Lettre ouverte de Luc Beaudoin

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Comme vous le savez sans doute, des policiers sont intervenus le jeudi 27 octobre 2011, dans le secteur de Masson-Angers à Gatineau, en réponse à un appel qui faisait état de deux bœufs menaçants pour la population qui se promenaient librement sur la voie publique. L’appel a été reçu à 12 h 22. Une heure plus tard, soit vers 13 h 27, l’un des bœufs a été abattu par des policiers, près d’un champ, à la hauteur des chemins de la Rive et du Quai. À 14 h 8, les policiers ont abattu la deuxième bête.

Considérant l’ampleur qu’a prise, au cours des derniers jours, la diffusion sur Internet d’une vidéo impliquant des agents du Service de police de la Ville de Gatineau, la direction du service désire faire une mise au point.
Pourquoi les policiers n’ont-ils pas utilisé des tranquillisants? Pourquoi ne pas avoir fait appel à des agents de la faune ou des services animaliers? Pourquoi ne pas avoir simplement barricadé les bœufs? En quoi ces animaux, qui semblent inoffensifs et seulement apeurés à première vue, étaient-ils dangereux pour les citoyens? Toutes ces questions sont légitimes.

Nous sommes conscients que le contenu de la vidéo, qui dure 77 secondes, laisse entrevoir une scène devant laquelle il est difficile de demeurer impassible. Toutefois, cette vidéo ne rend pas compte de la réalité de l’intervention qui s’est échelonnée sur plus d’une heure. Une heure durant laquelle les policiers ont contacté les agents de la faune qui, malheureusement, n’ont pu nous porter assistance. Une heure durant laquelle les agents ont collaboré avec le propriétaire et d’autres éleveurs de bovins et agriculteurs qui sont venus leur prêter main-forte afin de tenter de calmer les animaux et les isoler dans un endroit sécuritaire ou les faire remonter dans la remorque. Une heure durant laquelle les diverses tentatives ont échoué et au cours de laquelle l’animal, qui peut ne pas sembler dangereux aux yeux de témoins qui n’ont pas assisté aux 60 minutes précédentes, a chargé les véhicules, déplacé une remorque par sa seule force physique et a réussi à s’enfuir de nouveau, et ceci, en pleine ville, près d’une école et de voies publiques achalandées. Quelles auraient pu être les conséquences si les policiers n’avaient pas abattu les bêtes? Si un de ces animaux pesant environ 1,5 t avait foncé vers la cour d’école ou s’était retrouvé sur l’autoroute 50?

Nos policiers sont formés pour protéger la population. Ils sont professionnels et effectuent plus de 75 000 interventions policières annuellement. Même si aucun d’eux ne souhaite voir souffrir une bête, c’est la sécurité de la population qui prime d’abord et avant tout. Dans le respect de nos valeurs et de notre mission, une décision devait être prise pour protéger les citoyens et agir en toute sécurité. Cette décision a été prise en collaboration avec des éleveurs de bovins et des agriculteurs qui connaissent la dangerosité de ces animaux et étaient à même de juger des risques réels de la situation.

À la suite de cette intervention, le Service de police de la Ville de Gatineau a déclenché une enquête administrative, une procédure habituelle lorsqu’un policier utilise son arme de service. De cette enquête émaneront des recommandations que nous étudierons avec toute la rigueur nécessaire, car nous avons tous des leçons à tirer de cet événement malheureux.

En terminant, je tiens à réitérer la confiance de la direction du Service de police de la Ville de Gatineau envers les agents qui ont eu à faire face à cette situation et qui ont, comme l’exige leur mission, priorisé la sécurité des citoyennes et des citoyens de Gatineau.

Luc Beaudoin
Directeur adjoint des opérations policières
Service de police de la Ville de Gatineau

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