Par Chantal Gailloux
Mots-clés : Assises nationales du développement durable, Développement Durable, Rio+20, Convention des Nations Unies sur le développement durable
Avec 1126 actions « durables » soumises à titre de contributions et plus d’un millier de participants sans compter les 3 000 internautes des ateliers délocalisés : « la preuve est faite », déclare Martin Malvy, président de la Région Midi-Pyrénées, en clôture des Assises nationales du développement durable (Andd) de France. « Les collectivités démontrent qu’elles sont dans le temps de l’action! », poursuit-il en expliquant que, pour efficacement procéder à la transition vers une société durable, l’État doit être décentralisé et offrir un plus grand rôle aux régions. À l’aube du 2e Sommet de la Terre de Rio (CNUDD) qui se tiendra en juin 2012, les consultations civiles qu’a tenues la France à Toulouse en octobre 2011 permettront de composer la déclaration qui sera faite dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le développement durable (CNUDD). À la différence du Canada qui tient des consultations civiles dans 11 villes à travers le pays, la France a plutôt décidé de procéder à une seule consultation centrale se déroulant sur deux jours. Abordant 14 thématiques, l’Andd pouvait être suivie en streaming sur le web, pour favoriser la participation populaire et limiter les déplacement à travers le pays. La ville de Toulouse accueillait cette année pour une troisième fois les Andd.
Le dynamisme des acteurs locaux De l’inquiétude à l’espoir, ces Assises nationales confirment que la transition s’opèrera d’abord grâce au dynamisme des acteurs locaux. Selon une enquête menée par l’Insitut CSA, 50% des Français font d’abord confiance aux collectivités locales pour affronter les enjeux environnementaux, bien loin devant les 19% d'autres Français qui placent l’État en première position. La création d’un « espace permanent de référence des initiatives qui informera et diffusera le plus largement possible les bonnes pratiques [du développement durable]à reproduire » a ainsi été proposée par Malvy, président de la région Midi-Pyrénées, au nom de l’Association des Régions de France (ARF) dont il est aussi porte-parole. Le passage du discours aux actes doit être valorisé, explique le directeur de la région Midi-Pyrénées : « Si les collectivités, les associations, [les acteurs du développement durable], ont démontré leur expérience et leur implication, dit Malvy, le problème qui demeure, c’est la reconnaissance officielle du poids de leurs actions ». Rappelant qu’il y a 20 ans à Rio, les solutions étaient attendues d’en haut, Martin Malvy a souligné l’importance du local et de l’individuel dans la mise en œuvre d’initiatives fortes : « Aujourd’hui, rien ne se fera sans que cela parte d’en bas. Le budget des Régions réservé à la durabilité et à la mobilité en témoigne. Elles y consacrent 5,5 milliards d’euros par an alors que le budget du ministère s’élève à 9,8 milliards d’euros. »
Des 14 thématiques déclinées en ateliers de discussion, la transition énergétique est peut-être l’une des thématiques les plus globales et qui fait le moins consensus. « La transition énergétique n’est pas un problème technique, mais un problème politique », affirme Catherine Le Tyrant, mairesse de Montdidier, qui est la première ville de France à être propriétaire d’un parc éolien. « N’importe quelle commune peut amorcer la transition énergétique et ce, même demain! Il suffit d’en avoir envie », dit la mairesse. Situé en Picardie, à 106 km au nord de Paris, le parc éolien public de la ville de Montdidier compte pour l’instant quatre éoliennes de 8 MW, produisant annuellement la moitié de la consommation électrique de la ville. La Régie Municipale de Montdidier, étant propriétaire de ses propres installations, remet ainsi directement les retombées économiques de l’installation à sa population. Dans quatre ans, en 2015, la transition énergétique de la ville devrait être terminée; Montdidier devrait être complètement autonome et devrait même être en mesure d’ici 2020 de réinjecter 2800 MW dans le réseau d’EDF, le distributeur d’électricité français.
Chercher le consensus social Au-delà de cet exemple réussi de transition à l’échelle de la ville, les moyens à préconiser, les énergies à valoriser ne font pas l’unanimité. Certains, comme Gérard Poujade, maire de la ville de Séquestre et président de l’Association régionale pour l’environnement (ARPE) de Midi-Pyrénée de formation ingénieur spécialisé en biomasse et en nucléaire, croient à l’omnipotence de la norme. D’autres, comme la mairesse de Montdidier Catherine Le Tyrant, croient à la volonté politique et à la concertation.
Tous s’entendent toutefois sur les énergies à bannir : le pétrole et le nucléaire. Au fil des interventions aux Andd, il a d’ailleurs pu être constaté que la sortie du nucléaire n’est plus une question, mais bien une nécessité envisagée par tous les intervenants; la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon aura tout au moins eu le bénéfice de désacraliser le sujet de la sortie du nucléaire en France.
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