Travailler avec honnêteté et transparence en collaboration avec les communautés locales et déployer tous les efforts nécessaires pour obtenir une acceptabilité sociale claire doivent devenir des priorités pour la compagnie Bowmore Exploration. C'est le message que lance le comité citoyen Mine de rien, qui considère que la compagnie est loin d'obtenir les conditions favorables à l'implantation de son projet en Estrie. En l'absence d'une communication constructive entre les élus locaux et la compagnie, le comité citoyen interpelle directement les actionnaires de la compagnie pour que ceux-ci rappellent à ses dirigeants leur devoir moral envers les citoyens. « Les actionnaires doivent rester conscients des conséquences de leurs investissements sur la vie des populations qui héritent de projets miniers sous l’égide d’une loi trop permissive. Ils doivent en outre connaître le manque de transparence avec lequel les choses se passent sur le terrain, une réalité parfois bien différente de celle annoncée dans les communications officielles. Le cas des citoyens de Malartic encore aujourd’hui laissés à eux-mêmes est un bon exemple de cette dichotomie entre les discours et la réalité », indique Nicolas Soumis, co-porte-parole du comité.
C'est par une recherche sur Internet que les citoyens ont pris connaissance des résultats des premières carottes prélevées sur le territoire au printemps dernier. Pourtant, Paul Dumas, le président de l'entreprise, s'était personnellement engagé à tenir la population informée. « Nous avons vraisemblablement affaire à une entreprise pour qui la communauté locale est un simple paramètre parmi d'autres dans l'évaluation du potentiel minier. Ce n'est pas de cette manière que les actions de l'entreprise vont fructifier… », considère Joël Nadeau, co-porte-parole de Mine de rien. Sur le terrain, on peut constater que l'absence de communication entre l'entreprise et les citoyens favorise les rumeurs, la suspicion et l'inquiétude. Les difficultés d'une entreprise à obtenir l'approbation de la communauté ont des conséquences réelles sur sa capacité à réaliser un projet de même que sur la valeur de ses actions. Les investisseurs doivent, dans leur propre intérêt, en être conscients.
« On se sent victimes d’une sorte de campagne de relations publiques où la compagnie ne fait que redorer son image aux yeux des médias et de ses actionnaires, tout en nous maintenant dans le vague lorsqu’il est question d’informations vraiment pertinentes. Quand on considère que nous devons constamment débusquer l’information nous-mêmes, on se dit que l’industrie minière n’est pas prête d’abandonner ses bonnes vieilles façons de faire où tout se fait en secret, à l’insu des citoyens qui subiront un jour les conséquences de ces projets, » d’ajouter Nicolas Soumis.
Au moment où le gouvernement s'entête à maintenir une proposition de refonte de la Loi sur les mines jugée insuffisante par un nombre important de regroupements citoyens, le comité Mine de rien invite les actionnaires à faire pression sur le gouvernement québécois pour que la loi encadre davantage l'industrie minière, dans un esprit de protection de l'environnement et des communautés, et que le système de redevances soit bonifié. « Si on considère un jour que la loi encadre adéquatement cette industrie, nous serons plus réceptifs à ce type de projet sur notre territoire. Je suis persuadé que les actionnaires sont prêts à ce type de concession, et il est temps pour eux de manifester leur ouverture à cet égard. C'est une question d’éthique et la seule manière d'assurer une cohabitation harmonieuse avec les communautés et un développement durable », lance Joël Nadeau.
Le comité Mine de rien réitère son avertissement lancé à l'entreprise l'hiver dernier : « Nous sommes ouverts au développement minier sur notre territoire, mais tant que la Loi sur les mines ne nous protègera pas adéquatement et tant que la compagnie ne se décidera pas à travailler réellement de concert avec la communauté locale de manière transparente, nous allons tout faire pour bloquer ce projet sur notre territoire ».