Montréal, le 10 mai 2008- Après avoir pris connaissance du rapport du Bureau des audiences publiques en environnement (BAPE) sur la demande d’agrandissement controversée du site d’enfouissement de Sainte-Sophie, le Conseil régional de l’environnement de Montréal (CRE-Montréal) considère que le gouvernement du Québec doit aller plus loin que les recommandations des commissaires en n’autorisant l’enfouissement que pour les 3 prochaines années et que les volumes soient ajustés en conséquence et revus à la baisse afin d’atteindre les objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles.
Le CRE-Montréal considère que si le gouvernement du Québec suivait la proposition du BAPE, d’autoriser la demande du promoteur Waste Management d’enfouir annuellement 1,25 millions de tonnes par an pour les cinq prochaines années, pour seulement ensuite ajuster à la baisse en fonction des choix de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), il se trouverait en contradiction avec ses propres démarches : son nouveau programme de financement des infrastructures municipales de digestion anaérobie et la mise en place imminente de sa prochaine Politique de gestion des matières résiduelles.
Selon Coralie Deny, directrice adjointe au CRE-Montréal, « avec l’implantation de son important programme de financement des infrastructures municipales de digestion anaérobie, le gouvernement a répondu à la demande unanime des municipalités du Québec de miser sur la valorisation des matières organiques pour atteindre les objectifs de la Politique. Les municipalités sont prêtes à mettre en place de telles infrastructures et la collecte à trois voies qui va avec, avançant un délai de trois ans pour le faire. Les matières putrescibles qui iraient dans ces usines à compost et à bioénergie ne viendraient plus s’ajouter aux montagnes de déchets des sites d’enfouissement. Quand on sait que 40% de l’ensemble du sac vert est fait de telles matières, il est facile de comprendre l’incidence d’un tel détournement sur les quantités à enfouir. »
Tout porte donc à croire que l’élimination n’aura plus la côte dans les prochaines années : avec sa prochaine Politique de gestion des matières résiduelles, le gouvernement provincial ne pourra qu’aller plus loin que la précédente; un nouveau règlement provincial va bientôt voir le jour sur les produits électroniques; le gouvernement fédéral est à étudier la question de l’emballage écologique; les entreprises sont de plus en plus nombreuses à se doter d’une politique d’achat responsable et d’une gestion basée sur des principes de développement et enfin, l’enfouissement est maintenant assujetti à une redevance qui devrait augmenter au cours des prochaines années.
Le CRE-Montréal dénote par ailleurs que le BAPE est en contradiction avec ses propres recommandations, puisqu’il autorise aujourd’hui l’enfouissement de 1,25 millions de tonnes annuellement alors que dans son rapport du 2 avril 2004 concernant la précédente demande d’agrandissement, il stipulait clairement que « la capacité autorisée pour l’agrandissement du lieu d’enfouissement sanitaire de Sainte-Sophie ne devrait pas excéder un million de tonnes de matières résiduelles par an, puisque celle-ci est basée sur l’atteinte des objectifs de la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008 » (Avis 42).
Le CRE-Montréal déplore également le manque de vision du BAPE dans ce dossier, qui n’a pas considéré que la prochaine Politique pourrait se doter d’objectifs de détournement majorés en plus d’une diminution du taux de génération de matières résiduelles par le biais de la réduction à la source, donc d’une diminution du taux d’élimination plus important que 1% par an. En donnant ainsi le feu vert à poursuivre allègrement l’enfouissement, le BAPE se positionne à contre-courant du mouvement de fond en faveur de la hiérarchie des 3R au détriment de l’élimination.
« Le gouvernement du Québec a l’occasion dans ce dossier du L.E.T. de Sainte-Sophie, l’un des plus gros du Québec, de prouver qu’il est conséquent avec toutes ses autres décisions et en accord avec la volonté générale de faire le vrai virage vers les 3 R, tout cela dans le respect de l’équité territoriale et de la qualité de l’environnement des citoyens de Sainte-Sophie », conclut Coralie Deny.
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Leïla Copti
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