Photo de l'ABAT |
La ministre des Ressources naturelles, Martine Ouellet, doit déposer cette semaine un nouveau projet de loi sur les mines, après deux tentatives infructueuses de la part du Parti libéral. Considérant la position minoritaire du gouvernement Marois, l’Action boréale de l’Abitibi-Témiscamingue (ABAT) redoute qu’à l’instar de la réforme sur les redevances minières, cette troisième mouture ne soit diluée pour contenter tout le monde et son père. Son père étant bien sûr l’industrie minière.
Depuis sa création, l’ABAT bataille ferme pour la création d’aires protégées. Or, en Abitibi, les droits miniers, couvrant autour de 40% du territoire, demeurent un obstacle majeur à la sauvegarde de notre patrimoine écologique. Un obstacle béton coulé dans le principe du libre accès aux ressources minérales, ou free mining. « Le Parti québécois aura-t-il le courage, par son projet de loi, d’abolir cette entrave majeure à la gestion démocratique de notre territoire? » se demande Henri Jacob, président de l'ABAT.
L’Action boréale est d’avis qu’un système plus équitable devrait être mis en place afin de permettre un juste équilibre entre développement et conservation. D'après le groupe écologiste, chaque portion de territoire grevé d’un droit minier devrait faire l’objet d’une analyse afin d’en déterminer les autres potentiels, qu’ils soient agricoles, écologiques ou autres. On peut citer par exemple le potentiel agricole dans le secteur de Launay (projet Royal Nickel), les marais de la rivière Piché exclus de l’aire protégée Piché-Lemoine par l’industrie minière et d’autres secteurs méritant d’être protégés tels que Kanasuta et Kékéko. « Encore là, le projet de loi de Martine Ouellet aura-t-il suffisamment de dents pour permettre la révocation de titres miniers dans les cas où la préservation de la biodiversité l’emporte nettement sur le profit à courte vue? » questionne Doris St-Pierre, membre du conseil d'administration de l'ABAT.
L’ABAT revendique aussi depuis longtemps la mise en place d’un fonds d’aide juridique qui permettrait aux citoyens affectés par un projet minier de se prévaloir d’une contre-expertise face aux promoteurs miniers et au ministère des Ressources naturelles.
Une autre demande historique de l’ABAT est l’obligation de restauration totale qui devrait être faite à tout projet minier, y compris les fosses à ciel ouvert.
L’ABAT souhaite vivement une véritable réforme de l’archaïque Loi sur les mines et l’abolition pure et simple du principe du free mining. À cet égard, la Cour d’appel du Yukon vient d’ouvrir une brèche en remettant en cause la constitutionnalité de ce principe. « Dans la foulée de cette décision, l’Action boréale pourrait envisager une poursuite semblable devant les tribunaux québécois » soutient Henri Jacob.
Source: Action boréale en Abitibi-Témiscamingue