemain des élections, l’Assemblée nationale consulterait l’ensemble du Québec sur les mesures suivantes :

  1. Remplacer les ministres responsables des régions, présentement nommés par le premier ministre, par des ministres régionaux élus au suffrage universel direct et accorder aux maires de Montréal et de Québec tous les nouveaux pouvoirs des régions;
  1. Créer une Chambre des régions rattachée à l’Assemblée nationale regroupant les ministres régionaux et les maires de Montréal et de Québec;
  1. Consacrer la CRE de chacune des régions comme l’organisme consultatif du ministre régional et des maires de Montréal et de Québec;
  1. Reconnaître les directions régionales des ministères comme soutien administratif des ministres régionaux et des maires de Québec et de Montréal.


Les régions à l’ère de la mondialisation

À l’heure de la mondialisation, est-ce que la région administrative est le cadre le plus adapté pour y faire face ? La question se pose lorsque les régions sont trop petites. Dans ce cas, comment le gouvernement du Québec assumerait, à l’échelle internationale, le leadership du et des secteurs de force économique de ces régions administratives ?
Aujourd’hui, lorsque l’on compare les pouvoirs des régions du Québec avec ceux des régions des autres pays, il n’y a pas à hésiter, il faut que l’organisation des régions du Québec passe de l’âge de pierre à l’ère de la mondialisation.


Par Pierre Racicot
Auteur du livre : Développement et régionalisation au Québec :
Le temps du repli de l’État-nation (Éd. L’Harmattan, Paris, 1999)

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