Par Nicole Béland,
B.Sc. géologie
Dans la cause environnementale, les opinions sur les tactiques à utiliser sont divisées. La majorité des activistes œuvrent dans le respect des règles parlementaires. Cependant, ils n’obtiennent jamais cette formidable tribune que Sébastien Bois a obtenue avec la pluie de petits papiers jaunes qu’il a lancée le 26 novembre sur l’Assemblée nationale, alors que la ministre Nathalie Normandeau réitérait son intention de procéder à la reconstruction de la centrale nucléaire Gentilly-2. Monsieur Bois avait déposé plus tôt ce jour là une pétition de 2 000 signatures de citoyens de la région de la Mauricie et des environs opposés à la reconstruction de Gentilly-2. Il était alors accompagné d’une dizaine d’environnementalistes et de la député de Champlain qui ont été surpris par son geste, tout autant que les membres de l’assemblée. Qu’est-ce qui explique le geste de monsieur Bois ? A-t-il réagi à l’arrogance de madame Normandeau dans son acte délibéré d’ignorer cette pétition ? Monsieur Bois s’est vu banni à vie de l’Assemblée nationale pour avoir posé un geste de désobéissance civile pacifique et symbolique. Quelle dure réprimande pour un ardent démocrate et quel cynisme à l’égard de cette demande légitime de citoyens de laisser les Québécois trancher sur le sort de Gentilly-2. Sébastien Bois est rédacteur en chef d’un journal de rue basé à Trois-Rivières et fondateur du regroupement Citoyens mauriciens pour le déclassement nucléaire (CMDN). Il a une formation en anthropologie et comme la plupart des environnementalistes, il est épris de justice sociale. Les grands médias veulent de l’information-spectacle et Sébastien Bois leur en a donné ce jour là. Le dimanche précédent, un grand rassemblement s’est déroulé dans l’ordre et la légalité devant le siège social d’Hydro-Québec. Cet événement est passé totalement sous silence dans les grands médias alors que plusieurs acteurs majeurs de la société québécoise dont le parti Québécois, Québec solidaire, le parti Vert et les centrales syndicales CSN et CSQ, ont uni leurs voix pour réclamer plus de transparence de la part des dirigeants d’Hydro-Québec et exiger du parti Libéral, la tenue d’une vaste consultation publique sur l’avenir énergétique des Québécois. Quand un enfant désobéit, il faut le réprimander. En ce sens, les journalistes sont parfois de très mauvais éducateurs. Ils ont encouragé le geste de Sébastien Bois et l’ont récompensé en lui accordant toutes les tribunes d’un coup. Il a ainsi obtenu 16 entrevues non sollicitées avec les médias le lendemain de son coup d’éclat. Les journalistes se sont précipités là-dessus comme sur des petits pains chauds et ont écrit leurs articles presque tous sous le même angle; celui de la manchette. Notre démocratie est malade et c’est en partie parce que la presse est en déroute. Qui profite de cette situation et s’acharne à la maintenir ? C’est le parti politique en place. La désobéissance civile est la conséquence inévitable d’un système politique répressif qui méprise la démocratie. |