L’indépendance face au pétrole, les défis pour les ingénieurs

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Par Ghyslain Barbeau



Comment le Québec peut-il devenir indépendant face au pétrole? La question signifie bien plus que diminuer la consommation d’hydrocarbures; elle implique un virage fondamental. Le Groupe de recherches écologiques de La Baie (GREB) est l’un des leaders au Québec dans la réflexion sur cet enjeu non seulement environnemental, mais aussi et surtout économique. Engagé dans cette démarche, le GREB a réalisé cinq études qui se sont penchées sur les moyens de sécuriser les approvisionnements énergétiques du Québec, de contrôler efficacement les émissions de gaz à effet de serre provenant du secteur énergétique et de s’assurer la faisabilité technico-économique des scénarios de planification énergétique. Patrick Déry, consultant en énergie, agriculture et environnement rendait compte de ces travaux hier à Montréal à l’occasion du Congrès 2008 du réseau des ingénieurs du Québec, ayant pour thème « L’ingénieur au centre du développement durable ».

Le pétrole, un problème pour le Québec

Le Québec n’a pas de ressources pétrolières suffisantes et plusieurs problèmes sont liés à la nécessité de son importation. Sur le plan économique, en 2008, notre dépendance au pétrole amènerait des pertes probables de 20 milliards de dollars pour la balance commerciale du secteur énergétique du Québec. De plus, des problèmes d’approvisionnement sont à prévoir dans l’avenir en raison de l’épuisement des réserves des pays fournisseurs. Ces derniers ont diminué leurs investissements massifs pour renouveler l’équipement de production du pétrole et pour la recherche de nouveaux forages.

Contrairement à ce que l’on peut croire, le pétrole, et non l’hydroélectricité, est la principale source d’énergie utilisée au Québec, avec un bilan de consommation de 39,49 % de l’énergie totale. De plus, le domaine de l’énergie représente 75 % des émissions totales de gaz à effet de serre et la combustion du pétrole y contribue à près de 60 %. Heureusement, croit Partrick Déry, « le Québec a la chance de disposer du territoire et des ressources naturelles nécessaires pour être indépendant en énergie ».

L’« Indépendance au pétrole pour 2030 »

Le dernier rapport de monsieur Déry présente plusieurs scénarios de planification énergétique en tenant compte de la production et la consommation d’énergie. Par contre, le seul scénario permettant d’atteindre les objectifs de cette démarche est celui de l’« Indépendance au pétrole pour 2030 ».

Ce modèle permettrait de diminuer grandement notre dépendance aux ressources nonrenouvelables, telles que le pétrole et le charbon. Ces sources polluantes seraient substituées au profit d’énergies renouvelables comme l’hydroélectricité, la biomasse, l’éolien et le solaire que l’on retrouve au Québec. Bien entendu, ce projet aurait des impacts positifs, en autres par l’amélioration de la balance commerciale du secteur énergétique, en créant des emplois en région et en diminuant les émissions de GES de 76 % sous le seuil des niveaux de 1990.

Défis pour les ingénieurs

Selon Patrick Déry, pour atteindre cet objectif, de nombreux défis sont à relever par les ingénieurs du Québec. En effet, la faisabilité technique du projet exige des avancées scientifiques en ce qui concerne l’électrification du transport, la technologie de biomasse liquide (BTL), la fiabilité des réseaux électriques, l’aménagement du territoire par rapport au transport, pour ne mentionner que ceux-ci. « Il est important d’intégrer la question énergétique dans l’ensemble de la profession d’ingénieur», souligne Patrick Déry.

Le dernier rapport de monsieur Déry devrait suivre les consultations régionales au printemps et le Forum national à l’automne 2009 portant sur la planification énergétique et la dépendance du Québec au pétrole. Ces consultations sont organisées dans toutes les régions du Québec par le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ) et l’Institut du Nouveau Monde (INM). L’équipe du GREB souhaite ainsi avoir l’avis et l’appui de la population, tout en rassemblant des partenaires de tous les secteurs clés, afin d’aller de l’avant avec ce projet. Le Réseau des ingénieurs du Québec et les ingénieurs sont invités à participer à cette démarche importante pour l’avenir énergétique du Québec.


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