Saccage écologique d’envergure à l’ombre du Parc national de conservation du Mont-Saint-Bruno

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Cher Pierre Dulude,
Canards Illimités
 
Des milliers de Montarvillois ont appris avec consternation de la bouche du maire de St-Bruno, M. Claude Benjamin, que votre organisme arrive aux mêmes conclusions que Dimension environnement dans son étude sur l’Évaluation de la qualité de dix secteurs de St-Bruno à des fins de conservation réalisée pour le compte de la Ville de St-Bruno, en 2007 (voir communiqué de la Ville, avant-dernier paragraphe).
 
Pour votre gouverne, permettez-nous de vous citer un extrait des recommandations du rapport de Dimension environnement: «… il convient de rappeler qu’une bonne partie des boisés de la ville de Saint-Bruno, probablement plus de 30% en superficie*, fait déjà l’objet de mesures de conservation. Comme on peut supposer que la responsabilité d’une ville à l’égard de la conservation des milieux naturels n’est pas illimité, il y a lieu de se demander si dans les circonstances, l’adoption d’un plan de conservation comprenant d’autres éléments que ceux qui sont, de fait, actuellement protégés par d’autres instances, est véritablement pertinente
 
Conclusion : Canards illimités endosse l’étude de Dimension environnement qui implique l’urbanisation de dizaines d’hectares d’un patrimoine naturel à tous égards exceptionnels dans le contexte montérégien.
 
*Note importante : Dimension environnement fait ici allusion au Parc national de conservation du Mont-Saint-Bruno dont la superficie, 7,9 km2, en fait l’un des plus petits du réseau québécois et pourtant, le plus fréquenté avec plus de 750 000 entrées par année. Ce parc n’est pas sous juridiction municipale. Il représente par ailleurs le seul écosystème forestier montérégien à être protégé par l’État québécois. Les pressions sont fortes sur les limites du parc du fait que St-Bruno, contrairement à Ville Mont-Saint-Hilaire, ne considère pas les propriétés privées non-construites aux limites du parc comme une zone tampon essentielle. Conséquence, la Ville a toujours permis la destruction de plusieurs boisés aux limites du parc dont le boisé Birks et le boisé Peace. La pression urbaine sur ce joyau de la biosphère des Québécois est étouffante.
 
Faits troublants :

  • Dimension environnement est une petite firme qui a fait plusieurs mandats pour les urbanistes de la firme Fahey & Ass. La firme Fahey & Ass. réalise plusieurs mandats pour des spéculateurs fonciers et des promoteurs immobiliers à St-Bruno. Une revue des procès-verbaux de la commission d’urbanisme de la Ville, entre 2006 et 2010, montre un grand nombre de requêtes de la firme d’urbanistes-conseils au nom de ses clients. Fahey & Ass. a embauché en 2006, la firme Dimension environnement au nom de son client, le promoteur immobilier et sénateur libéral, Paul J. Massicotte, pour réaliser une étude environnementale sur la propriété de sénateur, le boisé des Hirondelles (6 hectares de forêt mature faisant partie intégrante de l’écosystème forestier du mont St-Bruno)

  • En 2007, la Ville de St-Bruno a embauché la firme Dimension environnement pour faire l’Évaluation de la qualité de dix secteurs de St-Bruno à des fins de conservation dont le boisé des Hirondelles appartenant au sénateur Massicotte (délit d’initié ?). Quelques mois plus tard, la Ville de St-Bruno embauche un urbaniste conseil de la firme Fahey & Ass. pour élaborer son nouveau plan d’urbaniste. L’urbaniste en question, M. Bruno Bergeron, a comme client le sénateur Paul J. Massicotte, propriétaire du boisé des Hirondelles et promoteur du projet résidentiel, Le Jardin des Hirondelles. Ici, les hasards sont décidément trop nombreux pour croire que les actions entreprises par la Ville l’ont été en toute bonne foi.

 

  • En réponse aux questions soulevées par les citoyens lors de très nombreuses séances du conseil de ville, le maire répond enfin, le 21 février dernier, que ni lui, ni la conseillère responsable de la commission d’urbaniste, Madeleine Juhos, ne savaient que la direction générale de la Ville avait choisie la firme Dimension environnement. Prenons l’hypothèse que le maire et la conseillère l’ignoraient, pourquoi n’ont-ils pas immédiatement rejeté le rapport de Dimension environnement lorsque cette firme l’a déposé en octobre 2007 ? Et pourquoi, le maire et sa conseillère invoquent-ils toujours les conclusions du rapport de Dimension environnement pour urbaniser les seuls milieux naturels viables de St-Bruno ? Par ailleurs, le maire avouait dans une entrevue accordée au journal local, Les Versants, le 1er mars dernier, qu’il avait longuement rencontré en 2006 dans son bureau, le sénateur Massicotte, avant que ce dernier dépose son projet à la commission d’urbanisme.

  • Comment Canards illimités peut-il avaliser une telle opération de destruction des milieux naturels  (6 hectares de forêt + 39 hectares de boisé, marais et prairie humide sud 116) alors que l’organisme vient de publier une formidable carte interactive des milieux humides sur le territoire de la CMM, où l’on apprend que 80 % ont disparu sous l’implacable urbanisation et qu’il serait peut-être temps de soigner ceux qui reste comme la prunelle de nos yeux ?

  • Comment le ministère de l’environnement (MDDEP) et le ministère des affaires municipales peuvent-ils se mettent la tête dans le sable. Une plainte formelle a été déposée par le Parti montarvillois au commissaire aux plaintes du MAMROT. Le parti songe actuellement à déposer une plainte à l’Ordre professionnel des urbanistes du Québec.

  • Le 21 mars prochain, il y aura une séance mensuelle du conseil de ville de St-Bruno. Devant une salle bondée de citoyens, le maire devra répondre de ses actes. D’ici là, des centaines de citoyens attendent des explications de Canards illimités. Nous ne demandons pas à Canards illimités de s’immiscer dans les affaires locales, nous voulons éviter toutefois que l’organisme soit instrumentalisé pour avaliser la destruction d’un patrimoine naturel exceptionnel.

 
Michel Desgagné
Responsable des communications
Parti montarvillois
 
Pour Martin Murray, chef du Parti montarvillois et Michèle Archambault, conseillère municipale et seule membre de l’opposition au conseil de ville
 
 

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