Opinion – Pour faire suite au Congrès de l’UPA…

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Par Roméo Bouchard, coordonnateur de la Coalition SOS-Pronovost


Tout indique que les derniers jours (congrès de l'UPA, adhésion massive d'agriculteurs d'Abitibi-Témiscamingue à l'Union paysanne) viennent de faire franchir un tournant important à la réforme Pronovost.

Le ministre Lessard, en maintenant le cap sur la réforme de l'ASRA, a fait la preuve que son ministère garde le leadership des politiques agricoles et que la crise actuelle des agriculteurs est due non à la réforme de l'ASRA mais justement au régime antérieur qu'il faut corriger.

 De son côté,  l’UPA a fait la preuve que sa campagne contre le retrait des entreprises moins performantes du calcul des coûts de production servant de base aux remboursements de l’ASRA n’était qu’un prétexte pour faire déraper le Livre vert. En englobant le maintien intégral du monopole syndical et des plans conjoints dans les motifs de boycott des sentiers de motoneige, initialement limité au retrait de la coupure du 25%, les dirigeants de l'UPA ont placé les agriculteurs et leurs instances régionales dans une situation impossible et insoluble. Ce boycott est voué à l'échec: il est loin de faire l'unanimité, les agriculteurs ne contrôlent qu’une faible partie des sentiers,  plusieurs groupes de producteurs (lait notamment) et plusieurs régions se sentent peu concernés, la consigne ne sera pas suivie partout et des sentiers alternatifs s'organisent déjà: les agriculteurs vont surtout y perdre des plumes à prendre leur population en otage de cette façon. Le mécontentement des délégués au congrès était évident, mais il était trop tard pour reculer; ils en ont remis en promettant d'autres moyens de pression (blocage des ponts), mais ils cachaient mal leur déroute….

Les défections de producteurs en Abitibi, largement médiatisées, sont venues confirmer le climat de mécontentement et de division alimenté au cours de ce congrès par le nouveau mot d'ordre de boycott et le plan de réorganisation territoriale des instances de l'UPA. Cela ressemble de plus en plus à une perte de contrôle de la part de l'UPA.

La prochaine étape est la publication du Livre vert et la réunion de la Financière agricole autour du 15 décembre: tout indique que le Livre vert n'a pas été amputé et abordera de front le monopole et la mise en marché de proximité. (La  réforme de la gestion du zonage agricole semble acquise puisqu'elle n'apparaît plus dans les doléances de l'UPA). Le débat sera alors élargi au grand public et nous devrons tous y prendre part.

Le gouvernement n'a plus grand  chose à perdre et ne peut que gagner à centrer l'attention sur des projets et des réformes souhaitées par un large public.

La position de l'opposition péquiste sera à suivre, car si les députés que nous avons rencontrés fin novembre s'étaient montrés assez ouverts à la réforme (tout en ne sachant pas très bien comment affronter l'UPA), Pauline Marois et son candidat André Simard (candidat éventuel au ministère de l'agriculture) se sont collés publiquement et systématiquement à l'UPA durant la campagne électorale dans Kamouraska.

Pour le moment, je pense qu'il faut "boycotter" par tous les moyens à notre disposition la position et la désinformation de l'UPA qui prend la population en otage pour défendre un statu quo qui a conduit nos agriculteurs dans la crise actuelle. L'ASRA, même redressée, demeure un système injuste qui permet à une poignée de gros industriels d'encaisser sans limites des fonds qui devraient aller aux vrais agriculteurs multifonctionnels et de monopoliser les marchés avec leurs produits génériques et trafiqués. Comble de mépris : ce sont les petits agriculteurs des régions de motoneige qui serviront de chair à canon pour ces barons du cochon, du maïs et du Boulevard Therrien de Longueil qui ont le plus à perdre avec la mesure du 25%!

Il faut aussi nous préparer à occuper le terrain qui sera libéré par le recul des monopoles de l'UPA  en développant des formes nouvelles et plus appropriées de coopération et d'action collective. Il faut saluer en ce sens le travail persévérant de l'Union paysanne. L'heure des récoltes n'est peut-être plus si loin!

Je vous suggère d’utiliser comme outil d’information un dépliant qui explique les enjeux de la réforme et du Livre vert que vous pouvez imprimer sur la page d'accueil du site www.libererlesquebecs.com

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