Initiative lavalloise de lutte aux îlots de chaleur : planter des arbres ne suffit pas

0

Par Nathalie Villeneuve

Îlots de chaleur, qualité de l’air, émissions de gaz à effet de serre, conservation des espaces verts et de la biodiversité… Tous les maillons d’une même chaîne qu’il faut réunir. «Il faut revoir le concept d’aménagement urbain», résume le directeur du Conseil régional de l’environnement de Laval, qui salue tout de même l’initiative lavalloise.

«Ils donnent un grand coup et c’est bienvenu, dit le directeur du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, Guy Garand. Ce secteur est un véritable désert urbain.» Pour lui, toutefois, la plantation de 1575 arbres qui débutera cet automne au centre-ville est avant tout une action tape-à-l’œil, qui vise à redorer l’image environnementale de la Ville.

L’administration du maire de Laval Gilles Vaillancourt dévoilait, le 7 août, un vaste chantier vert sur de grands axes du centre-ville. Une opération de plus de 1,5 M$ qui sera financée par une taxe aux commerces environnants.

Autour de l’automobile
Initiateur d’une étude publiée cet hiver sur les îlots de chaleur du territoire de la CMM, M. Garand milite pour un plan d’ensemble, qui intègre tous les éléments d’une ville, pour arriver à un véritable développement durable.

«En 25 ans, on n’a pas corrigé le tir, on construit toujours autour de l’automobile», dit-il. «Et dans les nouveaux quartiers commerciaux et résidentiels, on rase tout ce qui est vert, pour reboiser ensuite, à grands frais», déplore-t-il.

«Band-Aid»
Si l’initiative de la Ville est louable, elle n’apporte qu’un mince baume sur une grande plaie, estime le directeur du CRE Laval. Il se dit peu impressionné par l’administration municipale qui se targue d’avoir planté, sur le territoire lavallois, 169 307 arbres depuis 2004.
«On en a coupé combien, pour le développement?» Il va plus loin encore. «La plantation et l’entretien de ces 169 307 arbres coûtent aussi cher que l’achat d’une forêt.» Selon les détails fournis par la municipalité au sujet de son projet de verdissement du centre-ville, il en coûte près de 500 $ pour planter un arbre.

Comme les arbres plantés sur les artères urbaines sont de diamètre respectable, et que les 169 307 arbres plantés partout sur le territoire comprennent aussi des arbres de plus petite dimension ― ceux plantés dans les bretelles d’autoroutes, par exemple ― on peut établir le prix d’un arbre moyen à 200 $, estime le directeur du CRE de Laval.

À ce prix, les arbres plantés depuis 2004 donnent une facture de 33 861 140 $. Une somme qui permettrait d’acheter, à gros prix (environ 200 000 $ l’hectare), un espace de 169,3 ha, soit quelque chose de comparable au bois de l’Équerre, à Sainte-Rose, qui fait 187 ha.

En achetant une forêt, on assure l’absorption de gaz à effet de serre et on protège les quartiers environnants des îlots de chaleur. Mais par-dessus tout, on protège la biodiversité. Ce qu’un aménagement paysager dans un environnement de bitume, même s’il compte des centaines d’arbres, ne peut faire.

La morale de l’histoire: «Arrêtons de couper et protégeons les forêts qu’on a d’abord. Plantons ensuite.»

Par Nathalie Villeneuve

Partager.

Répondre