Par Daniel-Jean Primeau,
Vice-président des Artistes pour la Paix
Le Québec et le Nouveau-Brunswick ont renégocié leur transaction pour des installations de production d’électricité. Bien que les deux entreprises portent le préfixe « Hydro » dans leur nom, tout n’est pas très limpide dans ces installations.
Outre les barrages, il y a des centrales de production au mazout. On sait qu’elles dégagent des gaz à effet de serre, donc qu’elles font fondre la banquise, fuir les ours blancs et peut-être provoquer des orages différents.
Mais il faudrait surtout se préoccuper de la centrale nucléaire CANDU de Pointe-Lepreau. Oh, elle ne dépose pas de suie sur les autos et le linge sur la corde, mais elle dégage quelque chose de plus subtil et dangereux, la radioactivité.
CANDU, c’est cette fière technologie canadienne qui laisse s’échapper une eau radioactive, car elle a rencontré le réacteur. Elle se dégage sous forme de vapeur, un petit peu à tous les jours, et en déversements accidentels, oups. Car on sait ce que c’est l’eau, ça s’infiltre partout, ça rend l’air humide, ça fait rouiller, c’est bu…
Ces vapeurs vont tôt ou tard pleuvoir dans le chemin de la chaîne alimentaire. Bon appétit. On ne parle pas de colorant alimentaire, on parle de radionucléides ! C’est de petites doses, mais avec des neutrons à grande énergie qui font un beau ravage dans une matière vivante, causant des cancers et des foetus ratés. Petites quantités deviendront grandes, car elles s’échappent régulièrement et se conservent durant mille siècles.
De plus, il faut savoir qu’avec l’achat de la belle centrale de Pointe-Lepreau, vient un parc de déchets radioactifs de plusieurs centaines de tonnes qui contaminent tout ce qui s’y approche. S’il y a des rats ou des mouches autour de ces déchets, ils sont mangés par leurs prédateurs et d’autres neutrons enrichiront le compost de la chaîne alimentaire: tôt ou tard, ce seront des déchets qui tuent.
Il n’y a rien à faire de ces déchets et on devra les surveiller durant… cent mille ans! (Pensez: les Pyramides d’Égypte n’en ont que cinq) Une période durant laquelle il faudra s’assurer que leur sarcophage ne laisse rien s’écouler. Ce sera surtout long de tenir les malins à distance: quelques grammes et on fait une belle bombe pour terroristes. Ce n’est pas salissant, pourtant on appelle ces armes des bombes « sales ». C’est une saleté dont on n’identifie les effets que dans les départements d’oncologie, délais d’attente… Le public mesure mal l’impact de la radioactivité sur la santé des populations. Donc peu de gens protestent. C’est compliqué le nucléaire et c’est subtil. Ça répand son miasme autour et ça ne se voit même pas, ça pète parfois, on répare pour des sommes colossales, et il faudra surveiller tout ce gâchis durant des siècles. Et ça nous coûtera des milliards en sécurité, en nettoyage, en traitements… En attendant, s’il y en a qui comprennent et s’indignent, ils peuvent aller signer la pétition sur le site web de l’Assemblée Nationale du Québec…
C’est une grave question de responsabilité que nous ne pouvons refiler aux prochaines générations. Se cacher la tête dans le sable comme l’autruche ne constitue pas une protection contre les matières radioactives. Le Québec est riche en ressources puissantes pour ses besoins énergétiques, il n’a besoin ni de Pointe-Lepreau ni de Gentilly. Et le Québec a surtout besoin des milliards qu’il y engloutirait stupidement. |