Année internationale de la biodiversité
Dix-huit ans après le Sommet de la Terre de 1992 à Rio de Janeiro, l’ONU tire de nouveau la sonnette d’alarme en décrétant 2010 Année internationale de la biodiversité. Depuis ce rendez-vous historique, les chefs d’État ont multiplié les engagements en faveur d’une réduction du rythme d’extinction des espèces et de la protection des écosystèmes. Malgré ces constats préoccupants sur le plan mondial et l’adoption d’une convention internationale sur la biodiversité, force est de constater que les résultats probants ne sont pas au rendez-vous.
Les nombreux bilans de santé de la biodiversité sont sans équivoque : la diversité biologique est érodée par les activités humaines. Selon l’Évaluation des écosystèmes pour le millénaire, qui a mis à contribution 1300 scientifiques, le rythme actuel d’extinction des espèces serait jusqu’à 1000 fois plus élevé, et ce, à cause de l’activité humaine. Le sort du tiers des espèces connues pourrait se jouer à plus ou moins brève échéance et 60 % des « écoservices », ces services rendus gratuitement par la nature et dont la valeur se chiffre en milliers de milliards de dollars, seraient en déclin. Devant cet état de fait, certains experts affirment que la « sixième extinction massive » de la planète serait en marche.
Le Québec n’a pas échappé à une vision à court terme de l’exploitation des ressources naturelles et, depuis la colonisation, la pression est forte sur la biodiversité naturelle, car la plupart de nos écosystèmes ont connu de grands bouleversements et plusieurs espèces ont fait l’objet d’une surexploitation ou ont vu progressivement leur aire de distribution s’amenuiser. À cet égard, la disparition de la tourte, un oiseau qui proliférait autrefois, est souvent citée comme un exemple éloquent d’extermination d’une espèce. Au Bas-Saint-Laurent, des espèces autrefois abondantes comme le wapiti, le caribou, le béluga ou le couguar sont disparues ou sont devenues de plus en plus rares. À ce jour, plus de 500 espèces ont obtenu ou sont susceptibles d’obtenir la reconnaissance de leur statut précaire par le gouvernement du Québec, dont 23 mammifères, 20 oiseaux, 20 reptiles et amphibiens et 392 plantes, selon le numéro du printemps 2010 du magazine Nature sauvage.
À l’heure où les changements climatiques sont très préoccupants pour la population mondiale, la crise de la biodiversité et de la protection des écosystèmes suscite moins d’attention médiatique et de sentiment d’urgence. Plusieurs experts croient que l’érosion de la biodiversité gagnerait en visibilité si elle bénéficiait d’un mécanisme international d’expertise similaire au Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (le GIEC, corécipiendaire du prix Nobel de la paix 2007 avec Al Gore). Le recours à un indicateur clé, comme la concentration de CO2 pour le climat, pourrait également favoriser une meilleure compréhension de l’aggravation de la situation.
L’Année internationale de la biodiversité représente une occasion unique de sensibiliser et de mobiliser les dirigeants mondiaux ainsi que les communautés locales, car la perte de la biodiversité est un problème dont les causes, les effets et les solutions se situent d’abord à l’échelle locale.
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Biodiversité, une crise invisible!
0Par Luce Balthazar
Directrice générale du Conseil régional de l’environnement du Bas-Saint-Laurent
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