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Suite à l'annonce du gouvernement Marois de tenir une enquête administrative sur l'achat de l'abattoir Levinoff-Colbex, le Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA) tient à rappeler que la vente de l'abattoir à la Fédération des producteurs de bovins du Québec (FPBQ) en 2005, découlait des demandes et des pressions imposantes de l'Union des producteurs agricoles (UPA) et de ses fédérations en pleine période de crise de la " vache folle ".
Pour le président du CEA, Jacques Cartier : « Voilà un exemple marquant de dérive majeure découlant de l'action d'un monopole syndical possédant une position dominante. Il en coûte aujourd'hui très cher aux contribuables québécois, aux producteurs de bovins qui doivent continuer de payer pour un abattoir fermé, ainsi qu'aux travailleurs qui ont été licenciés. »
Rappelons qu'à l'époque, un producteur d'Hébertville au Saguenay-Lac-Saint-Jean avait tiré au fusil une vache à bout portant et ce, devant des caméras, pour protester contre la lenteur du gouvernement Charest. Lors du congrès de l'UPA de décembre 2004, les congressistes avaient interrompu le discours de la ministre et avaient livré un cercueil symbolisant " la mort lente de l'agriculture et la faillite des producteurs ".
L'achat de Levinoff-Colbex par la FPBQ quelques mois plus tard, avec l'aide financière du gouvernement du Québec, avait donc été qualifié de mission accomplie par les présidents de l'UPA, de la FPBQ et de la Fédération des producteurs de lait du Québec (FPLQ). Laurent Pellerin, président de l'UPA, qualifiait cette acquisition « d'un autre exemple où l'action syndicale a porté ses fruits ». Michel Dessureault, président de la FPBQ évoquait quant à lui « toute sa fierté d'avoir réussi à finaliser cette transaction déterminante pour l'avenir des producteurs ».
Quant à Marcel Groleau, président de l'époque de la FPLQ et actuellement président de l'UPA, il a encore invité les délégués à investir dans le plan de relance de l'abattoir, lors de l'assemblée générale des producteurs de lait d'avril 2012, et ce malgré le désastre financier qui allait conduire à sa fermeture complète à peine un mois plus tard.
« Bien sûr, tout le dossier Levinoff-Colbex mérite une enquête. Cette enquête doit cependant être publique et s'intéresser à tous les acteurs au dossier, dont le rôle joué par le monopole syndical (UPA) et ses fédérations dans le cadre de l'acquisition, puis ensuite dans la gestion de l'abattoir », souligne M. Cartier.
En effet, plusieurs producteurs, et spécialement ceux membres de l'Association de défense des producteurs de bovin du Québec affiliée au CEA et présidée par M. Adrien Breault, ont décrié le manque de transparence de leur Fédération dans le processus d'achat et la gestion des activités de l'abattoir. À cela s'ajoutent les rumeurs de vente de viande au noir et de favoritisme quant aux prix versés aux producteurs (certains auraient reçu plus que le montant prévu).
C'est notamment pour se préserver de pareil fiasco dans l'avenir que les quelque 2 500 agriculteurs membres du CEA demandent au gouvernement de modifier la Loi sur les producteurs agricoles du Québec afin de mettre fin au monopole syndical de représentation, de donner à chaque producteur la liberté d'adhérer et de cotiser à l'organisme accrédité de son choix.
« Tant que ce changement ne sera pas fait, le monopole de l'UPA aura tout le loisir de continuer à presser le gouvernement dans des gestes improvisés et à risque pour les contribuables québécois, tout en étant en mesure de puiser sans fin dans les poches des producteurs agricoles qui sont obligés de contribuer de par la loi », de conclure M. Cartier.
Source: Conseil des entrepreneurs agricoles