Regard sur l'état de l'écosystème aquatique du bassin versant de la rivière Richelieu : dix ans plus tard

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Par Johanne Dion

Co-fondatrice du Comité richelois pour une meilleure qualité de vie


 

En mars 1998 sortait de la Bibliothèque nationale du Québec une évaluation exhaustive de la santé du plus important affluent de la rive sud du fleuve Saint-Laurent, la rivière Richelieu, gracieuseté de la Direction des écosystèmes aquatiques du Ministère de l’Environnement et de la Faune du Québec (1).

L’État de l’écosystème aquatique du bassin versant de la rivière Richelieu (EEABVRR) suivait le rapport synthèse sur l’état du fleuve Saint-Laurent publié en 1996 par le Centre Saint-Laurent. Ce rapport évaluait les apports toxiques (organiques, inorganiques et totaux) à l’embouchure de cinquante et un tributaires du fleuve Saint-Laurent. Se basant sur le débit moyen annuel des rivières, un indicateur, l’indice Chimiotox, mesure l’importance de près de vingt contaminants. Parmi ces contaminants, on compte cinq classes de composés organiques (H.A.P., B.P.C., D.D.T., etc), cinq substances organiques (atrazine, diazinon, etc) et neuf métaux (Cd, cobalt (Co), Cr, Pb, etc). La rivière Richelieu faisait partie de la liste des rivières où le taux d’apports toxiques était le plus élevé. Elle était bonne première à présenter le taux le plus élevé d’apports inorganiques (2).

 

Bravo!

La synthèse vulgarisée de l’EEABVRR donnait froid dans le dos, et l’étude elle-même, de deux bons centimètres d’épaisseur, était bourrée de renseignements intéressants, bien que très déprimants pour une personne attachée à la rivière, comme je le suis depuis mon enfance.

 

Quelle est la conclusion de la synthèse, en quelques mots ? L’écosystème aquatique du bassin est «perturbé». Dans mon échelle des valeurs, de l’eau propre pour la faune et la flore, c’est tout aussi important que pour les usages qu’en font les humains.

Je vais essayer de regarder à la fois les impacts humains et environnementaux depuis les dix dernières années de ce cours d’eau malpropre. À ma connaissance, aucune étude d’une portée et d’une profondeur semblable à l’EEABVRR n’a été faite depuis celle de 1998 pour mesurer les progrès ou les reculs en assainissement de la rivière Richelieu.

Selon le site internet du Ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, ou MDDEP comme on l’appelle maintenant, il y a huit prises d’eau pour les aqueducs qui prennent leur eau dans la rivière Richelieu. Le même site mentionne que plus de soixante douze pour cent de la population de la Montérégie prend son eau potable en surface (3). D’où l’importance d’évaluer ce qui s’y trouve et de diminuer ce qu’on y ajoute.

Depuis quelques années, l’accent a été mis sur la présence du phosphore et des phosphates dans nos plans d’eau.  Ces produits sont pointés du doigt comme la source des algues bleues-vertes qui font la une des journaux (4). Mais si on regarde au-delà de nos frontières, en Bretagne, par exemple, ce sont les nitrites et les nitrates qui sont les éléments repères quand on évalue la pollution d’un cours d’eau (5). Nous  avons pu aussi suivre l’écologiste Daniel Green prendre des échantillons dans différents cours d’eau pour en mesurer la teneur en coliformes, et il nous encourage à faire de même, surtout à cause de la facilité à manipuler les Coliplates (TM) (6).

Mais on le sait, la vraie vie est beaucoup plus compliquée que çà. Comme l’air que l’on pollue avec toutes sortes de particules, fines et moins fines, et tous les gaz à effet de serre (GES), CO2 et autres, l’eau demeure quand même le dilueur par excellence, le «solvant universel» et on y trouve une quantité incroyable de polluants. Je vais regarder ici quelques polluants toxiques trouvés dans la rivière Richelieu selon l’EEABVRR, il y a dix ans, comprendre la signification de leur présence et leur impact potentiel.

Il me semble important d’en limiter l’introduction «à la source» dans notre eau potable afin d’en garder le prix de l’assainissement le plus bas possible, et de trouver des moyens de les filtrer, de façon naturelle de préférence, à un coût minimum. Pour en évaluer l’importance, je regarde les effets sur la santé humaine et sur les écosystèmes sur lesquels nous dépendons tous pour notre survie.

Voici quelques substances décelées dans l’eau et les poissons de la rivière Richelieu dans l’EEABVRR de 1998 :

 

Le plomb

En 1990, deux cent quarante sept terrains contaminés au plomb ont été restaurés dans le voisinage de la compagnie Balmet à Saint-Jean-sur-Richelieu. Quatre mille six cent quarante tonnes de sols contaminés ont été éliminés (voir «État de l’environnement au Québec»,MEF,1993) (7).

Pourtant en 1995, on mesurait encore une hausse de cinquante pour cent en teneur de plomb dans l’eau de la rivière Richelieu en bas de Saint-Jean comparé à l’eau en amont selon les mesures prises par Berryman et Nadeau dans l’EEABVRR. Des études faites sur le meunier noir pêché dans la rivière Richelieu indique une relation certaine entre la contamination en plomb des sédiments dans le fond de la rivière et la teneur en plomb mesurée dans la chair de ce poisson. Les sources de contamination de la rivière n’ont pas été cernées avec précision, mais selon la chercheure Isabelle Piché dans l’EEABVRR de 1998,  on pointe du doigt les industries à Saint-Jean-sur-Richelieu, le champ de tir de la municipalité de l’Acadie et la chasse aux canards près de Chambly. 

Une étude de Vernon Thomas, de l’Université de Guelph en Ontario, a démontré qu’un canard mourra empoisonné en moins de deux semaines après avoir ingéré huit billes de plomb (8). Chez l’humain, l’exposition au plomb a des effets dévastateurs aussi : une jeune fille qui a grandi dans un environnement pollué au plomb en aura absorbé dans son organisme, pourra donner son plomb avec son calcium à son foetus plus tard, et ce plomb affectera le développement mental de son enfant, selon Bill Jameson du National Institute of Environmental Health Sciences à Washington, DC (9).  D’autres études confirment les effets néfastes de la pollution du plomb, même à petites doses : il réduit le QI des enfants, selon l’analyse de J. Schwartz dans le prestigieux Journal of the American Medical Association en 1999. Il souligne également que le plomb est associé à des problèmes de lecture, à l’inattention à l’école, à la délinquance, à une perte d’ouïe, à des carie des dents, à des fausses couches, à des maladies rénales et cardiovasculaires (10). Et tout récemment, comme si ce n’était pas suffisant, d’autres études ont trouvé un lien entre le plomb et les comportements violents chez l’humain (11).

Vu les effets dévastateurs du plomb, ne sommes nous pas dû, nous les clients des aqueducs municipaux, dix ans plus tard, de savoir si sa présence va en diminuant ou en augmentant dans la rivière Richelieu?

 

Les phtalates

Une autre sorte de polluant détecté dans la rivière Richelieu est les phtalates. Les phtalates sont un groupe de produits chimiques utilisés comme plastifiants, c’est-à-dire qu’ils servent à amolir les PVC. C’est aussi un ingrédient dans la peinture, les adhésifs et certaines encres. Les sources de phtalates dans le milieu aquatique sont les usines de PVC, de textiles et de papiers. On trouve des phtalates dans les eaux d’écoulement des dépotoirs et les eaux de ruissellement urbain. Les incinérateurs peuvent laisser échapper des phtalates également. Les phtalates aboutissent mêlés aux sédiments au fond des cours d’eau (12).

La rivière Richelieu renferme six différents sortes de phtalates. Ils ont été mesurés. Les municipalités d’Iberville et de Saint-Jean-sur-Richelieu sont des sources de pollution aux phtalates (à cette hauteur de la rivière, les mesures sont 4,8 à 16 fois plus élevées qu’en amont de Saint-Jean , dépendant de la sorte de phtalate retrouvé dans l’eau). McMasterville est aussi une autre source de pollution aux phtalates, mais ce qui est plus curieux, c’est que l’on trouve une certaine sorte de phtalate, du bis(2-éthylhexyl)phtalate A,  juste en amont de Saint-Jean-sur-Richelieu, ce qui suggère une source insoupçonnée, selon les chiffres de Berryman et Nadeau dans l’EEABVRR.

Bien qu’un centre de recherche en Grande Bretagne fixe la limite permissible de phtalates dans l’eau de quatre à quatre cents microgrammes par litre, le SEPA (Scottish Environment Protection Agency) a publié un rapport en 1996 qui dit que la limite devrait se trouver entre un et deux microgrammes par litre (13). Dans la rivière Richelieu, par exemple, une sorte de phtalate en amont de Saint-Jean-sur-Richelieu a été mesuré à trois microgrammes par litre, et à la jonction du Richelieu, L’Acadie et Des Hurons, on a mesuré un phtalate à six microgrammes par litre, sans trop comprendre d’où pourrait venir ce polluant à cet endroit (voir Berryman, Nadeau dans l’EEABVRR).  Chez les poissons, l’exposition aux phtalates provoque des mutations sexuelles, des mâles féminisés, des retards dans le développement des testicules (14).

Chez l’humain, on croit que l’homme qui est souvent en contact avec les PVC court des risques plus probables d’avoir des cancers des testicules. Des études scientifiques avancent des possibles liens avec les phtalates utilisés pour amollir et augmenter la flexibilité des PVC (Lennart Hardill et collègues au Medical Center, Orebro, Suède, «International Journal of Cancer», vol.73, p. 828) (15).

Pour les études les plus récentes sur les effets des phtalates, je me réfère au site de l’Environmental Research Foundation : l’ensemble des observations indiquent que les phtalates influencent le système de reproduction de la faune, et ont des effets sur les humains (16).

 

L’atrazine

L’atrazine est un herbicide utilisé dans la culture du maïs, mais qui est pourtant banni dans la plupart des pays d’Europe (17). Au Québec, le Code de gestion des pesticides, en vigueur depuis le 3 avril 2003, s’est voulu efficace, mais en réalité, laisse encore beaucoup à désirer. Il est  plus sévère pour l’usage domestique, les espaces publics et autour des garderies, mais beaucoup moins pour les terrains de golf et l’agriculture (18). Encore en 2007, la Fondation David Suzuki mentionnait que l’atrazine était l’herbicide le plus employé en Ontario, soit cint cent mille kilogrammes par année (19). Il est très difficile d’avoir les chiffres exacts pour le Québec, car il n’est pas obligatoire au Canada d’enregistrer les ventes de pesticides (20). L’atrazine est détecté parfois dans l’eau souterraine ou de surface. Dans le bassin de la rivière Richelieu, jusqu’en 1998, il était surtout mesuré dans les rivières des Hurons et l’Acadie. C’est un pesticide très souvent retrouvé dans toutes les rivières qui drainent les terres agricoles (21). Vu que l’agriculture a pris une ampleur considérable le long de la rivière Richelieu depuis les dix dernières années, il serait bon d’avoir des chiffres plus récents.

Dans des essais sur des chiens, l’atrazine provoquait des problèmes de coeur, de sang et de tremblements. Avec les rats, les mâles avaient tendance à souffrir de cancer du sein en plus grand nombre, à la suite d’un contact avec l’atrazine. L’atrazine donné à des rates en gestation occasionnait une deuxième génération avec un poids sous la normale et un taux élevé de mortalité. L’atrazine semble aussi avoir des effets hormonaux sur l’organisme, influançant les glandes, et causant des tumeurs chez les rats (22).

Selon le Science Daily, il n’y a pas d’effets prouvés que l’atrazine a des effets négatifs sur l’homme. Pourtant, on fait de gros efforts pour que le pesticide ne se trouve pas dans les cours d’eau aux États-Unis (23). C’est un produit chimique indicateur de pollution agricole : c’est le pesticide à faire mesurer en laboratoire quand on fait analyser son eau potable, surtout après les saisons d’application de pesticides.  Au printemps, les teneurs d’atrazine dans l’eau excèdent souvent les standards fixés par le Safe Drinking Water Act des États-Unis (dans l’introduction de Al Gore du livre «Silent Spring» de Rachel Carson, réédition 1994).

Plusieurs chercheurs ont trouvé des moyens naturels de décontaminer l’eau qui contient de l’atrazine. Entre autres, les chercheurs Rob McKinley et Charlie Kasperek ont purifié de l’eau à des teneurs d’atrazine à six PPM par des iris jaunes et des joncs : la décontamination se fait au niveau des racines par action microbienne (24). Un ingénieur en environnement à l’Université du Missouri-Rolla, Dr Joel Burken, a prouvé que les peupliers décontaminent l’eau et le sol de l’atrazine qu’ils contiennent par un processus chimique du nom de phytoremediation, en remplaçant la molécule de chlore dans l’atrazine. Ni l’arbre ni ses feuilles ne deviennent toxiques (25).

Beaucoup de pesticides sont utilisés en agriculture, malgré les promesses des promoteurs des plantes génétiquement modifiées (GM) qui assuraient qu’on en aurait moins besoin. Quels sont les autres pesticides qui aboutissent dans les cours d’eau? Y-a-t-il plus ou moins d’atrazine épandu sur les terres agricoles du bassin versant de la rivière Richelieu dix ans plus tard?

 

Les BPC

À la hauteur de Saint-Jean-sur-Richelieu, le taux de BPC fait un bond de cinquante pour cent dans la rivière Richelieu (26).

Les BPC (biphényles polychlores) sont des composés aromatiques organochlorés dérivés du biphényle industriellement synthétisé, proche des polychloroterphényles, polychlorodibenzo-furanes et des dioxines. Ils font partie des contaminants bioaccumulables et trouvés dans certains tissus gras chez l’humain, y compris dans le lait maternel.  Bien qu’ils ne soient plus fabriqués aux États-Unis (et on peut penser au Canada aussi), nous sommes encore exposés aux BPC à cause de leur résistance à la dégradation : les BPC persistent dans l’environnement pour des décennies.

Selon le site de l’EPA des États-Unis, des études récentes faites autour des Grands Lacs indiquent que la source principale d’exposition aux BPC est la consommation de poissons. Certains groupes ethniques, les pêcheurs sportifs, les femmes enceintes et les enfants qui mangent le plus de poissons contaminés, sont plus à risque.

On soupçonne les BPC  de causer des problèmes de reproduction, des problèmes de comportement et de développement chez le nouveau-né jusqu’à l’âge scolaire à cause de leur exposition aux BPC dans l’utérus avant leur naissance. Il y a une corrélation avec un taux élevé de BPC dans le sang et des maladies rénales, le diabète, des problèmes de thyroïde et du système immunitaire. On pense que certains cancers sont associés aux expositions aux PCB (27).

Je pense que les pêcheurs, essentiellement ceux qui mangent leurs prises, devraient être alertés de la présence de BPC dans la rivière Richelieu, surtout en aval de Saint-Jean-sur-Richelieu. Les chiffres de 1998 commencent à prendre de l’âge, et une mise à jour serait utile.

 

Le DDE :  un pesticide organochloré

Le DDE est un produit de dégradation du pesticide organochloré DDT qui est très persistant dans l’environnement et dont l’utilistation est restreinte depuis 1970, mais qui persiste par bio-accumulation. Même s’il n’est plus utilisé dans notre pays, ce composé chimique migre au travers de la planète et se retrouve dans nos poissons et nos oiseaux. Le DDT et le DDE auraient été la cause de la presque-disparition de nos gros oiseaux de proie qui mangent beaucoup de poissons (28).

Dans la chair du poisson pêché dans la rivière Richelieu, le DDE est décelé à des concentrations sous le critère de Santé Canada (cinq mille microgrammes par kilogramme) et inférieures au critère de faune terrestre (trente neuf microgrammes par kilogramme) de l’EPA des États-Unis de 1995. On a détecté le DDE dans la chair du grand brochet pêché un peu partout dans la rivière Richelieu. Le Bassin de Chambly remporte la palme à onze microgrammes par kilogramme. La chair du doré jaune contient aussi du DDE, de deux à quatorze microgrammes par kilogramme, dépendant de l’endroit où il a été pêché dans la rivière. Le meunier noir contient aussi du DDE partout dans la rivière Richelieu et les teneurs les plus élevées ont été mesurées dans la rivière l’Acadie et à Beloeil. Dans le meunier noir, le DDE a diminué depuis 1978 à Lacolle et à Saint-Jean-sur-Richelieu, mais on voit une hausse à la hauteur de Saint-Marc-sur-Richelieu depuis 1981, selon l’EEABVRR de 1998.

William Kelce de l’EPA (Environmental Protection Agency) affirme que le DDE est un anti-androgène : il bloque les effets des hormones mâles androgéniques (revue Nature, June 1995) (29). Le directeur clinique Walter Rogan du U.S. National Institute of Environmental Health Sciences affirmait en 1997 que les enfants féminins de femmes exposées au PCB et au DDE maturaient sexuellement onze mois plus rapidement que la moyenne de la population (30). Des études précédentes avaient démontré que les filles qui atteignent leur puberté à un âge plus jeune ont plus de chance d’avoir le cancer du sein plus tard (Walter Rogan, Research Triangle Park, North Carolina, présentation à la conférence d’Arlington, Virginia, juillet 1997).

Vu les effets désastreux à long terme du DDE, ne serait-il pas logique d’en suivre la présence dans les rivières qui alimentent les aqueducs de nos villes? Que s’est-il passé depuis dix ans dans le bassin de la rivière Richelieu?

 

Conclusion

Sans une autre étude semblable dix ans plus tard, comment saurons-nous si nous avons fait des progrès, ou si la santé aquatique du bassin s’est détériorée d’une manière irrémédiable? D’une façon similaire à la Loi sur le développement durable, où les ministères «partent sans guides précis, sans objectifs» selon le commissaire du développement durable Harvey Mead (31), « Le bassin de la rivière Richelieu : l’État de l’écosystème aquatique » du Ministère de l’Environnement et de la Faune en 1995, dont la synthèse est sortie en 1998 sous le nom de « État de l’écosystème aquatique du bassin versant de la rivière Richelieu », aurait besoin qu’on s’en serve comme guide pour fixer des objectifs et mesurer les changements.

J’aimerais, en effet, qu’on refasse les mêmes mesures qu’il y a dix ans pour évaluer les progrès et les reculs du bassin de la rivière Richelieu. Par contre, il faudrait que ces mesures soient complétées par d’autres afin de connaître la contamination de l’eau due aux hormones, aux médicaments comme les antibiotiques et le pollen d’OGM qui se déposent dans les sédiments.

La population humaine ainsi que les animaux d’élevage ont tous augmenté en dix ans en Montérégie. Nous savons que nous rejetons des hormones naturelles par nos urines, mais il y a aussi l’usage des hormones prises sous ordonnance médicale qui s’y ajoutent (32). Le nombre de personnes qui prennent des médicaments a augmenté aussi : je connais quelqu’un qui a dû essayer trois antibiotiques différents pour venir à bout d’une simple infection d’orteil. Aussi, les bactéries résistantes aux antibiotiques sont un problème grave qui prend de l’ampleur : quel rôle joue notre eau d’aqueduc dans ce puzzle (33)?

Je sais que les grosses porcheries ajoutent habituellement des antibiotiques en sous-dosage dans la moulée (34). Puisque le nombre des élevages a augmenté en nombre et en grosseur depuis dix ans en Montérégie, pourrait-on vérifier l’hypothèse que ces sources d’antibiotiques qui aboutissent dans nos cours d’eau, après les épandages de lisier et les pluies qui lessivent les terres, auraient un impact sur la santé humaine.

Et nous savons maintenant que le pollen de plantes transgéniques avec leur capacité de tuer à cause du BT dans leurs cellules se retrouve dans la nature et pourrait faire des ravages insoupçonnés (35). Comme le maïs et le soya GM sont des plantes largement cultivées en Montérégie, ne serait-il pas logique d’en suivre les traces dans notre environnement? 

Qui sait? Dans une autre dizaine d’années, d’autres composés chimiques viendront s’ajouter à la liste de ce que l’ontrouve dans l’eau et les poissons de nos rivières!  En tout cas, tant que la rivière qui coule devant chez moi changera de couleur à chaque pluie de deux cm ou plus, moi, je veux savoir ce qu’il y a dedans!

 

 


 

Quelques photos de la rivière Richelieu

depuis l’ancien barrage hydro-électrique de la Montréal Light, Heat and Power Company

(Cliquez sur une image pour l’agrandir)

 

 

 

 

 Photos : Johanne Dion

 

 


 

 

Par Johanne Dion

 Co-fondatrice du Comité richelois pour une meilleure qualité de vie

 

Native de la ville de Richelieu, Johanne Dion milite activement pour l’assainissement de la rivière Richelieu depuis 1985. Ses nombreux écrits et lettres d’opinions sur les questions environnementales ont été publiés dans divers journaux et revues. Co-fondatrice du Comité Richelois pour une Meilleure Qualité de Vie (CRMQV) en 2005, elle est aussi bénévole pour le groupe Conservation de la Nature, où elle milite pour la protection des frayères du chevalier cuivré. Elle a aussi participé à des travaux de restauration des berges de la rivière Richelieu avec Conservation de la Nature et Covabar à l’été 2006.

 


Sources :

(1) Lien vers le site Internet du MDDEP

(2) Centre Saint-Laurent (1996) : Rapport-synthèse sur l’état du Saint-Laurent.. Volume 1 : L’écosystème du Saint-Laurent ; Volume 2 : L’état du Saint-Laurent 1996. Egalement disponible sur CD-ROM. Québec : Éditions MultiMondes

(3) Lien vers le site Internet du MDDEP 

(4) Les cyanobactéries dans l’eau, que faire? 

(5) Effets des nitrates sur la santé et l’environnement 

(6) Article de presse : Qualité de leau : Feu vert aux surfeurs (Canoë)

(7) Lien vers le site Internet du MDDEP 

(8) Article de presse : Crunch time for lead shot ban (NewScientist)

(9) Article de presse :  Past lead pollution poisons unborn children (NewScientist)

(10) Article de presse : Low-Level Environmental Lead Exposure and Children’s Intellectual Function: An International Pooled Analysis (Environ Health Perspect)

(11) Article de presse : Lead Exposure Linked to Violent Crime, Brain Changes (Discovery News)

(12) Définition : Phtalate (Wikipédia)

(13) et (14) Factories face limits over sex-change pollution (NewScientist) 

(15) Article de presse : Swedish Research Suggests PVC-Cancer Link  

(16) Article de presse : Here We Go Again (Environmental Research Foundation)

(17) Lien vers le site Internet de l’European Public Health Alliance

(18) Lien vers le site Internet du MDDEP

(19) «Prescription for a Healthy Canada – Towards a National environmental Health Strategy«, David Suzuki Foundation, 2007

(20) Lien vers Environmental Indicators 

(21) Lien vers Environnement Canada 

(22) Lien vers Santé Canada 

(23) Article de presse : Atrazine Runoff Jeopardizing Herbicide’s Use By Farmers (ScienceDaily) 

(24) Lien vers Journal of Environmental Quality : Pesticide Removal from Container Nursery Runoff in Constructed Wetland Cells 

(25) Article de presse : In the future, scientists may leave industrial site cleanups to poplars (Bay journal) 

(26) Lien vers le site Internet d MDDEP 

(27) Lien vers l’Environmental Protection Agency

(28) Lien vers Environnement Canada : Les toxiques dans les oeufs du Balbuzard pêcheur 

(29) Lien vers l’Environmental Research Foundation : The challenge of our age

(30) Lien vers le Time magazine : Teens Before Their Time 

(31) Article de presse : Rapport du commissaire au développement durable – Le Québec n’est pas si vert, dit Mead (Le Devoir) 

(32) Lien vers le blogue Postraumatik 

(33) Article de presse : Le Saint-Laurent «traité»aux antibiotiques (Le Devoir) 

(34) Lien vers le Ministère de l’agriculture, de l’alimentation et des affaires rurales de l’Ontario : Utilisation des antibiotiques comme stimulateurs de croissance: controverse et solutions 

(35) Article de presse : La haute autorité sur les OGM émet des doutes sur l’innocuité du MON810 (Actu-Environnement)

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