Par Catherine Gauthier
Jeudi matin, j’ai eu l’opportunité de rencontrer les délégués québécois, dont le sous-ministre adjoint aux changements climatiques, à l’air et à l’eau. Le Québec souhaitait prendre le temps de rencontrer les étudiants de la Délégation de l’Université de Sherbrooke dont je fais partie dans le but de discuter de nos projets de recherche respectifs. Pendant une heure, notre petit groupe a pu partagé l’avancement de nos recherches et faire part de certaines recommandations au gouvernement. Parmi celles-ci, j’ai proposé au Québec d’initier un dialogue avant la conférence des parties avec la société civile québécoise afin de définir la position québécoise lors des négociations internationales sur le climat. Les délégués du Québec se sont montrés très ouverts à cette idée de même qu’à plusieurs autres suggestions que nous avons faites.
Oh Canada…Contrairement aux délégués québécois, le ministre canadien de l’Environnement, Peter Kent, ne s’est pas montré tout à fait enthousiaste vis-à-vis à la société civile. Après avoir demandé à maintes et maintes reprises une rencontre avec le ministre canadien, les organisations environnementales et de la jeunesse ont finalement réussi à obtenir 30 minutes dans l’agenda de Kent. Après avoir repoussé la rencontre d’une heure et à la dernière minute, j’ai pu rencontré Peter Kent, accompagné de quelques membres de la délégation canadienne. Les organisations de la société civile s’étaient entendues pour présenter des messages adressés au ministre de la part d’un expert du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) et de personnes affectées par les changements climatiques. J’ai pour ma part parlé au nom de Mima Mendoza des Philippines. En raison du réchauffement planétaire, le pays est de plus en plus ravagé par les typhons et les tempêtes tropicales, ce qui a pour conséquence une migration forcée et, malheureusement, un nombre grandissant de décès. En réponse à ces témoignages, le ministre canadien de l’Environnement n’a rien apporté de nouveau. Lors de cette rencontre, il a rappelé les engagements du Canada dans le financement à court terme, alors qu’on parle déjà du financement à moyen et long terme. La position canadienne à Doha est pour le moins décevante. Selon les documents d’Environnement Canada, on fait référence à la limite du 2°C comme un objectif à long terme, alors qu’il s’agit d’une cible urgente et à court terme. Par ailleurs, alors que les pays se sont entendus à Doha sur la nécessité d’avoir des engagements adéquats et à court terme pour le financement du Fond vert pour le climat, le Canada propose plutôt d’inclure la question du financement dans un futur accord qui devrait inclure des cibles d’atténuation pour TOUS les grands émetteurs. En d’autres mots, le Canada reporte à plus tard le financement, sachant pertinemment qu’un accord comprenant les pays émergents sera difficile à atteindre. En plus de reporter sa contribution financière jusqu’à ce qu’un nouvel accord soit signé, le Canada va encore plus loin en exigeant que tous les pays riches tels que la Chine, l’Inde et le Brésil, s’engagent eux aussi à réduire leurs émissions. Dans ses documents, Environnement Canada présente aussi les efforts canadiens pour réduire les émissions des plus grands secteurs émetteurs, dont ceux du pétrole et du gaz naturel. Or, les émissions des sables bitumineux augmentent drastiquement, et il n’y a toujours aucune politique fédérale en vigueur pour réduire la pollution des secteurs gaziers et pétroliers. Bref, le Canada n’a rien fait de substantiel pour réduire ses émissions, mais promet de le faire à un moment donné dans l’avenir… autant dire adieu au Canada, du moins aux négociations de Doha.
Note : Les propos et opinions exprimées ci-haut n’engagent que son auteur. Source: Ce texte a d’abord été publié sur le site d'ENvironnement JEUnesse. |