Le prix de l'or

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Par Simon Laquerre, directeur général du Conseil régional de l’environnement de l’Abitibi-Témiscamingue, pour le journal La Frontière

Les audiences publiques concernant le titanesque projet de mine à ciel ouvert Canadian Malartic tirent à leur fin. Le rapport du BAPE sera remis à la ministre du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs en juillet. Si elle donne son aval au projet, c’est qu’elle aura considéré qu’il s’agit de développement durable. Or, démontrer une telle chose équivaut à réussir la quadrature du cercle : c’est impossible!


Pourquoi? Parce que le gigantisme des installations projetées, la cadence effrénée d’exploitation et la courte durée de vie du projet (15 ans) sont en contradiction avec les principes du développement durable. Les ressources minérales sont non renouvelables et il faudrait donc en étaler l’exploitation sur une très longue période et n’extraire que ce qui est strictement nécessaire.


Quinze ans seront vite passés. Que restera-t-il à Malartic après cette période? Six mines d’or y ont déjà opéré par le passé, laissant tout de même la ville en piteux état…


Dans un conseil d’administration, les décisions délicates doivent recevoir l’appui d’au moins 2/3 des membres. Pourquoi les citoyens d’une ville dont on souhaite à jamais changer le visage n’ont-ils pas le même droit de regard? Le développement durable implique une composante sociale et aucune relocalisation liée à un projet minier ne devrait être exclue des études d’impacts comme ce fut le cas à Malartic.


La compagnie devrait au moins avoir la décence d’accepter de remblayer la fosse à la fin des opérations et de payer avant le début de l’exploitation la totalité des frais de restauration postfermeture.


Considérant les coûts environnementaux et sociaux et sachant que près de 80 % de l’or qui sera extrait du site de Malartic servira à la fabrication de bijoux, n’est-ce pas trop cher payer?

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